Veillée nocturne (libre)

Invité

Périmètre extérieur de sécurité, poste d'observation n°7, 23h52

Ce soir-là, le ciel était plutôt voilé, on percevait à peine la Lune dans son troisième quartier perçant à travers la couche nuageuse, faible raie de lumière blafarde qui balayait de temps à autres les ruines de Détroit. Cette atmosphère rendait le travail des gardiens des plus ambigües car dans un sens, l'absence de la clarté de le Lune réduisait de beaucoup la luminosité et la portée de la vision mais d'un autre côté, cela rendait plus facile la perception de toutes sortes de lumière d'origine électrique ou combustible, ce qui incluait les lampes des machines. Ce soir, une chose était sûre: on allaient les voir venir...

Joshua se tenait dans le poste d'observation n°7, seul après avoir pris la relève de l'équipe de jour et en attente d'un possible partenaire de veillé lorsque les planning seraient mis à jour. Il se tenait dans les ombres, à l'abri derrière un mur de béton, une paire de jumelles posées sur le sol non loin de quelques caisses qui servaient de mobilier et de rangement. Un thermos de café et deux tasses en étain reposaient sur une caisse métallique qui avait autrefois contenu des munitions et qui à présent servait de rangement pour le matériel d'urgence: des fusées éclairantes, quelques éléments de premier secours et de vieilles rations de survie de l'armée, des trucs immangeables mais qui ne périssaient jamais... ou peut-être l'était-elles déjà et que c'était là le secret de leur conservation.
Vêtu de son habituelle veste noire, portant un pantalon de treillis et un pistolet-mitrailleur en bandoulière, Joshua se tenait contre le mur, dans l'angle de ce qui avait été autrefois un salon, afin de pouvoir garder un œil sur les deux côtés de la rue et d'être face à quiconque allait le rejoindre par l'intérieur de l'immeuble.

En attendant un hypothétique soutien avec qui discuter dans le froid de la nuit, il contemplait les ruines alentours encore et toujours, tentant de se remémorer ce qu'il en était avant l'Apocalypse, avant que Skynet ne déchaîne la folie de la guerre sur leurs têtes. Il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui avait été fait depuis pour contrer Skynet, toujours avec des échecs retentissants à la clé et cela l'amenait alors immanquablement à penser à ce qui avait précédé tout ce foutoir, à la montée en puissance de Skynet qu'il avait vu arriver de l'intérieur, ce sentiment diffus comparable à la paranoïa qui l'avait saisi lorsqu'il avait commencé à être espionné par le réseau lui-même. Auraient-ils pût faire plus ? Avait-ils eût seulement une chance de contrer le programme avant que celui-ci ne dérape ?

Joshua se plongeait dés lors dans ces sombres pensées, ruminant dans sa barbe des événements vieux d'une décennie, oubliant pour un temps les malheurs actuels pour revenir à des malheurs passés...

Périmètre extérieur de sécurité, poste d'observation n°7, 00h21

Alicia tournait en rond depuis déjà plusieurs heures et elle n'en pouvait plus. Elle ne trouvait pas le sommeil sans cesse alpaguer par d'horribles cauchemars et un tour à l'extérieur de la base lui aurait fait le plus grand bien. Mais c'était hélas impossible depuis que la base était assiégée. Aucun d'entre eux ne pouvait sortir ou même rentrer. Du coup, certains des leurs étaient dehors et restaient cachés. Les prochains jours allaient être d'autan plus difficile pour eux que leur stock de nourritures et de munitions allaient en s'amenuisant et qu'il ne fallait surtout pas qu'ils se fassent remarquer sous peine d'être à leur tour découvert et tués. Alicia ne supportait plus cette situation et les gens avec qui elle aurait pu parler était tout aussi de mauvaises humeurs qu'elle. Il fallait qu'elle prenne l'air. Il fallait qu'elle respire à nouveau un air frai et qu'elle sente le vent sur son visage. Elle quitta ses quartiers et parcourut de nombreux couloirs sombres et humides. Ce qu'elle y vit lui rappela à nouveau les temps qui avaient précédé le début de la 3 Guerre Mondiale, tout ces gens perdus, désespérés et entassés dans ses souterrains. Elle ne supportait plus de les voir partout où elle allait, elle n'arrivait pas à les effacer. Elle accéléra le pas et traversa la moitié de la base avant de de pouvoir enfin apercevoir le poste d'observation numéro 7.

