Une nouvelle nuit blanche en perspective ! [Pv Alek]

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Caitlyn était allongée dans son lit, elle n’en pouvait plus ! Sa vie à la base était devenue un enfer … Tout le monde se marchait dessus parce qu’ils étaient trop. Ils s’inquiétaient tous, ils paniquaient tous, chaque survivant était à fleur de peau. Toute cette tension, tous ce stress rendait Caity totalement folle. Elle n’arrivait plus à rester paisiblement assise dans le réfectoire, voir la panique sur tous les visages lui donnait la nausée. Personne ne pouvait rien faire alors ils attendaient tous très impatiemment … Comment faire pour survivre dans un tel état d’esprit ? Ils ne pouvaient plus voir la lumière du jour, entendre le chant doux et paisible des oiseaux, se baigner dans l’eau fraîche et revigorante de la cascade. Chacun avait déjà sa petite vie à la base, ils avaient commencés à prendre des habitudes … Caitlyn, elle aussi, avait son quotidien ! Se lever à six heure, aller se baigner, revenir assez vite pour pouvoir se lancer corps et âme dans son métier. Et désormais tout était changé … Le quotidien était bouleversé et les nerfs lâchaient. Un souvenir lui revint en mémoire …

« - Hey, petite, regarde où tu marches ! »

La psychologue leva les yeux vers l’homme qui lui avait dis ça, elle eut l’irrésistible envie de lui mettre une gifle. Petite ? Mais pour qui se prenait-il celui-là ? La jeune fille le bouscula violemment et passa son chemin, elle entendit une insulte qui ressemblait vaguement à « Marie-couche-toi-là » en beaucoup moins poli. Caitlyn commençait à s’habituer à tous ces cœurs de pierre, tous ces gens qui voilaient leurs sentiments et portaient un masque de méchanceté pour se protéger. Elle n’était pas psychologue pour rien ! Ils croyaient tous qu’elle était dupe or elle ne l’était pas. S’ils la bousculaient, s’ils se disputaient, s’ils en venaient aux mains, … C’est tout simplement car ils étaient tout aussi tendus que les autres. La peur les tiraillait et pour cacher cette sensation et préserver leur stupide et inutile dignité, il adoptait l’agressivité.

Caity passa une main dans ses cheveux, elle ne comprenait même pas pourquoi elle avait eu ce petit flash-back … Encore allongée dans son lit, la demoiselle perdit son sang froid. Elle repoussa brutalement les couvertures en les projetant au sol. La jeune fille se dégagea de son lit et sortit pour s’adosser au mur et écouter le silence. Ses nuits étaient sans cesse mouvementées ! Elle ne trouvait plus le sommeil … Des cernes s’étaient formées sous ses yeux. Caitlyn souffla et retourna dans le dortoir, il n’y avait pas d’autre solution : Dormir ! Elle s’engouffra dans la pièce mais fut soudain stupéfaite par l’obscurité. Des ronflements retentissaient dans la salle mais la miss ne voyait absolument rien ! Elle s’accroupit et avança à quatre pattes vers son lit, elle était tout à fait ridicule mais personne ne pouvait la voir alors ce n’était pas grave. La jeune fille trouva enfin ses couvertures, elle se glissa à l’intérieur et se tourna vers la gauche. Son corps frêle et gelé toucha soudain un autre corps plus imposant et nettement plus chaud. Une sueur froide parcourut la demoiselle de la tête aux pieds.

*Je vous en supplie, dîtes-moi que je ne suis pas dans le lit de quelqu’un d’autre …*

Plus écarlate que jamais, elle tenta de se glisser hors du lit mais sa tentative fut assez vaine … Elle se prit les mains et les pieds dans la couverture et fit une chute. Au final, elle vivait un véritable cauchemar ! La demoiselle était parvenue à se faire saigner du nez, à ne pas réveiller les autres personnes mais à donner un coup de pied involontaire dans l’épaule de l’homme. Caitlyn se maudit littéralement … Si seulement ça avait été une femme ! Elle aurait tout de même était moins gênée et aurait pu trouver une excuse à balbutier avant de fuir à toute jambe. Dans ce cas-ci c’était tellement honteux et désagréable qu’elle ne pouvait pas imaginer de solution de secours. De plus, elle était presque persuadée de l’avoir réveillé.

« - Je suis vraiment … vraiment désolée ! J’ai cru que j’étais dans mon lit ! »

Caity espérait désormais de tout son cœur qu’il ne s’agissait pas d’un idiot qui s’imaginerait des dizaines de scénarios … Elle n’avait certainement pas envie que quelqu’un la colle avec dans l’idée qu’elle était venue dans son lit ! La survivante en frémit davantage. Subitement, elle comprit qu’elle bénéficiait de l’obscurité pour fuir … Si seulement elle n’avait pas parlé ! Caitlyn enchaînait les bêtises. Si elle partait, il ne la retrouverait pas mais s’ils se recroisaient le lendemain et qu’il reconnaissait sa voix … Se serait la grosse catastrophe. Alors la jeune fille jugea bon de clarifier la situation, ne sachant pas trop si elle parlait toute seule ou si l’homme était réveillé.

« - Écoutez, je suis parfaitement franche avec vous ! Je ne voudrais pas que vous vous imaginez que je suis venue là intentionnellement … Je ne vous connais pas et à vrai dire je ne vois même pas qui vous êtes ! Si je suis là c’est totalement par erreur. »

Pourquoi avait-elle l’étrange sensation de s’enfoncer dans ses problèmes encore plus qu’avant ? Caitlyn enfouit sa tête dans ses mains et découvrit qu’elle saignait du nez … La chance lui souriait enfin ! Elle se redressa légèrement et tenta de se remettre sur pieds pour partir, elle avait désormais une bonne raison de prendre congé de lui et de fuir à l’infirmerie à toutes jambes. Son nez ne saignait que très peu mais c’était une raison valable pour le quitter. Caity se leva et fit un pas en arrière, voulant prendre de la distance avant de s’excuser une deuxième fois et de partir … La chance étant désormais véritablement de son côté, elle trébucha dans les draps et s’étala de tout son lit sur le lit de l’inconnu. Son visage perdit toutes ses couleurs lorsqu’elle comprit que son menton était à ce moment même appuyé sur le torse à première vue nu de l’homme. La psychologue se releva d’un bond, jeta violemment les couvertures ainsi que les draps sur le côté et pris ses jambes à son cou … Elle était simplement morte de honte !

*S’il reconnait ma voix je suis …*

Elle avala sa salive difficilement, la miss ouvrit la porte et sortit dans le couloir où elle explosa silencieusement de rire. La situation était ridicule ! Caity n’avait même pas vu son visage … Est-ce que cet homme dormait totalement nu ? Un frisson de dégoût parcourut la demoiselle lorsqu’elle réalisa qu’il était possible qu’elle se soit incrustée dans le lit d’un inconnu entièrement nu et qu’elle lui était de plus tombée dessus. La jeune fille se plaqua les mains sur la bouche pour étouffer les rires qui en sortait. Cela faisait du bien d’évacuer le stress en riant ! Cette catastrophe aurait au moins eu le don de la rendre joyeuse. Caitlyn en versa même quelques larmes de plaisir … Son visage redevint livide lorsque la porte des dortoirs s’ouvrit une seconde fois …

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L'homme était vraiment dans un sale état. Les yeux pochés, des bandages partout, même un semblant de platre autour du poignet gauche et il gémissait toutes les inspirations. Son arrivée dans le camp retranché de Niagara Falls n'avait pas été fameuse. Il était arrivé il y a une semaine, un peu moins, juste avant que les sentinelles aperçoivent les Cargo Vultures. C'était malin, ça, encore un foutu coup du destin. A peine arrivé, il était déjà enfermé. Alek ne supportait pas d'être dans un endroit étriqué. Pas qu'il était paranoïaque ou même claustrophobe, juste qu'il avait l'impression d'être une grosse souris prisonnière d'un labyrinthe de petites galeries. Quoi qu'ici, ça parraissait assez grand. Il soupira, sourit au gars blessé et lui tapota sur l'épaule, pas celle endommagé, pauvre type sinon et fit quelques pas pour s'en aller. Il lança encore un regard au blessé et sortit de l'infirmerie. Pauvre type quand même, rater une marche et dévaler l'escalier. Avec tout le bardas qu'il avait eu sur le dos, il pouvait être heureux d'avoir survécu et il pouvait dire merci à la déesse Morphine qui s'infiltrait sous son bras. L'infirmière avait été sympa mais n'avait pas voulu qu'Alek reste plus longtemps. Alors tous les jours, il venait quelques minutes pour tenir compagnie à un pote de voyage. Ils avaient bien crapahuté ensemble en tout cas. Combien de kilomètres? Aucune idée, mais un bon paquet. Et puis, il n'était pas du genre à laisser tomber ses potes.

Il passa quelques salles communes avant de tomber sur le couloir qui descendait vers un niveau inférieur. En tout cas, il était vrai qu'ici, les résistants n'étaient pas trop mal. Peut-être qu'il s'y attarderait un petit peu. Y'avait un peu d'électricité, un peu de chaleur et on leur avait attribué une paillasse pour les nuits. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait dormi dans un lit et la paillasse était le paradis. Il ne regrettait pas, au final, d'avoir suivi le petit groupe jusqu'à Niagara Falls. Cela faisait une semaine qu'ils étaient là et Alek commençait à sentir les fourmis dans le bout de ses doigts. Il avait besoin de faire quelque chose, de se montrer utile. Il avait appris qu'il existait plusieurs factions, différents groupes qui montaient la garde. Peut-être qu'il se joindrait à l'une d'entre elles. Pour le moment il ne savait pas trop. Il voulait tater le terrain avant de faire n'importe quoi. Peut-être aider tout simplement à la base. Il n'était pas expert en quoi que ce soit, mais il se débrouillait pas trop mal. Pour le moment, de tout ses parcours, il n'avait été que ravitailleur, sortir, trouver de la bouffe et rentrer avec le plus possible. Bah, on verra plus tard, pour le moment, il voulait un petit peu récupérer de son périple. Pas qu'il était éreinté niveau physique, car il lui en fallait plus que ça, mais c'était juste la tension, le stress de tomber sur une foutue machine pratiquement indestructible qui le pesait plus. Sans parler qu'il n'avait aucune envie de retourner dans un de ces foutus camp à la noix.