Evidement, celui-ci était occupé. Tous les postes d'observations étaient occupés à toutes heures de la journée pour plus de sécurité. La relève de nuit devait juste de ce faire et l'occupant du poste ne lui était pas inconnu. C'était Joshua Reilly, l'homme qui avait crée son unité, les Black Snake, elle l'avait vu plusieurs fois dans la base mais elle ne lui avait jamais parlé. Il ne dirigeait pas les Black Snake mais faisait parti des Green Bear alors elle n'avait jamais eu l'occasion de lui toucher deux mots. Normalement il n'aurait pas du être seul ici, les postes d'observation devait contenir deux résistants minimum. C'était surtout pour éviter que la personne en charge de la surveillance s'endorme mais également pour avoir de la compagnie. Ici, c'était toujours mieux d'avoir quelqu'un à qui parler. Même si ça signifiait s'attacher à une personne qui risquait probablement de mourir et vous causer de nouvelles souffrances. Du moins c'est ainsi qu'elle le voyait.

-Excusez-moi, ça ne vous embête pas que je reste un peu avec vous ?

Sans vraiment attendre de réponse, Alicia s'avança vers lui et servit une tasse de café dans l'une des deux tasses en étain posées sur la caisse métallique. Elle esquissa un sourire et bu une gorgée avant de se rapprocher du mur et d'inspirer l'air plus ou moins pur qui les entourait. Elle avait déjà beaucoup moins chaud et la sensation d'étouffement l'avait quitté. Si elle avait pu, elle aurait été beaucoup plus loin, dans une forêt par exemple mais c'était impossible. Elle rouvrit les yeux et bu une nouvelle gorgée de café avant de se tourner vers Joshua. Elle n'avait pas spécialement de chose à lui dire mais puisqu'ils étaient tous les deux là autant profiter de la situation pour parler un peu. Elle espérait qu'elle ne le dérangeait pas, après tout il était seul avant qu'elle arrive et il avait peut être eu l'intention de le rester toute la nuit avant son arrivée. Elle le détailla un peu plus et fut surprise de le trouver si similaire à elle. Non pas physiquement non, il était aussi blond qu'elle était brune, mais dans ses expressions. Il paraissait dur, soucieux, renfermé sur lui-même. Mais peut être le paraissait-il seulement.

-Tout paraît si calme ici. Et pourtant...

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[désolé, peu de temps donc un peu au compte-goutte]

Joshua l'avait entendue et vu arriver, avait laissé cette jeune femme se rapprocher à pas feutrés. Elle prenait ses précautions, non pas dans le but de le surprendre mais simplement pour ne pas alerter l'éventuel capteur d'un éventuel drone de Skynet. Voilà à quoi ils en étaient réduits, à ne plus pouvoir faire de bruit dans leur propre cité, chassé comme des rats, obligés de se cacher dans les murs...
Il la laissa approcher sans mot dire, l'observa à la dérobée tout en gardant une veille constante sur les rues en contrebas ne pouvant se permettre de relâcher son attention. Il ne la reconnaissait pas mais cela était régulier, il avait déjà vu tant de visage qu'un de plus ou un de moins perdu dans la masse ne l'affectait désormais plus. Il n'en perdit cependant pas l'habitude de la détailler, des traits fins et réguliers, elle avait dût être une belle femme selon les standards d'avant Skynet mais à présent ils étaient tous des bêtes traqués et chaque jour le vernis de civilisation qu'ils s'imposaient disparaissait et sous peu, la prochaine génération ne s'en embarrasserait même plus.

Il la regarda se servir un café sans rien dire, après tout, elle en avait bien le droit et c'était peut-être là le seul luxe qu'il pouvait bien rester aux Green Bear et Black Snakes c'était l'accès aux réserves de café pour pouvoir tenir lors des longues veilles de nuit. A l'heure actuelle, ils ne risquaient pas les pénuries avec tout les stocks récupérés dans Detroit et les environs ou du moins pas avant quelques années mais si la situation perdurait, cela risquait bien d'arriver. Il ne préférait pas engager la conversation, préférait la laisser commencer lui-même ayant l'humeur plutôt sombre, il craignait de ne pas être d'une très bonne compagnie en cette nuit.

-"Oui, tout paraît calme ce soir, on entend à peine le bruit des propulseurs des patrouilleurs dans le lointain. Je pense que cette soirée se passera sans alerte. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille relâcher notre vigilance..."

Son ton était las, fatigué, sa voix s'était faite plutôt sourde par habitude. Il se décrocha du mur d'une bourrade de l'épaule, reprenant en main son pistolet mitrailleur et se rapprocha d'elle pour venir s'asseoir non loin des caisses de matériel. Il se servit lui aussi un café avant de jeter un autre coup d'œil par la fenêtre et en contrebas puis se tourna vers elle. Visiblement, son équipier du soir n'était pas encore là et peut-être mettrait-il du temps à ramener sa paire de fesses. Alors autant en profiter pour discuter à bâtons rompus.