Sa pérégrination s'arrêta à la chambre, tout du moins si on pouvait appeler cela comme ça, qu'on lui avait attribué. Du moins il espérait ne pas s'être trompé. Bah, tout était identique dans le coin. Et puis de toute manière, on lui dirait surement si ce n'était pas son lit, vu la taille du dortoir, les gens devaient savoir ce qu'il se passait dans leur piaule. On pouvait pas avoir de chambre individuelle, ce n'était pas non plus un hotel, il le comprenait bien toutefois. Bref, il n'eut aucune remarque et vira la majorité de ses vêtements. A peine la tête posé sur l'oreiller et qu'il fut enroulé sous les couvertures qu'il s'endormit comme une masse, d'un sommeil profond et lourd. Ses rêves se mélangèrent à des cauchemars anciens. Un prétendu retour aux camps des machines, une explosion, une jeune femme en larme, un sourire d'une autre, de sa propre femme puis sa chute, sa chute dans un abîme sans fond. Cela lui fit froid dans le dos. Et il eut un espèce de contact glacé, qu'il prit pour physique, pour véritable si l'on puit dire si vraiment c'était ainsi la définition, mais dans un sommeil si lourd, si nécessaire qu'il ne se rendit pas même compte qu'en effet, que ce contact avait été provoqué par une jeune femme surement dans le mauvais lit, à moins que cela ne soit lui. Il sursauta, encore dans son sommeil. Et puis tout à coup, plus de couverture, un violent froid s'emparant brusquement de lui. Il ouvrit les yeux d'une manière brutale, l'esprit encore vaporeux.

« - Je suis vraiment … vraiment désolée ! J’ai cru que j’étais dans mon lit ! »

Hein? Quoi? Que? Quand? Où? Gné? Quoi? Il n'avait plus de couverture, il avait froid et... Hein, c'était bien à lui qu'on parlait? Qu'est-ce qu'elle avait dit? Oui, parce que même un sourd aurait perçu la différence entre une tornade féminine et un orang-outang male. C'était bien une femme, mais il faisait maintenant bien trop noir pour qu'il puisse voir quelque chose. Elle devait être un peu plus sur la droite. Il était trop endormi pour qu'il puisse mettre en route son cerveau à pleine capacité. Il ouvrit et referma plusieurs fois sa bouche, n'arrivant pas à parler. Quoi? Qu'est-ce que c'était cette histoire? Et ses couvertures, elles étaient où?

« - Écoutez, je suis parfaitement franche avec vous ! Je ne voudrais pas que vous vous imaginez que je suis venue là intentionnellement … Je ne vous connais pas et à vrai dire je ne vois même pas qui vous êtes ! Si je suis là c’est totalement par erreur. »

Hein? En plus il y avait des fous ici? Bah il était servi. Non, non, non, sa main frotta son crane endolori par le froid, la fatigue, l'extraction d'un sommeil difficile encore embué des restes de cauchemars. Il y avait d'autre ronfleurs, où il était déjà? Il y eut un bruit, un froissement de couverture et un contact brusque. Ses cordes vocales refusèrent de fonctionner pour laisser échapper rien qu'un souffle coupé par la chute de la jeune femme sur lui. Contrairement à se que craignait la jeune femme, il n'était pas dans la tenue d'Adam, pas complètement tout du moins. Pas bien épaisse la femme en tout cas. Elle ne resta pas longtemps car elle s'enfuit, il n'aperçut que sa silhouette dans l'entrebaillement de la porte. Il se redressa immédiatement et se cogna contre le lit au dessus de lui ou contre quelque chose assez dur pour qu'il s'écroule à nouveau sur son oreiller et gromellant dans sa barbe naissante et se frottant le front. Il réussit à s'échapper des couvertures, draps et bidule qui le génaient, se lever, enfiler son pantalon et se diriger à tatons vers la porte. Vindieu qu'un réveil comme ça, c'était pas la joie. Dans le couloir il entendit un rire, mais il était pas sûr étant encore pas tout à fait réveillé. Il finit par ouvrir la porte et regarder dans le couloir. Personne à droite, et pers... si quelqu'un à gauche. Une jeune femme quelques larmes sur les joues. Est-ce que c'était elle? Pourquoi elle pleurait?

- Hey... Vous n'avez pas vu une sorte de Walkyrie me sauter dessus et s'enfuir par ici?

Son accent était indéniablement russe, mais le ton de sa voix, quoi qu'un peu rauque par le réveil brutal restait plaisante et amical. Brr, il faisait froid par là. Il regarda encore le couloir désert et faiblement éclairé. Mais il était quelle heure dans le coin? Il se frotta le cuir chevelu et retint difficilement un baillement.

- Vous ne savez pas quelle heure il est par hazard?

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L’homme qui sortit du dortoir était loin d’être le genre de personne qu’elle avait imaginé ! Caitlyn se dit intérieurement qu’elle avait vraiment beaucoup de chance … Il avait l’air extrêmement fatigué, épuisé même et son accent russe s'entendait assez fort. En d’autres termes plus explicites : Il était intimidant. La psychologue avait déjà était confrontée à ce genre d’homme, elle avait du les faire parler et avouer leurs sentiments … Avec l’inconnu sous ses yeux c’était différent ! C’était elle qui s’était infiltrée dans son lit. La jeune fille leva les yeux pour fixer le Russe, elle savait que si elle ouvrait la bouche il la reconnaîtrait, elle fit non de la tête ne désirant pas être démasquée tout de suite … Elle était trop honteuse pour lui déblatérer toute son histoire sans queue ni tête. Le pauvre homme était à moitié-endormi. Caity aurait pu croire à un somnambule s’il ne lui parlait pas ! Il lui posa alors la question que tout le monde se posait : Qu’elle heure était-il ? La frêle survivante soupira longuement, presque plus personne à la base ne possédait de montre ou de montre en état de servir. Caitlyn se redressa légèrement lui lança faiblement, en tentant de déformer sa voix pour la rendre un peu différente de la sienne :

« - Non désolée Monsieur je ne sais pas … »

Sa tentative fut assez ratée de plus, elle fut complètement ridicule ! Caitlyn étouffa un rire, peut-être qu’il ne se douterait de rien après tout il semblait si éreinté que voir un robot passer dans le couloir ne le ferait pas réagir … N’exagérons peut-être rien. Caity soupira et se leva presque d’un bond, elle était en pleine forme ! Son manque de sommeil s’était dissipé avec la honte et l’embarras qui était monté peu à peu en elle. La résistante baissa les yeux, gênée telle une enfant qui accepte de révéler ses bêtises. Caitlyn lança alors à l’inconnu de sa voix normale :

« - C’était moi tout à l’heure … Mais je vous jure que c’était involontaire ! »

L’homme devait avoir entre 40 et 45 ans, Caitlyn n’en possédait que 21 … Et sérieusement, qui irait s’incruster dans le lit d’un inconnu volontairement ? La psychologue réfléchit une minute de plus à la question et se dit qu’elle préférait ne pas avoir de réponses … Un sourire timide aux lèvres, elle recula, il était hors de question de retourner da ns le dortoir ! Caity n’avait pas envie d’atterrir dans le lit d’une seconde personne et les chances qu’elle retrouve le sien étaient très minces. Elle alla s’adosser au mur et posa délicatement la tête contre celui-ci. L’inconnu n’était pas encore parti … Pourquoi attendait-il là ? Elle n’avait plus rien à lui dire ! La frêle brune se pencha légèrement en avant pour observer l’homme, surtout pour vérifier qu’il ne se soit pas endormi là. La situation aurait été fâcheuse si elle avait été contrainte de le ramener dans son lit … Heureusement les paupières de l’homme clignaient encore.

« - Bien, bonne fin de nuit ! »

Elle ne parvint pas à décoller son regard du Russe, Caitlyn se dis soudain qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant ! Les survivants étaient nombreux mais pas des millions … Et la demoiselle les avait presque tous croisés au moins une fois. Lui, non ! C’était quelqu’un dont elle ne savait rien. Un spécimen en voix de disparition. En tant que psychologue, elle connaissait beaucoup de choses sur beaucoup de gens et à vrai dire, elle devait connaître au moins de nom chaque habitant de la base. Le regard perçant de la miss balaya la silhouette plus grande et plus imposante du Russe que la sienne. Non … Rien chez lui ne lui rappelait le moindre dossier ! Étrange …

« - Je suis Caitlyn Stamford ! J’adore réveiller les gens durant leur sommeil ! Et à qui ai-je l’honneur ? »

Elle avait changé d’avis, il ne partirait pas si vite ! Pas question de le laisser lui filer entre les doigts. Le pauvre Monsieur allait devoir rester éveillé quelques minutes de plus, le temps de faire les présentations au moins ! C’était tout de même la politesse … Et la guerre ne devait pas séparer les gens. Un sourire amusé se dessina sur le visage de la demoiselle, c’était sadique d’empêcher cet homme d’aller se coucher, elle se promit de vite le laisser fuir mais avant toute chose : Interrogatoire. Caitlyn lança un regard encourageant à l’inconnu après tout, il avait le droit de refuser et de lui dire d’aller voir ailleurs … C’était tout à fait la situation qu’elle voulait éviter. La psychologue joignit les mains tout en continuant de fixer le Russe. Pour lui, la nuit allait être longue … Très longue !

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Impressionnant? S'il savait ce que pensait la jeune femme, il aurait bien ri. Il ne se voyait pas comme impressionnant, mais après tout, niveau gabarit peut-être l'était-il. Bref, il bailla avidement, plaçant rapidement une main devant la bouche, puis frottant encore ses cheveux courts ébourrifés par la petite nuit et le réveil brutal contre le lit du dessus. Il avait sommeil, c'était terrible à quel point il avait envie de dormir. Juste avant d'entrer dans le dortoir, cela avait été une journée normale, il n'était pas fatigué, mais à peine la tête dans l'oreiller qu'il avait sombré lourdement dans une semi-inconscience et repos réparateur. Depuis, il avait eu du mal à émerger. La question de l'heure ne voulait pas dire, du moins pour lui, une heure précise, juste savoir si c'était le matin, le soir, la nuit... Il était complètement déboussolé ici, ne voyant pas le ciel. Il n'avait eu que trop l'habitude de dormir à la belle étoile et par courte période, loin de tout, loin des foutues machines. Comble du comble, il était enfermé dans des espèces de grottes, entouré de machines. Comment allait-il se dépatouiller de là? Hors de question qu'il remette un pied à Detroit.

« - Non désolée Monsieur je ne sais pas … »

Merde, il était encore parti dans des réflexions et il n'avait pas suivi ce qu'elle disait. Elle ne savait pas quoi? C'était quoi la question? Aaah, pour l'heure. Ouai, bon, baaaah pas grave. Il allait surement retourner roupiller, peut-être manger avant? De toutes manières, il était réveillé maintenant et il n'avait plus envie de dormir, ne voulant pas refaire ses cauchemars à répétition. Il se gratta à nouveau le cuir chevelu, comme si ça l'aidait à remettre de l'ordre dans ses idées, avant de se tapoter la joue. Il fallait faire le point sur sa vue maintenant, sortir de ce coma éthéré et faire le zoom sur la réalité. Il n'y avait vraiment personne dans les couloirs, mis à part lui le grand gaillard et elle, la jeune femme d'apparence assez chétive. Elle se leva d'un bond si soudain qu'il en recula à moitié devant cette démonstration de vitalité. Oh, il était bien trop tot ou tard pour qu'il agisse ainsi. Non, non, la pèche, ce n'était pas pour lui, pas juste après le réveil. Il s'étira à moitié, avec un manque flagrant d'énergie. Il avait beau être éveillé, son corps dormait encore et il se doutait bien que cela n'allait pas aller en s'améliorant.

« - C’était moi tout à l’heure … Mais je vous jure que c’était involontaire ! »

- Mais qu'est-ce que vous avez mangé pour pouvoir me réveiller comme ça?

Sa voix n'était ni menaçante, ni en colère, plutôt étonnée. En effet, elle faisait peut-être moins du tiers de ce que lui pouvait faire, comment avait-elle pu le réveiller? Elle lui avait tapé le crane avec un marteau à attendrir la viande ou quoi? Il ne voyait pas comment elle avait réussi déjà à se planter de lit, mais à le sortir de son sommeil. Il agita la main mollement pour dire que la réponse n'était pas importante. Bon, un regard à droite. C'était par où la cantine là-dedans? Il était sur pied, tant qu'à faire, autant se réveiller complètement, ce qui voulait dire, un petit déjeuner, ou bien un diner, ou bien un gouter. Qu'en savait-il, il ne savait même pas si c'était la nuit où le jour ou la nuit. Son regard dévia sur la gauche, c'était peut-être par là... Où bien c'était au dessus... ou en dessous. Raaah, merde. Il était perdu dans un grand complexe comme cela. Heureusement qu'il était pas vraiment claustrophobe. Il n'aimait pas les endroits fermés, mais là c'était comme une fourmilière, donc il pouvait se rassurer sur les débouchés incroyables de tous les couloirs qui fleurissaient de partout.

« - Bien, bonne fin de nuit ! »

Hein? Ah oui... Baaaah... Bonne fin de nuit aussi, et bonne chance pour retrouver votre lit. C'était ce qu'il allait dire ouvrant la bouche et tournant déjà le corps de retour vers la porte pour retourner peut-être dans son lit, peut-être pour aller juste chercher les godasses et trouver un bout à bouffer.

« - Je suis Caitlyn Stamford ! J’adore réveiller les gens durant leur sommeil ! Et à qui ai-je l’honneur ? »

- Bah, c'est pas grave. C'est pas souvent qu'on vous réveille comme ça, surtout quand c'est le visage d'un ange que vous voyez en premier. Un ange bourin, mais un bien joli visage quand même.

Non, non, non, il ne la draguait pas, ni ne lui faisait de l'oeil, juste une petite parole gentille, sans aller plus loin. D'ailleurs il donna l'impression d'avoir dit cela dans la manière la plus normale qui soit, comme s'il avait déjà dit cela des millions de fois. Il n'avait pas encore répondu à sa question. Il rattrapa rapidement cette erreur.

- Alek.

Ca suffisait largement pour faire les présentations. Les noms de famille ne voulait plus rien dire, peut-être retrouver des membres de sa famille? Lui, n'avait plus rien. Peut-être sa soeur, mais elle devait être en Russie encore, ou pas. De toutes manières, ce n'était plus l'époque pour avoir un espoir aussi fou que celui-là. Le reste de sa famille, comme la majorité de toutes les autres, était mort et enterré. Plus la peine de s'y attarder. C'en était fini. Donc, oui, Alek suffisait amplement. Il se tourna complètement vers elle avant de demander:

- Ca fait longtemps que vous êtes ici? C'est quoi votre boulot?

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L’homme ne semblait pas particulièrement en colère, il ne lui hurla pas dessus et l’insulta pas ! C’était un bon début, très bon même. Il répondit aux excuses de la miss par une question qu’elle ne cerna pas très bien … Que voulait-il qu’elle lui réponde ? Elle n’arrivait presque plus à manger. Pour elle c’était une pomme par jour et parfois, si elle en avait la force elle avalait quelque chose de sucré pour dire de ne pas en manquer. Caitlyn avait maigri à vue d’œil depuis son arrivée à la base, elle n’était pas très sportive et les joggings n’étaient pas pour elle mais ses repas se résumaient très souvent à des fruits ou à des légumes. Elle n’aimait plus la viande … C’était devenu presque criminel à ses yeux de tuer des animaux, autrefois elle mangeait comme tout le monde ! Mais désormais, elle se sentait proche de ces bêtes sauvages ! Les survivants étaient réduits à vivre sous terre pour ne pas finir troués de balles. Comment pouvaient-ils encore se prétendre supérieur à un animal ? Ils n’avaient presque plus rien de différent avec ceux-ci si ce n’est leur capacités mentales. La jeune psychologue pouvait partir dans de longs débats sur ce sujet mais toute seule … Hors de question ! Il lui fallait un interlocuteur passionné et intéressé par le propos, cet inconnu semblait vouloir retourner se coucher. Elle ne le retiendrait pas très longtemps.

Le compliment qu’elle reçut après s’être présentée la fit sourire, même à moitié-endormi il pouvait être flatteur alors en pleine forme … Mais cela ne lui disait toujours pas à qui elle avait affaire ! Soudain, il rattrapa son erreur et se présenta sous le prénom d’Alek ! La frêle survivante hocha vivement la tête et se demanda de longues minutes pourquoi aucun nom de famille n’apparaissait à la suite … Avait-il été choqué au point de ne plus oser utiliser son nom de famille ? De peur de faire ressurgir dans sa mémoire de vieux et douloureux souvenirs ? Des plaies désormais refermées mais toujours profondes. Caity connaissait bien ce sentiment d’abandon et de désespoir qu’elle pensait déceler chez cet homme. Elle eut un sourire compatissant mais changea rapidement d’avis, il pouvait tout aussi bien ne pas avoir envie de donner son nom à n’importe qui ! C’était son droit … Il fit alors une chose à laquelle la miss ne s’attendait pas du tout, le dénommé Alek se tourna vers elle comme pour mieux la voir et lui posa des questions … Alors elle était parvenue à capter son attention ? Elle ne parvint à retenir un petit rire.

« - Oui ! Trop longtemps je dirais … »

Si sa réponse ne lui convenait pas, il ne pouvait que se blâmer lui-même ! Qui avait commencé avec une présentation à moitié-terminée ? Elle garderait le mystère, après tout c’était aussi son droit. Elle afficha un petit sourire joueur, elle ne voulait pas mettre l’homme en colère simplement le titiller et entrer dans son jeu. Caitlyn n’avait pas répondu à la deuxième question … Pourquoi croyait-il qu’elle en avait un ? Tout le monde ne travaillait pas à la base ! Mais il avait raison pour le coup. Caity réfléchit un instant comment lui expliquer en quoi consistait son travail. Elle ne trouverait sans doute pas les mots exacts mais tant pis ! S’il voulait plus d’informations, il devrait le lui en demander.

« - Je suis psychologue, à vrai dire je ne suis pas au service de tout le monde … J’offre mes services à un groupe restreint de personne qui ont plus besoin que quiconque d’une aide morale et psychologique ! »

Elle restait vague mais cette fois ce n’était pas pour jouer, c’était bel et bien par devoir. Elle ne désirait pas clairement dire à Alek « J’aide les cyborgs à assumer et accepter leur nouveau statut en tant que tel ». C’était trop brutal ! Trop direct. Caitlyn voulait laisser le soin à ses patients de cacher ou pas leur petite différence, c’était à eux d’exposer leur don ou de le cacher aux yeux de tous. Certains ne pouvaient masquer leur état bien longtemps comme cette jeune femme au bras robotisé qui se servait de celui-ci pour s’attaquer directement aux machines. Elle ne parvenait bien évidemment pas à cacher son statut de cyborg aux autres membres de son équipe. À l’inverse cette jeune demoiselle dont les yeux avaient été remplacés par des membres robotisés avait la possibilité de rester une survivante presque normale. Caitlyn les connaissait tous mais elle devait se taire, une sorte de secret professionnel. Elle adressa un sourire amusé à cet homme bien plus imposant qu’il ne semblait le croire. Il ne devait pas comprendre tout ce qu’elle lui disait … Elle clarifierait plus tard ! Lorsqu’il serait complètement dans le monde des gens éveillés.

« - Je ne vous ai jamais vu ici ! Je suppose que vous êtes un nouvel arrivant … Sachez que vous avez énormément de chance, vous auriez pu être repéré par ces robots là-haut ! »

À vrai dire, il pouvait se qualifier d’extrêmement de chanceux ! C’était un miracle pour lui d’être parvenu jusqu’ici avec que les machines ne passent tout près de la base … Caity eut subitement une horrible image en tête. Le corps d’Alek, inerte et livide au sol entouré d’une dizaine de robots. Elle fit discrètement une petite grimace et reposa les yeux sur l’homme en face d’elle, il était bien plus grand que cette petite demoiselle et elle pourrait sans aucuns problèmes se cacher derrière lui sans y être vue. Elle ne parvint à étouffer un petit rire, elle leva soudain les yeux vers lui avec l’air de celle qui a oublié quelque chose de crucial.

« - On pourrait se tutoyer ? Je déteste vouvoyer les gens très longtemps … »

Il devait y avoir une certaine différence d’âge entre eux mais Caity ne voulait pas le vouvoyer durant toute leur conversation car quelque chose lui disait qu’ils allaient encore parler durant quelques temps … Cet homme était bien plus sympathique que ce que son physique d’homme un peu rustre laissait présager. Caitlyn tentait de ne pas se fier aux apparences, elle avait appris à traiter chaque individu de façon individuelle et totalement objective. Prêter l’oreille à l’une ou l’autre rumeur était idiot, il fallait qu’elle se fasse sa propre idée de la personne et ensuite elle pouvait procéder à un jugement ou pas. Miss Stamford s’étira lentement en laissant s’échapper un bâillement discret qu’elle cacha à l’aide d’une main. Alek était parvenu à lui donner le virus du sommeil … Mais comment avait-il fais ? Elle allait le réveiller plus souvent s’il parvenait à l’endormir ! Caitlyn se sentait telle une artiste marchant sur un long fil tendu bien au-dessus des gradins où tous les spectateurs avaient les yeux rivés sur elle. Oui, elle se sentait étourdie et dans une situation délicate. Le manque de sommeil et l’alimentation restreinte devait y être pour quelque chose … Quoi qu’il en soit, elle louerait les services d’Alek plus souvent s’il parvenait à la faire fermer l’œil.