-"Hé bien mademoiselle, qu'est-ce qui vous amène ici à cette heure de la nuit ? Du mal à dormir ? En même temps, c'est pas rare de nos jours mais vous devriez vous forcez. Qui sait quand est-ce que vous pourrez avoir besoin de toutes vos forces..."

[ Pas grave ^^ autant éviter de tourner à l'usine ]

Joshua avait compris son ironie face au silence et lui avait répondu que cette soirée se passerait sans doute sans alerte. Bien entendu, il ajouta que cela ne les dispensait pas de vigilance. Mais cette précision était inutile, chaque survivent avait appris à rester sur le qui vive 24h/24h quand bien même la journée lui aurait paru clémente. Cela dit, se le rappeler régulièrement ne faisait pas de mal. Pour certain, cela devenait même nécessaire car beaucoup commençait à baisser les bras. Après 10 ans de guerre incessante, au delà de la fatigue, l'esprit s'épuisait. La semaine dernière encore, Alicia avait vu l'un d'entre eux se jeter sur les machines, du moins c'est ce qu'elle avait cru voir. Il avait arrêté de se battre, l'avait regarder, et avait couru droit sur les patrouilleurs. Elle était resté interdite quelques instants, elle n'avait pas vraiment connu cet homme mais on disait de lui qu'il était un vrai guerrier, qu'il se battrait jusqu'à son dernier souffle. Alors si même les plus courageux ne tenait plus le choc, qui donc en serait capable ? Elle n'avait parlé à personne de ce qu'elle avait vu cette nuit là. En réalité, elle espérait l'oublier, peut être que si elle n'en disait rien, alors ce serait comme si rien de tout cela ne s'était passé. Le green l'interrompit dans ses pensées pour lui demander ce qu'elle faisait ici à cette heure. Elle aurait du dormir et il comprit bien qu'elle n'arrivait tout simplement pas à trouver le sommeil bien qu'elle aurait du essayer encore.

-Lorsque je dors je fais des cauchemars, et je me réveille bien plus fatiguée qu'avant que je ne me sois couchée, et bien plus encore que si je n'avais pas fermé l'œil. Alors je veille. Et je sais bien que c'est très mauvais de se priver de sommeil. Mais les médicaments manquent alors je les laisse pour ceux qui en ont réellement besoin. Et je sais bien que quand je serais à bout de force, je finirais par m'endormir et je serais si fatiguée qu'aucun cauchemars ne pourra me saisir cette nuit là. Mais vous, qui me faîte la leçon, je suis persuadé que vous êtes dans le même cas que moi, que nous tous. Vous êtes partout à la fois, quand dormez-vous ?

Elle savait déjà la réponse à la question. Jamais. Il ne devait même pas se rappeler la dernière fois qu'il avait réellement dormis. Ils étaient tous pareil ici. Elle jeta un œil sur lui et vit qu'il s'était assis à quelques pas d'elle sur une des caisses et qu'il s'était servi un café. Il allait en avoir besoin pour tenir tout au long de cette nuit. Surtout si son coéquipier ne se montrait pas. Mais de toutes les façons, il se pourrait bien qu'elle reste ici jusqu'à l'aube, à ce moment là, la relève prendrait leurs places. S'en suivrait alors pour eux une journée de travail acharné, de plan à escamoter et de piège à déjouer. Drôle de routine...

Invité

[désolé de cette absence mais mon disque dur a grillé donc = attendre la fin du mois pour en acheter un nouveau]

Joshua continuait de fixer les alentours, à la recherche de quelque chose mais il ne savait trop quoi. Peut-être simplement la recherche d'une lueur d'espoir, de quelque chose qui lui donnerait un nouveau souffle, une nouvelle envie de se battre et de dépasser la résignation qui commençait à gagner tout un chacun.
Mais pour l'heure, il ne voyait pas de lueur l'horizon si ce n'est celle lugubre des réacteurs de suspensions des patrouilleurs robotiques de Skynet.

Joshua but dans sa tasse de café et sentit le goût amer et horrible de ce café noir et corsé, l'arme ultime du veilleur de nuit car il était humainement impossible de s'endormir avec un tel arrière-goût dans la bouche. Il reposa sa tasse en faisant la grimace, mais à présent il avait les idées plus claires, surtout à cause du fait que l'horrible goût avait chassés ses noires pensées. Après tout, comment être encore capable de s'inquiéter pour la fin du monde quand il faut d'abord se préoccuper de savoir si l'on sera encore capable d'avaler quelque chose sans cette arrière-goût huileux le lendemain ?