« - Je m’en veux … Si je ne m’étais pas trompée de lit, la nuit aurait été paisible ! »

Elle afficha une mine désespérée qui ne pouvait tromper Alek : Elle était parfaitement sincère. Caity ne pouvait pas cesser de s’en vouloir en voyant les yeux difficilement ouverts par l’homme, ses petits cernes et son air ensommeillé. Ça lui donnait un air sévère et sérieux. Elle parvint à trouver une ressemblance dans son regard avec celui de son parrain … En ce moment, elle rêvait plus que jamais de retrouver les bras de son parrain, ses douces paroles et ses horribles prises de tête. Une petite larme coula rapidement sur la joue de la psychologue qui la dissimula aux yeux d’Alek en baissant la tête. Elle feinta de se passer une main dans les cheveux pour les rejeter délicatement en arrière mais elle s’essuya les yeux du revers de la main au passage.

[ Je m'excuse du temps de réponse ! J'ai été occupée et je devais aussi répondre à une Elizabeth qui attendait sa réponse depuis longtemps Promis je répondrais plus vite pour les autres et j'adore notre sujet J'espère que c'est réciproque ! ]

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Elle n'avait pas saisi le jeu de mot. T'avais mangé quoi, on mangeait du tigre non? Lui, perso, il n'en avait jamais mangé, pas du tigre, mais de ces céréales avec un tigre dessus, ce n'était pas ça la phrase qui allait avec? Alek n'avait pas été aux Etats-Unis en de bonnes conditions, mais quand il cherchait un abri pour la nuit, il avait bien vu les publicités avec ce drole de tigre avec un bandana, et puis il lisait bien l'anglais maintenant, depuis le temps, donc oui, enfin, si elle ne comprenait pas, peut-être qu'elle avait oublié, ou tout simplement qu'elle ne connaissait pas ces céréales bizarres. Bref, ce n'était pas ce qui était important en ce moment. Il se réveillait doucement, reprenant pied à la réalité. Où il était, ce qu'il faisait là, bref, même les récents souvenirs lui revinrent en mémoire. Il fit craquer quelques os, surtout ceux de ses poignets avant de bailler une énième fois depuis... bah depuis qu'il avait essayé de trouver le sommeil.

Quand il lui demanda de but en blanc si elle était ici depuis longtemps, la réponse fut aussi courte ou presque que celle-là même qu'il donnât, c'est à dire son prénom, point final retour à la ligne. Bah, sa réponse, à elle, lui suffisait. Trop longtemps. Ce n'était pas précis, mais de toutes manières qui donc pouvait encore comptabiliser les jours, les mois, les semaines? Tout cela n'avait plus d'importance, juste peut-être encore les années, les saisons? Et encore, il n'était plus très sur. Trop longtemps signifiait peut-être une envie de partir, de changement, mais que de toutes façons, il était impossible de changer, à moins de prendre la route seul et faire face à ses démons, par conséquent ici, c'était les machines et leurs lots de cauchemars. Elle? Psy? Ouaaaah, jeune! Peut-être trop. Bah, c'était pas ses oignons. Psy pour un groupe seulement? Ouai, d'accord, pas pour lui quoi. Pour ceux qui avaient quelque chose à donner en retour surement.

Puis ce fut à son tour. Elle était là depuis trop longtemps et il ne suffisait que de pas grand chose pour affirmer qu'Alek était là depuis pas assez de temps. C'était certain et elle avait raison. Il la regarda un moment laissant tomber son regard dans le sien. De la chance? Oui peut-être, il détourna les yeux pour fouiller le fond du couloir, haussa à peine les épaules avant de murmurer ou bien de garder pour lui, il ne savait pas vraiment: "oui... de la chance...". Il ne s'aperçut pas s'il l'avait prononcer ou bien si ce n'était qu'une pensée de son esprit. Heureux d'être ici? Pas du tout. Triste? Non, plus, peut-être une petite dose de mélancolie. Tout dépendait du point de vue, réellement. Il était bien à l'air libre, obligé de se cacher, certes, mais libre. Ici, il était un poisson pris dans un bocal. Non, il n'aimait pas être enfermé, même si le bocal était immensément grand. Il suffisait d'une seule toute petite brèche pour que l'eau ne s'échappe. Et il savait au combien les machines pouvaient détruire les hommes.

Il haussa les épaules à nouveau, alors qu'elle reprenait la parole et il fit oui de la tête, cette fois-ci, plus amicalement qu'il venait de passer les quelques précédentes secondes. Oui, si elle voulait le tutoyer, qu'elle le fasse, cela ne lui posait pas de problème, c'était plus amical. De toute manière, lui non plus, il ne vouvoyait pas longtemps. Mais il attendait toujours que cela soit les autres qui se lancent plutot que lui. Il remarqua le baillement de la jeune femme. Avec sa frèle constitution, son teint bien pâle et les cernes sous les yeux, elle ne devait pas vraiment dormir longtemps et suffisamment. Il allait ouvrir la bouche quand elle continua avant qu'il ne put ne serait-ce que placer une syllabe. Il eut une sorte de demi-sourire, apparaissant à une commissure de lèvres. Paisible, peut-être pour les autres, pas pour lui en tout cas, il lui était redevable d'avoir mis fin à ses cauchemars, même si cela impliquait de le réveiller.

- Nah, ne t'en fais pas... Je suis insomniaque, c'est mieux que tu m'ais réveillé... J'aurai mal terminé la courte nuit. D'ailleurs je ne sais toujours pas si c'est le jour où la nuit ici... On ne voit rien du ciel dans ces grottes? D'ailleurs, tu m'as l'air d'avoir plus besoin d'un lit que moi, si tu n'arrives pas à trouver ton lit, tu peux toujours utiliser le mien. J'en ai fini de toutes manières... Eh, est-ce que ça va?

Il avait cru voir... Non, il avait du se tromper, elle ne faisait que remettre ses cheveux en place. Mais en tout cas, ce qu'il avait dit tenait toujours, de toute évidence, maintenant qu'il était levé, malgré le réveil quelque peu douloureux, il pourrait trouver la direction de la cantine, bouffer un truc et voir pour trouver un travail, ou tout du moins pour aider la base à faire ce qu'elle devait faire pour tenir les machines à distance. Ouai, toujours commencer la journée avec quelque chose dans la panse, sinon, ce n'était pas bon et on restait zombie le reste du jour. Et là, il était réveillé, le froid de ses pieds nus par terre le lui faisait bien rappelé. Il bailla une dernière fois pour évacuer la fatigue à l'arrière de son crane et ne plus y penser, puis s'étira. Toujours personne. Foutu couloir. Il allait trouver deux ou trois de ses affaires et se mettre en route pour avoir quelque chose dans le bédon. Alek regarda la jeune femme encore à terre, à moitié endormie, à croire que la fatigue était une maladie contagieuse.

- C'est par où la cantine? Hey, tu ferais mieux de soi te recoucher, soit aller grailler un morceau, t'as que la peau sur les os et t'as l'air d'une momie asséchée et fatiguée.

Familiarité ou pas, il disait ce qu'il pensait. Il n'avait pas non plus envie de la voir mourir de manque d'énergie ou de famine et ce, même s'il ne la connaissait pas plus que quelques minutes.

Invité

Caitlyn étouffa un rire, lui ? Insomniaque ? Lorsqu’elle lui était tombée dessus il ne semblait pourtant pas très réveillé ! Elle lui lança un sourire qui en disait long mais s’abstint de commentaires, il était tout de même gentil ! Il lui céda son lit … Mais malheureusement Caity ne pourrait plus fermer l’œil. Elle pouvait compter les moutons ou penser à tous les bons évènements de sa vie, elle ne parviendrait plus à trouver le sommeil quand à l’heure qu’il était … Encore une fois c’était un véritable mystère ! Matinée ou peut-être soirée ? Elle haussa les épaules d’un geste impuissant pour répondre à la remarque d’Alek. Il ne remarqua pas tout à fait la petite larme et elle n’eut aucun mal à chasser sa question rapidement.

« - Oui tout va très bien ! »

Elle lui avait dis ça sur un ton presque joyeux, qui ne laissait sous-entendre aucune tristesse ou aucun malaise. Caitlyn n’avait pas envie que tous les survivants sache qu’elle se sentait seule ! Elle s’était laissée submerger par la fatigue, elle secoua vivement la tête pour retrouver ses esprits. Alek était toujours debout face à elle, il n’allait pas tarder à partir et elle se retrouverait seule dans ce couloir sombre et désert presque effrayant. La belle brune fut parcourue d’un frisson, elle pourrait peut-être demander à Alek s’il accepterait qu’elle le suive ? Avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche pour lui proposer de l’accompagner au réfectoire, il lui lança une remarque qui la fit instantanément rougir. Ce n’était pas la façon la plus délicate de dire les choses telles qu’elles étaient ! Lui dire qu’elle était repoussante aurait été égal à ce qu’il venait de lui lancer. Vexée, Caitlyn se renferma un peu et elle baissa les yeux vers le sol. Elle n’y pouvait rien si le sommeil ne venait pas ! Et si elle n’avait que la peau sur les os ce n’était pas par plaisir ou par envie de ressembler à un mannequin … Elle avait des problèmes et ça jouait sur sa santé.

« - Et toi tu devrais te raser ! »

Caity avait lancé cette phrase sur le ton de la plaisanterie, elle préférait en rire ! Pas besoin de se prendre la tête avec lui. De toute façon, il avait raison et elle le savait. Il n’avait peut-être pas voulu être méchant … Elle lui lança cependant un regard de reproche, ses mots étaient tranchants et elle n’avait pas envie d’entendre souvent la comparaison entre elle et une momie asséchée et fatiguée ! Elle s’estimait tout de même plus belle que ça. La survivante ne voulait pas l’avouer mais elle avait été vraiment blessée par la remarque d’Alek … Venant de quelqu’un qu’elle venait de rencontrer à peine cinq minutes plus tôt, c’était assez dur à avaler. Elle se releva et avança d’un pas décida dans le couloir, elle se tourna ensuite d’un mouvement rapide vers Alek et lui fit un signe de la main qui l’incitait à la suivre.

« - Alors Monsieur le Rustre, tu me suis ? »

Elle attendit quelques secondes qu’il la rejoigne, elle prit pour une fois le temps de mieux l’examiner. Passant de sa tête à ses pieds. Ils avaient une certaine différence d’âge ! Sans doute une vingtaine d’années … Il était bien plus grand qu’elle, comme la plupart des habitants de la base ! La belle brune passa distraitement une main dans ses cheveux, ceux de l’homme était courts mais pas très bien coiffés. C’était le réveil et ça se voyait ! Il ne s’était sans doute pas rasé depuis quelques jours … Caitlyn détourna les yeux, préférant qu’il n’intercepte pas un des regards qu’elle lui lançait, elle se dit qu’il avait quelques points communs avec son père … Peut-être les épaules ? Ou l’attitude ? Quelque chose chez Alek lui rappelait son père. Des souvenirs bien douloureux et qu’elle aurait aimé pouvoir ranger dans le fond de sa mémoire, là où elle ne les reverrait plus jamais. Malheureusement ils lui revenaient comme un boomerang.

«

-Tu aimerais te rendre utile dans quel domaine ? »

Il fallait qu’elle oriente la conversation dans un autre sens … Pour qu’il ne s’occupe plus d’elle. Caitlyn n’avait certainement pas besoin de quelqu’un qui lui répète qu’elle était trop frêle ou qu’elle devrait manger plus. Et Alek semblait tellement désemparé dans la base qu’elle se dit qu’il aurait d’autres sujets de préoccupation qu’elle. Comme par exemple apprendre à trouver des repères, faire la connaissance des personnes « importantes » de la base et se trouver une fonction à pourvoir. Caity soupira et poussa la porte qui les mènerait dans le réfectoire, elle se dit qu’elle prendrait peut-être une pomme … Pour accompagner Alek dans son repas !

Invité

Non, définitivement non, ils n'avaient pas de chance. Etre ici, même si protégés des machines, pendant au moins un temps n'était pas de la chance. Et dire qu'il avait hésiter à se joindre à ce groupe... Il avait été très mal en point, blessé par une chute violente, il n'avait pas eu le choix que de les suivre et s'intégrer à eux. Voilà comment il était arrivé à Nigara Falls, mais il aurait donné cher pour ne pas venir justement. Il se maudissait pour être tombé aussi bêtement, comme un bleu. Bon, de toutes façons, il était là et il ne pouvait pas changer le passé, autant vivre avec le présent et oublier le pourquoi du comment il était arrivé ici. Oui, définitivement pas de chance, la fortune était contre lui. Alea Jacta Est et basta. Il revint à ses esprits quand elle lui dit que ça allait bien. Ouai, on va dire ça. On apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Il ne chercha pas à en savoir plus, ce n'était pas ses oignons après tout.

Bon d'accord, ce qu'il dit par la suite était... comment dire, légèrement dénué de tact. Mais avec Alek, c'était soit franc et direct, soit copieusement sournois. Il n'aimait pas enrober de sucre des paroles pareilles. Quand il craignait pour quelqu'un ou s'inquiétait, il n'y allait pas avec des pincettes. Certes, il ne connaissait pas la donzelle, pas plus que quelques minutes auparavant, bien qu'ils eurent partagé le même lit quelques secondes, il la trouvait vraiment rachétique, au point de le lui dire et quand il le lui dit, cela fit comme une mouche est écrabouillée par une tapette-à-mouche. Oui, ça a du faire mal, car il put le lire clairement sur le visage de la jeune femme, sans parler de la pique qu'elle chercha à lui lancer. Lui, pas rasé? Tu m'étonnes, il venait de se faire réveillé par une donzelle alors qu'il était en plein sommeil. Il n'était pas somnambule au point de se raser les yeux fermés.

- Ah, ah... Oui, c'est vrai...

Il tapotta sa joue où la barbe naissante s'était installée confortablement. Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas eu le temps de trouver un moment de paix pour se raser. Bah, ça gênait personne pour le moment, alors il pouvait encore attendre un petit peu. Quand il aura le temps pour un brin de toilette, il trouverait aussi le temps pour se raser. Caitlyn se leva et s'en alla. Oups, il avait du la vexer plus qu'il ne le croyait. Tant pis, maintenant elle était prévenue, cependant, elle ne tarda pas à se retourner et l'invita à le suivre. Il eut un sourire en coin et se regarda lui-même de la tête au pied. Avec son pantalon, il n'allait pas aller bien loin. Ah nan, pas sans godasse, ni t-shirt, il se caillait déjà suffisamment dans le couloir. Et merde, il allait devoir retourner dans le dortoir à tatons pour pas réveiller les autres dormeurs. Il bougonna dans sa barbe avant de lever la main en signe d'arret.

- Ouai, une minute.

Il poussa la porte et entra comme un chat marchant sur des oeufs. Dans le couloir, on entendit soudainement un bruit métallique suivit par une injure très certainement en russe. Puis plus rien. Après une minute, il y eut à nouveau du bruit, mais celui d'un pas qui sortait prestement, direct et calculé, du dortoir. Alek avait passé un t-shirt noir sur son fut, à ses pieds, il avait des rangers pas lacées, un sac en bandouilière et un tube à essai dans la main. Le tube bouchonné, il le mit dans son sac alors que son autre main frotta son cuir chevelu, ce qui rendit sa coiffure déjà mal faite, pis encore. Puis il s'engagea dans le couloir. Il était complètement réveillé maintenant et son ventre lui rappelait son besoin premier. La bouffe. Il revint jusqu'à la jeune femme qu'il dépassait allègrement. Nan, nan, au final, ce qu'il lui avait dit, ce n'était pas si faux. D'accord, il avait un peu exagéré sur la momie, mais elle n'avait que la peau sur les os, pauvre fille.

- M'en fiche. N'importe quoi... Je suis pas Einstein, pas Schumarer encore moins Rambo ou Rocky, mais j'peux faire pas mal de trucs, suffit qu'on me dise quoi faire.

Elle lui avait posé une question. Il avait haussé les épaules et lui avait répondu. Ca l'avait presque fait rire. Dans quel domaine? Comme si c'était un entretient d'embauche pour une grande compagnie. Il n'avait jamais eu un boulot très technique, il avait bossé à la mine. C'était tout ce qu'il savait faire, vraiment en tout cas. Il savait se démerder, trouver de la bouffe, des armes, se dépatouiller pour s'en sortir, se défendre. Bref, il savait survivre, comme la majorité des gens ici. Le sac contre lui émettait quelques fois un bruit métalique ou bien de verre, bref, le bruit d'un sac où tout un fatras trainait. C'était tout simplement ses possessions les plus précieuses. Il n'avait pas grand chose, mais c'était avec ça qu'il survivait. Il avait aussi un autre sac, mais l'autre c'était moins important, des fringues, des bidules qu'il pourrait retrouver sur la route, si jamais il la reprenait. Il tourna son attention vers la demoiselle:

- Comment ça marche ici... Qui dirige, qui fait quoi? Qu'est-ce qu'il faut pas faire? Quand est-ce qu'on mange? Comment on fait pour éviter qu'une furie vous réveille la nuit ou le jour?

Invité

Caitlyn n’avait pas véritablement prêté attention à la façon dont Alek était vêtu, à vrai dire il ne devait en effet pas avoir très chaud … Torse et pieds nus, il devait geler sur place. Ne s’était-il jamais baladé dans la base la nuit ? Il faisait toujours horriblement froid. La jeune psychologue s’enroulait dans de grosses vestes parfois elle allait jusqu’à endosser un manteau ! L’air s’infiltrait dans les couloirs et les pauvres gens qui s’y trouvaient étés tout simplement frigorifiés sur place. Alek tourna les talons et elle aperçut ses larges épaules passer la porte pour retourner dans le dortoir … Il allait sans doute chercher de quoi se réchauffer un peu ! La miss attendit patiemment qu’il revienne ce qui ne tarda pas à arriver. Dans le dortoir, il avait marché ou trébuché sur quelque chose qui lui avait arraché un juron en russe … Caity ne parvint à retenir un petit rire qu’elle dissimula rapidement en voyant l’imposante silhouette de l’homme réapparaître. Ce fut un Alek quelque peu différent qui sortit du dortoir. Elle lui lança un rapide regard, un petit sourire aux lèvres. Ce n’était pas son t-shirt qui allait le réchauffer …

Il ne tarda pas à arriver à sa hauteur, Caitlyn fixait ses chaussures, les lacets du Russe n’étaient pas noués … Il allait tomber s’il ne les faisait pas. La belle brune haussa les épaules, tant pis pour lui ! Se serait lui qui se couvrirait de ridicule et elle ne le préviendrait pas ! C’était sa vengeance pour la momie. Il répondit à sa question de façon vaste et légèrement évasive … Caity avait voulu lancer la conversation mais il ne semblait pas prêt à lui révéler ses intentions. Elle ne le forcerait à rien ! S’il n’avait pas dans l’idée de jouer le sérial-killer tout irait bien. Alek se tourna ensuite vers elle en lui lançant une série de questions auxquelles elle répondit par un regard médusé … Quoi ? Moins rapidement ça donnait quel effet ? La survivante inspira et tenta de reprendre chacune de ses questions, étape par étape.

« - C’est très simple la dirigeante de la base s’appelle Meredith Mayer et c’est à elle qu’il faudra s’adresser pour les tâches administratives si je peux dire ça de cette façon ! »

Caitlyn avait eu très peu l’occasion de croiser cette femme, elles avaient discutés ensemble bien entendu à l’arrivée de la miss mais aussi lorsque la frêle survivante avait décidé d’occuper la place de psychologue pour Cyborgs. Elles se voyaient très rarement, à vrai dire, elles ne se connaissaient que très peu et elles n’avaient pas le temps d’approfondir, chacune avait son emploi du temps bien assez chargé. Caity reprit ensuite sur un ton calme et posé :

« - Qui fait quoi … Tout un système de défense et de protection de la base a été mis en place. Je m’explique : Trois groupes ont été fondés. Tout d’abord les Green Bear qui s’occupent de monter la garde et de surveiller les alentours ensuite viennent les Black Snake ainsi que les Red Tigers qui pour leur part, se chargent des missions plus périlleuses. Ils s’aventurent plus loin que les Green Bear et leur but n’est pas véritablement la défense rapprochée de la base. Ils s’éloignent légèrement plus et c’est bien souvent eux qui tombent nez-à-nez avec les machines. »

Caitlyn espérait ne pas embrouiller tout dans l’esprit de l’homme, elle lui lança un regard interrogateur qui en disait long. Elle voulait savoir si jusque là, tout allait bien et s’il était encore sur la bonne voix. Caity lui lança un sourire, ce n’était pas simple de comprendre le fonctionnement de la base ! Elle-même avait eu des difficultés de compréhension à son arrivée. Mais c’était lui qui avait demandé de plus amples informations. Les conséquences lui retombaient dessus. Un sourire toujours accroché aux lèvres, elle reprit sur le même ton que précédemment :