Joshue reporta ensuite son attention sur la jeune femme et vit que ses traits étaient en effet tirés, sa peau pâle, le manque de sommeil comme elle le disait et cela il n'en doutait. Il eût un sourire lorsqu'elle parla de lui et de sa légende, surtout celle qui le comparait une machine car personne ne le voyait jamais dormir. Ce n'était pas faux cela dit... Il haussa les épaules et afficha un léger sourire avant de prendre la parole, laissant le temps à chacun de ses mots de faire son petit chemin.

-"Ce n'est qu'une légende. Bien évidemment qu'il m'arrive de dormir, et souvent même profondément. Seulement, quand je dort, personne ne le voit c'est tout. Pas besoin de médicaments et comme vous le dîtes, l'épuisement suffit et ce ne sont pas les activités éreintantes qui manquent dans cette base... Et les cauchemars sont notre lot quotidien, après tout. Ne vivons-nous pas dans le plus grand d'entre eux ?"

Joshua passa la main dans ses cheveux et sur son visage pour effacer les dernières rides de soucis.

-"Mais ce n'est pas là un sujet qui convient pour rester éveillés. Qu'avez-vous à m'apprendre sur les dernières activités des Snakes ? Dernièrement, j'ai eût suffisamment à faire dans les défenses de la base pour ne pas avoir à m'en soucier. Mon remplaçant tient-il la route ?"

[^^Le mien était plein ! J'en ai racheté un d'1T !]

Alicia sourit à la question que lui posait Joshua. Est-ce que son remplaçant tenait la route ? La question ne devait même pas être posée lorsque l'on parlait d'Aaron Everett ! Mais peut être qu'elle était aveuglée par ses sentiments envers lui pour penser que rien ni personne ne pouvait l'égaler. Elle laissa son esprit divagué et commença à se remémorer les traits de celui qui donnait un peu d'espoir à sa vie. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Pourtant tous confiner à l'intérieur de la base, les Black Snake ne s'étaient pas réunis depuis un nombre incalculable de jours. Chacun de son côté et bien occupé. Enfin, disons simplement qu'ils essayaient au grand maximum d'occuper leurs journées. Quitte à travailler 24h/24h et 7j/7j. C'est ainsi qu'elle n'avait pas revu Aaron depuis au moins 1 bon mois, en ne comptant pas les fois où elle l'avait simplement croisé. Et elle devait avouer que son chef lui manquait, son visage, sa voie, ses yeux, sa façon d'être en général, tout. Alors quand quelqu'un lui parlait de lui, elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Arrêtant là la dérive, elle répondit à la question posée par Joshua :

-Oh oui ! Il la tient la route, il n'y a pas de soucis à se faire là-dessus ! Il est parfait...

Il était actuellement...mais l'avait-il toujours été ? Alicia n'en savait rien, et Aaron ne le savait pas plus qu'elle. Il ne se souvenait de rien. Il ne savait pas qui il était. Personne ne le savait. C'est peut être là que tout avait commencé. Son histoire l'avait intrigué, elle s'était raccrochée de lui comme à un aimant. D'un côté elle l'enviait de ne pas se souvenir de ce qu'avait été sa vie avant la grande dévastation, il n'avait pas à regretter tout ce qu'avait été le monde, à se demander ce qu'il serait advenu de lui, s'il aurait réalisé ses rêves. Il n'aurait pas à vivre avec la mort des gens qui avaient côtoyé sa vie, à pleurer femme et enfants. De l'autre, il ne pouvait que souffrir de cette absence de vie, ce vide de plusieurs années. Avait-il une femme ? Des enfants ? Étaient-ils en vie ? S'ils croisaient l'un des siens dans la rue, le reconnaîtrait-il ? Tant de questions sans réponses qui faisait D'Aaron Everett ce qu'il était. Que serait-elle devenue si elle avait perdu la mémoire ? Serait-elle différente de ce qu'elle est aujourd'hui ? Assurément. Sans doute ne serait-elle pas hanté par ces cauchemars, par toutes ses images de guerres, d'atrocités, de mort, de haine... Oui, sans doute serait-elle différente aujourd'hui. Mais en voyant Aaron Evertett tout les jours, elle savait bien qu'il n'y avait rien à envier, parce que vivre en ne sachant pas qui l'on est, ce n'est pas vivre. Certains d'entre eux souhaiterait effectivement de plus vivre, ils envient les mort, plus particulièrement ceux qui sont parties bien avant le début de tout ça. Ceux qui n'ont jamais ne serait-ce qu'entre-aperçu les prémices de la guerre. Elle-même y avait pensé, il y a quelques temps, mais avec le temps, on s'y fait. Avec le temps, on s'y fait...

-Et vous ? Que faîtes-vous depuis que vous avez quitté les Black Snake ?