« - Pour ce qui est de ce que tu devras faire et l’heure à laquelle tu devras manger … Tu as le champ libre ! Tu peux te rendre au réfectoire de jour comme de nuit, tu y trouveras certainement de quoi te remplir l’estomac. Si tu veux intégrer l’un des trois groupes de défense de la base, tu devras t’adresser aux leaders de ceux-ci mais pour ce qui est de cette partie, je ne pourrais pas t’aider … Je ne suis après tout qu’une banale psychologue ! »

Elle lui lança un regard à la fois amusé et attristé car il était vrai que sur ce plan-là, elle ne lui était d’aucune aide … Caitlyn avait voulu intégrer les Green Bear et son adhésion avait été refusée ! Elle ne pouvait rien y faire et avait du trouver un autre poste à pourvoir. Désormais les cartes étaient entre les mains d’Alek, il connaissait les bases du fonctionnement de la vie des survivants et il devrait tôt ou tard se trouver une place au sein de cette troupe de personne. Caity laissa échapper un petit rire, ils étaient arrivés devant les portes du réfectoire et la dernière question d’Alek était assez inattendue ! Que devait-elle répondre à cela ? La jeune fille s’avança vers l’homme, remarquant avec effroi qu’il la dépassait largement d’une tête. Elle devait toujours accepter d’être plus petite … Tous les survivants ou presque était plus grands ! Caitlyn lui répondit alors toujours aussi amusé :

« - Je n’ai pas de conseils pour ta dernière question … Les furies sont incontrôlables ! Qui sait combien de fois elles pourraient atterrir dans ton lit ? »

Caitlyn afficha un large sourire et se posta devant Alek, elle se mit sur la pointe des pieds et arrangea les cheveux de l’homme rapidement, donnant un peu d’ordre dans cette chevelure courte mais dans un état incroyable ! Elle reposa les talons au sol et passa rapidement les mains sur les épaules d’Alek pour lisser son t-shirt ensuite ce fut au tour de ses sacs, elle les posta de façon à ce qu’ils ressemblent plus à des sacs à dos qu’à des gros oreillers plein à craquer. Elle lui lança un dernier regard pour voir si tout était parfait et elle remarqua ses lacets, elle n’allait tout de même pas les lui faire ! Il était assez grand pour se débrouiller seul. Caity lui fit des signes des yeux en indiquant de nouer ses lacets, un petit sourire aux lèvres ,elle attendit qu’il ait terminé pour pousser les portes … Elle avait l’impression que de jour comme de nuit les gens étaient toujours présents dans le réfectoire. Lorsqu’ils entrèrent, il faisait calme et presque morbide. Elle vit quelques personnes assises à des tables mais il régnait dans cette pièce un silence ahurissant. Ses yeux se tournèrent vers Alek à qui elle lança un regard interrogateur.

« - Si vous voulez manger … Allez par là ! »

Elle lui désigna du doigt le petit coin réservé aux cuisiniers, là-bas il trouverait sans doute de quoi se remplir l’estomac et cesser de ronchonner. Elle décida de l’accompagner, de peur qu’il ne lui dise encore qu’elle ressemblait à une momie … Caitlyn passa la première, attrapant une assiette, elle la remplit des légumes, ça serait largement assez pour elle. Caity n’était pas végétarienne mais en ce moment, elle mangeait plus des légumes et des fruits que de la viande ! Elle se dirigea silencieusement vers une table libre et s’y installa, attendant tranquillement qu’Alek la rejoigne.

Invité

Alek n'était pas de nature frileuse, loin de là, mais il fallait avouer que rester pieds et torse nus serait tout de même abuser. Et puis s'il allait quelque part ailleurs, après avoir visité la cantine, cela n'aurait pas fait très sérieux. Il avait froid aux pieds, d'accord, il voulait surtout ses godasses. Une fois ressorti, la jeune femme pouvait bien s'amuser de la voir en simple t-shirt, mais c'était largement suffisant pour lui. Voilà, il était près et pouvait se mettre en route, sans parler de lui poser des questions. Il avait tout balancer d'un seul coup, mais en fait, ce n'était pas les réponses à toutes les questions qu'il désirait, il voulait tout bonnement savoir comment ça se passait ici. Il n'avait pas pu parler à un o"organisateur", enfin quelqu'un qui s'occupait justement de tout ça, à vrai dire, il ne connaissait pas le véritable mot en anglais pour le lui demander. Bref, il avait donc posé une série de questions sans attendre de vraies réponses, néanmoins, c'est ce qu'elle fit, prenant son temps et cherchant à y répondre le mieux. Fallait-il croire qu'il était tombé sur une bonne psychologue et assez sympathique pour qu'elle veuille bien lui répondre. Aussi écouta-t-il avait grande attention.

Meredith Meyer. Ok, il prenait note. Enfin il irait voir un de ses "assistants", cela l'étonnait, vu le nombre de réfugiés, que la directrice même s'occupe de tout le monde, toutefois, il allait retenir ce nom-là, c'était certain. Puis les explications continuèrent. Trois groupes. Ok. Défence rapprochée et défence plus offensive. Système de base quoi. Bonne maitrise du sol, voilà pourquoi cette base resistait bien aux machines. Il était impressionné. Embrouillé? Lui, pas du tout. Il comprenait parfaitement. Il inclina plusieurs fois la tête, écoutant patiemment et prenant note mentalement. Ok, cantine ouverte à toute heure. Parfait. Il avait faim. Parler aux leaders? Moui, peut-être. Il verrait en temps et en heure. Après tout, il n'avait aucune compétence particulière, il n'était ni Rambo, ni Rocky. Il ne savait que survivre et se défendre, alors prétendre à sauver toute une colonie, ce n'était pas dans ses habitudes. Il verrait ce qu'il allait pouvoir faire, et puis si l'occasion se présente, pourquoi pas. Simple psychologue? Il eut un petit sourire amusé au coin des lèvres. Il sourit plus amplement à la dernière réponse. Il ajouta tout de même:

- Bah, tant qu'elles me réveillent au bon moment, je suis pas contre.

Il fut brusquement arrêté par la carrure de la jeune femme postée devant lui, ne comprenant pas pourquoi, il haussa un sourcil d'étonnement. Il n'eut pas le temps de poser la question de ce qu'il se passait, ni même put faire un mouvement de recul quand Caitlyn s'occupa de sa coiffure à la Tchernobyl. Oui, il était mal coiffé, de toute manière, quoi qu'il essayait de faire, ça se remettait toujours en pétard à un moment de la journée. Bref, il la laissa faire, comme un gamin qui attend que sa mère finisse de le préparer pour aller jouer. Elle fit de même avec le t-shirt. Bah oui, c'était pas repassé, et alors? Elle fit de même avec son sac qui jusqu'à lors avait pendu molement au niveau de sa ceinture. Il lui semblait que la demoiselle était une maniaque du rangement à l'atiffer bien comme il le fallait. En tout cas, cela ne le gênait pas vraiment, cela faisait même longtemps qu'une touche féminine avait repris vie autour d'Alek, mais il n'aimait pas qu'elle soit aussi proche, il avait un espace vital et en avait plus que besoin. Heureusement, elle s'écarta pour vérifier que tout allait bien. Sauf les grôles. Et oui, pas lacées, bah c'était pas si grave que ça...

- Ayé? J'suis tout beau tout propre, m'man? J'peux aller jouer dehors?

Rien de sérieux dans sa voix, c'était certain. Bon d'accord, il allait s'attacher les godasses. Il posa donc un genou à terre, serra les lacets des rangers, mais ne noua pas les fils. Trop tot pour être étriquer dans des pompes militaires. Il fit de même avec l'autre avant de se redresser et de suivre à nouveau la jeune femme. C'était les portes de la cantoche. Chouette, son ventre criait vraiment famine maintenant. Il y avait bien quelques personnes présentes. De nombreuses tables désertes, un immense coin cuisine. Pas mal. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il vit que c'était en fait un parking souterrain. Hey! Encore une vache d'idée, cette Mayer en avait dans le ciboulot, pas comme les autres camps qu'ils avaient visités avant et puis était parti. Il allait séjourner un peu plus longtemps finalement, ici. Il suivit Caitlyn encore une fois, prenant une assiette. S'il s'écoutait, il en aurait pris deux, une pour chaque main. Et la remplit de tout ce qu'il y avait, un peu de tout, comme ça, il pourrait choisir plus amplement la prochaine fois. On put dire que l'assiette était remplie à ras-bord. Il s'assit à la table qu'avait choisi sa compagne de réveil et se mit à piocher dans son plat.

- Ce sont des boites ou bien vous arrivez à faire pousser ça dans les caves?

La fourchette remplie, il la porta à sa bouche et se mit à macher, proprement, n'allez pas croire que c'est un ventre sur patte impoli et mal-propre, c'était pas mauvais, vraiment, c'était pas tout à fait meilleur que les K-rations qu'il arrivait à dénicher ça et là, mais c'était plutôt bon et il s'attaqua à ses différents éléments rapidement. Il avait faim et la première bouchée était prometteuse. Il regarda l'assiette à lapin de la demoiselle. C'était pas avec ça qu'elle prendrait des forces en tout cas, mais bon, il n'allait pas la gaver comme une oie non plus, si elle voulait être fatiguée en moins d'une heure, rien de mieux que de bouffer ce qu'elle avait dans son assiette. Surtout des légumes qui drainent plus qu'ils n'apportent de l'énergie. Enfin, lui avait besoin de force. Il termina ce qu'il avait dans la bouche avant de redemander.

- Hey, toi qui est psy... Comment on fait pour se débarasser d'une phobie?

Invité

Alek grogna un peu lorsqu’elle s’autorisa à faire de lui un modèle parfait du bon petit survivant mais rien de méchant ! Caity ne retint pas un petit rire, elle ne voulait pas le déranger ou le forcer à se faire tout beau … Mais s’il comptait rendre visite à Meredith mieux valait qu’il soit élégant ! La psychologue ne jugea pas utile de le lui préciser après tout ce n’était pas à elle de s’occuper de ça … L’homme noua tout de même ses lacets, faisant apparaître un sourire sur les lèvres de la belle brune qui le fixa avec une lueur d’amusement dans le regard. Ils entrèrent dans le réfectoire et le survivant se servit une assiette assez impressionnante … Caitlyn se demandait bien où il pourrait ranger toute cette nourriture ! Personnellement les évènements récents la mettaient dans un tel état de détresse que manger devenait une véritable corvée. Elle ne fit aucuns commentaires de peur d’être de nouveau jugée comme étant une momie … Ils prirent place et Alek lança la conversation en parlant de l’endroit où étaient cultivés les aliments.

« - À vrai dire je n’en sais rien ! J’ai entendu des gens parler de ça mais je ne voudrais pas te dire quelque chose de faux … »

Elle haussa les épaules, sur ce coup-là elle lui était complètement inutile ! Mais de toute façon boîte ou pas, il devrait faire avec ! Les survivants avaient tellement peu de choses à manger que tout ce qui leur passaient sous la main était bon à prendre. Il devait y avoir deux végétariens maximum dans la base entière … Ils avaient tellement peu de choix que faire des caprices ou avoir des exigences serait à la limite du suicide. La jeune femme mangea très lentement, prenant son temps pour savourer le goût de la nourriture. Alek était plus rapide qu’elle, mangeant à une vitesse normale son assiette. Caitlyn détourna son attention du nouvel arrivant … Peu importe ce qu’il avalait ou comment il l’avalait, elle s’en contre-fichait totalement ! Chacun sa façon de survivre. La demoiselle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille et soupira longuement, le silence qui s’installait peu à peu devenait embarrassant. Heureusement Alek repartit avec une nouvelle question qui illumina le visage de la douce psychologue.

« - Se débarrasser d’une phobie ? C’est assez difficile je dois dire … Tu pourrais peut-être m’en parler davantage … de cette phobie ? »

Caity avait beaucoup de mal à imaginer que l’homme qu’elle avait en face d’elle ait peur des araignées, du noir ou des ombres. Intriguée, elle le dévisagea involontairement quelques longues minute. Lorsqu’elle comprit que son attitude envers lui pouvait le mettre mal à l’aise, elle redirigea son regard vers sa propre assiette. Alors il avait peur de quelque chose … Des machines ? Si tel était le cas, le pauvre n’allait pas pouvoir s’en soulager si rapidement et facilement ! La demoiselle serait cependant là pour le soutenir et l’aider à avancer. Caitlyn lui fit un petit sourire, imaginant qu’il aurait peut-être du mal à se confier à elle dès leur première rencontre. La belle brune se passa une main dans les cheveux tout en continuant à l’observer discrètement. Alek n’était pas comme tous les autres personnes de cette base … Il avait cette facilité à prendre les choses sous le meilleur angle ou plus précisément à ne pas se soucier de tout et de rien !

Être psychologue ne voulait absolument pas dire avoir les réponses à toutes les questions que tout le monde se pose … Caitlyn ne comprenait pas comment Alek pouvait préserver cette attitude stoïque, ce calme et cette sorte de paix intérieure. Chez tous les survivants subsistaient des marques de stress, de profond manque de sommeil, d’inquiétude, de tristesse … Toutes ces émotions ne se lisaient pas tout à fait sur le visage du russe. Caity le scrutait inlassablement sans parvenir à mettre le doigt sur ce qu’il ressentait en ce moment. Alek mangeait et lui parlait mais rien dans son comportement n’indiquait qu’il avait souffert … Que quelque chose l’avait déchiré. Ils avaient tous eu profondément mal un jour ou l’autre durant cette guerre, lui aussi ! C’était inévitable. Caity ne parvint à contenir son admiration.

« - Comment fais-tu pour masquer aussi bien tes sentiments ? J’ai parlé à beaucoup de gens … Certain d’entre eux m’ont offert de nombreuses heures de travail ! Une véritable torture de les comprendre … Et toi … Je t’observe depuis que tu es sorti du dortoir mais tu n’affiches rien ! Tu sembles … presque … enfin je ne veux pas que c’est le cas mais … Tu parais vide, Alek ! »

Vide était le bon mot ! Comme si toute sa peine, tout son désarroi et son inquiétude s’étaient envolés. Croyait-il que cela passerait inaperçu aux yeux d’une psychologue ? Caitlyn le dévisageait désormais tout naturellement, comme si le fixer intensément n’était en rien gênant. Au fond, ça ne l’était pas ! Caity ne faisait rien qui puisse le vexer, choquer ou humilier. Elle voulait seulement comprendre … D’où tirait-il toute cette force ? Car c’était bien ça, non ? Une certaine force … Une solidité que quelques survivants avaient aussi. Caitlyn était la personne qui masquait le moins bien ses sentiments les plus intenses. Si elle est triste, vous le saurez ! Si elle est heureuse, vous le saurez aussi ! De même, si elle vous haïs, vous le saurez aussi bien que si elle vous adore. C’est peut-être son métier qui la contraint à agir aussi simplement mais quoi qu’il en soit : Alek avait un grand don.

L’homme intriguait beaucoup la jeune femme mais elle décida de ne pas lui poser d’autres questions, optant même pour détourner son attention de lui. Caity se mettait en situation, si elle venait à peine d’arriver à la base, qu’elle avait été réveillée par une furie, qu’elle avait faim et qu’elle se trouvait dans un lieu inconnu … Elle n’aurait pas envie de se plonger dans un débat sur la psychologie de l’être humain. La belle brune afficha un léger sourire et secoua lentement la tête, levant discrètement une main en signe de négation. Caitlyn ajouta rapidement :

« - Tu n’es pas obligé de répondre ! Je pense que tu as beaucoup d’autres choses en tête en ce moment … J’aimerais que tu passes me voir, un de ces jours, dans mon bureau ! On aura largement le temps d’en discuter toi et moi ! »

C’était une invitation dissimulée, elle acceptait de laisser tomber le sujet mais ça n’était que partie remise ! Ils en discuteraient en temps voulu, Caity releva les yeux vers le russe … Elle n’avait déjà plus de place pour avaler quoi que ce soit, elle se recule légèrement pour laisser son assiette trôner devant elle. Tant pis si Monsieur avait des remarques à lui faire, Caitlyn avait appris à prendre soin d’elle depuis que ses parents l’avaient abandonnées … Ils étaient morts et bien que cela puisse paraître injuste de la part de la miss, elle prenait ça pour une trahison. Elle aurait aimé qu’ils s’enfuient ensemble et au contraire, chacun avait pris un chemin différent. Depuis, Miss Stamford survivait seule et sans l’aide de quiconque … Un inconnu ne viendrait certainement pas lui dicter une conduite à suivre. Caity secoua la tête, Alek était gentil, il voulait la protéger dans un certain sens ! Et rien que pour ça, elle l’aimait déjà beaucoup.

[ Je suis vraiment désolée ! J'avais complètement oublié notre sujet je m'en veux beaucoup ... Mais promis je ne t'oublierais plus ! ]

Invité

[Pas grave ^^]

Hey, toi qui est psy... Comment on fait pour se débarasser d'une phobie?

Mais qu'est-ce qu'il n'avait pas dit là. Pourquoi il avait parlé de ça? Bon sang qu'il était cinglé. Parler du gagne-pain d'un remue-neurones à un remue-neurones, c'était bon pour le canapé alongé! Il se maudit lui-même n'ayant aucune envie qu'elle s'excite sur la réponse, mais d'un autre côté, il était tout autant curieux d'en connaître la réponse. Il n'était pas un surhomme après tout, il avait des phobies comme tout le monde. Lui c'était le sommeil, ou plutot, l'absence de réveil. Sans parler des hauteurs et de la claustrophobie, mais ça, il arrivait encore à gérer sans trop de mal et n'était pas un frileux pour grimper sur les toits tout de même, c'était plus qu'il n'aimait pas du tout crapahuter à trente lieues du sol. Bah, tout le monde avait peur de quelque chose. Il regreta tout de même d'avoir poser la question car il vit soudainement un éclat fou dans le regard de la donzelle qui le fixait bizarrement. Il avait l'impression qu'elle n'attendait qu'une seule chose, lui charcuter le crane pour en découvrir tous les rouages. C'est qu'elle faisait peur la Caitlyn...

« - Se débarrasser d’une phobie ? C’est assez difficile je dois dire … Tu pourrais peut-être m’en parler davantage … de cette phobie ? »

- J'en sais rien moi... Un truc du genre le noir, les piqures, l'orage... Une phobie quoi...

Il avait haussé les épaules comme si c'était si commun de parler de ça, comme si cela ne le concernait pas du tout. Pas forcément pour lui, pour n'importe qui en fait. Il était juste curieux. Il avait bien essayé de confronter ses peurs et d'aller au devant, mais même insomniaque, il avait toujours la pétoche de ne pas se réveiller. Sans parler des hallucinations qu'il voyait de temps en temps. Mais pourquoi il pensait à ça maintenant, cela faisait des jours qu'il avait vu des morts zombifiés. Oui, il voyait des morts-vivants, mais rarement, ça le génait pas plus. Oui, c'est sur, il avait certainement un grain dans le cerveau, mais comme personne ne faisait attention à lui, tout le monde s'en foutait royalement, ce n'était pas la peine de foutre ça sur le tapis, surtout à une psy. Encore moins à une psy, même. Il n'avait aucune envie de tout débaler, de parler de tout son passé à une inconnue. Même ses plus proches amis ne connaissait rien de lui si ce n'était son nom de famille à qui il donnait rarement.

« - Comment fais-tu pour masquer aussi bien tes sentiments ? J’ai parlé à beaucoup de gens … Certain d’entre eux m’ont offert de nombreuses heures de travail ! Une véritable torture de les comprendre … Et toi … Je t’observe depuis que tu es sorti du dortoir mais tu n’affiches rien ! Tu sembles … presque … enfin je ne veux pas que c’est le cas mais … Tu parais vide, Alek ! »

Le susnommé Alek s'arrêta en plein geste, laissant la fourchette dans sa bouche. Lentement il baissa sa main et écarta les yeux, franchement étonné qu'elle lui balance ça comme ça. C'était bien la première fois qu'on le décrivait vide. Avec la même vitesse il se renfrogna et sa main qui était retombée sur la table s'éleva à nouveau pour retirer la fourchette. Il machonna tout aussi vite qu'une vache mache avant d'avaler et de reculer les épaules, comme s'il voulait prendre de la distance entre la jeune femme et lui-même. Vide? Peut-être... Pourquoi pas... Avec tout ce qu'il avait perdu, il pouvait bien être vide. En tout cas, elle avait raison sur un point. Il n'affichait rien. Il préférait largement se retrancher derrière un sourire et faire semblant que tout allait bien plutôt que de faire pitié et rejeter tout ceux qui voudrait lui venir en aide. Il était résigné, mais ne voulait, mais alors pas du tout, répondre à ça. Vide. Bon, bah si c'était ainsi qu'elle le voyait, il resterait vide.

« - Tu n’es pas obligé de répondre ! Je pense que tu as beaucoup d’autres choses en tête en ce moment … J’aimerais que tu passes me voir, un de ces jours, dans mon bureau ! On aura largement le temps d’en discuter toi et moi ! »

Alek nia du chef.

- Pas envie... Suis pas fou... Pas besoin... Sais pas où c'est... Autre chose à faire.

Autant d'excuses, bonnes ou pas, qu'il balança d'une voix morne et lasse pour qu'elle le laisse tranquille. Sans parler des quelques phrases qu'il balança en russe à voix basse et bourrue et qui comportait tout un tas d'injures destinées aux machines. Il repiqua dans son assiette avec autant d'énergie qu'au début, la faim débordant son ventre plus que jamais. Il enfourna quelques bouchées sans dire un mot, sans même la regarder. Puis finalement quand l'assiette fut terminée, il se redressa, afficha un sourire plus ou moins forcé, passa la main dans les cheveux, ce qui massacra ce qu'avait réussi à accomplir la jeune femme dans le couloir et qu'on aurait pu décrire comme une coiffure acceptable avant de reprendre sur le sujet précédent. Tant qu'à faire, autant que la curiosité soit satisfaite. Et puis il n'avait pas vraiment eu de réponse. Et puis ça dernière réponse à lui, avait été plus que froide, alors autant changer de sujet.

- Je sais pas quelle phobie... N'importe laquelle... Tiens, l'autophobie ou le vertige ou la peur des éclairs... Parce que j'ai essayé le truc de faire face à sa peur... ça marche pas vraiment... Y'a pas un truc direct? Une potion magique qui rend invincible ou... un dessin animé ou une tape sur les doigts? Enfin, quelque chose quoi. Remarque j'avais trouvé un livre à la bibliothèque sur les phobies, y'a des phobies bizarres n'empêche... Dommage, il parlait pas de comment les affronter... Tu sais toi?

Invité

Caitlyn n’aimait pas voir les personnes mal à l’aise avec elle, elle savait qu’elle pouvait mettre les gens en confiance ! Alek était un être humain normal, il devait comme les autres pouvoir lui accorder sa confiance. Cette grande méfiance dont il faisait preuve dérangeait énormément Caity, pourquoi se méfiait-il de la sorte ? La demoiselle avait-elle une tête dont on se méfie facilement ? Tout le monde ne cessait de lui dire qu’elle avait une tête d’ange, de gamine ou de fillette adorable. Comment une de ces trois créatures peut paraître hostile ou indigne de confiance ? Caitlyn sentait que l’homme face à elle avait besoin de se confier, comme tous les autres, il tentait de faire passer son mal pour celui d’un autre ou une information anodine. Seulement voilà … La miss n’était pas dupe ! On ne la fait pas à une psychologue. Elle n’eut pas le temps de relever car sa grande bouche prononça des mots de trop … Le « vide » dont elle avait parlé avait eu l’effet d’un boulet de canon planté juste entre les murs du château. La jeune femme en eut presque les larmes aux yeux, elle avait tout raté ! Trop directe, trop de franchise et surtout : Pas assez de douceur. Caitlyn s’en voulait d’avoir bousculé Alek … Le pauvre homme s’était refermé instantanément sur lui-même.

La demoiselle avait parfaitement compris qu’elle l’avait vexé, elle s’en voulait tellement qu’elle hésitait à lui prendre la main. Caity voulait s’excuser et lui dire que les mots étaient sortis de sa bouche trop vite ! Qu’elle n’aurait jamais du dire une aussi horrible chose mais il était trop tard, elle l’avait dis. Sa proposition de visite fut rejetée avec insistance, Caitlyn avait sincèrement tout perdu sur ce coup-là … L’once de confiance qu’il lui avait timidement accordée, il la lui avait reprise aussi vite qu’il la lui avait donnée. La belle brune soupira longuement en tentant de se concentrer sur autre chose mais faire du mal aux gens, ce n’était définitivement pas pour elle. La culpabilité la rongeait déjà ! La demoiselle trouva qu’il était temps de rompre le silence, elle devait s’excuser au moins une fois … Pour qu’il comprenne qu’elle n’avait pas désiré l’offenser.

« - Je suis vraiment désolée Alek ! Je n’aurais pas du te dire … »

Mais ses mots étaient déjà étouffés dans sa gorge, noyée sous la voix bien plus puissante d’Alek qui relançait la discussion sur les phobies. Elle l’avait blessé … Il voulait préserver les apparences et faire comme si de rien n’était. La lueur d’excitation brillant dans le regard de la jeune femme auparavant en parlant de ce sujet avait totalement disparue. Elle fit un vague signe de la main, Caity se sentait triste et soudainement prise d’une sorte de vertige intense. Elle hocha la tête de gauche à droite comme pour répondre négativement à une question inexistante du Russe. Il lui avait demandé si elle savait mais non elle ne savait pas … Elle lui avait fais mal une fois mais elle ne recommencerait pas ! S’il voulait parler à quelqu’un de compétent, il pouvait toujours aller voir cet homme qui s’occupait des gens « normaux ».

« - Non je ne sais pas … »

Caitlyn Stamford était complètement absorbée par ses pensées, cette histoire de phobie était bien loin dans ses pensées. Elle rêvait de partir ! Mais pour faire quoi ? Arpenter les couloirs dans l’espoir de noyer cette culpabilité ? La belle brune préférait encore rester assise sur ce banc à attendre que le lieu se remplisse de survivants. Caity n’avait pas envie de parler davantage, Alek était trop instable pour qu’elle puisse l’aider … C’était quelqu’un dont il fallait prendre d’une certaine façon grand soin. Et Caitlyn n’avait pas envie de répondre à ses questions, elle ne voulait pas faire comme si de rien n’était ! Elle secoua la tête et haussa les épaules comme si elle voulait ajouter quelque chose, elle passa ses jambes de l’autre côté du banc tout en se retournant. La jeune femme se leva soudainement.

« - Désolée Alek, je t’ai fais mal et je ne le voulais vraiment pas … Je vais te laisser je crois que c’est ce que j’ai de mieux à faire ! »

Caitlyn préférait de loin rester seule dans les couloirs sombres que face à un homme qui se sentait mal à l’aise en sa compagnie. Perdre la confiance d’un patient pour un psychologue équivaut à un rejet d’organe pour un chirurgien. Caity n’acceptait pas la défaite … Elle refusait de se dire qu’un patient était perdu, elle ne voulait pas laisser les gens se débrouiller de leur propre chef mais Alek n’était pas son patient … Il était simplement un homme avec ses problèmes personnels, elle aurait aimé lui venir en aide mais elle avait échoué. Tant pis ! Désormais la confiance était rompue, ça ne servait à rien de chercher à réparer une erreur irréparable.

« - Et pour la dernière fois : Mes patients peuvent être tous ce que tu veux au monde ! Mais ils ne sont pas et n’ont jamais été fou ! »

Elle s’était lentement retournée vers Alek, Caitlyn ne supportait plus que tout le monde considère les gens en situation de faiblesse comme des fous … Ils avaient tous des problèmes et pas même la moitié des survivants ne comprenaient à quel point, ils avaient besoin de se confier ! Caity défendrait ses patients contre toutes les injures que l’on pourrait leur envoyer. Pas question de laisser quiconque s’attaquer à eux sans raison valable et tant pis si ça lui coûtait la sympathie d’Alek. La jeune femme se pencha légèrement vers l’homme et vint déposer ses lèvres sur sa joue mal rasée, elle lui fit un dernier sourire et se redressa tout en lui lançant rapidement un bref :

« - Bonne nuit et ravie d’avoir eu la chance de faire ta connaissance ! »

Sur ces mots … Elle prit la fuite, Caitlyn traversa la pièce à grands pas et poussa sans aucune délicatesse les portes de façon à se retrouver dans le couloir. Elle laissait un potentiel patient seul et perdu dans le réfectoire, sa propre attitude la rendait malade mais qu’y pouvait-elle ? La situation lui avait échappé et s’était désormais trop tard. La demoiselle s’adossa à un mur et soupira tout en observant les petites bêtes qui volaient autour de l’ampoule allumée. Depuis toute petite, elle se demandait si ces créatures avaient elles aussi une conscience ! Si elles pouvaient vivre des situations presque semblables à celles des humains … Caity passa rapidement une main dans ses longs cheveux et les rejeta en arrière. Il était temps de retourner se coucher, elle ne trouverait pas le sommeil ! Elle n’y parviendrait pas … Demain serait peut-être un meilleur jour ? L’on dit qu’il y a des jours avec et des jours sans !

[ J'avais une réponse tardive à me faire pardonner, alors deux réponses en une journée pour oublier mon erreur ! Si Alek ne vient pas voir Caity dans le couloir je crois que tu peux mettre fin au sujet À toi de choisir si tu veux le poursuivre ou t'en libérer ]

Invité

[Comment ça on arrête? Hors de question! I love you

]

« - Je suis vraiment désolée Alek ! Je n’aurais pas du te dire … »

Ouai, m'enfin qu'elle le dise ou pas, il savait ce qu'il était. Il était vide. D'une certaine manière, elle avait bien raison. Mais comment elle l'avait découvert, et la façon dont elle le lui avait balancé, cela avait été si brutal qu'il n'avait pas pu contenir sa surprise. Oui, il s'était replié sur lui-même, cherchant un échappatoire, construisant quelques murailles supplémentaires pour qu'elle ne découvre rien d'autre. C'était bien quelque chose qu'il ne pouvait laisser passer. Il avait trop souffert du regard des autres, de l'aide de ceux qui l'entourait. Aujourd'hui, il ne voulait plus, il vivait en solitaire parmi la foule. Il ne désirait rien d'autre. Comment cacher cela? Comment survivre? Faire croire au monde que tout allait bien. Mais pour Alek, il suffisait de voir ses camarades, ou n'importe qui, cela l'aidait bien plus que tout ce qu'on aurait pu faire pour lui. Il avait déjà tant perdu qu'il ne voulait plus rien, plus rien qui pourrait le faire souffrir encore. Voilà pourquoi il se rattachait à la simple existence humaine. Voir le sourire des autres. Laisser tomber le reste. Terminant son assiette, voilà les pensées qui l'accaparaient, voilà pourquoi il ne prononça plus rien, jusqu'à temps qu'il pose sa fourchette dans l'assiette. Quand il reprit le précédent sujet de conversation, il vit bien qu'elle aussi avait été blessée. Il ne savait pas pourquoi, il n'avait rien dit de vexant... Si? Ou alors c'était sa manière de dire? Elle avait peut-être compris tout son jargon slave... Bah, il ne savait pas vraiment, en tout cas, elle répondit d'une manière plus automatique que réfléchie. Visiblement, elle était dans ses pensées et ne souhaitait ou ne pouvait répondre. Ah bah, là, il ne pouvait pas l'aider, ce n'était pas lui le psy.

« - Désolée Alek, je t’ai fais mal et je ne le voulais vraiment pas … Je vais te laisser je crois que c’est ce que j’ai de mieux à faire ! »

Et merde, il avait vraiment mal réagi. Il ne s'en était pas rendu compte. Le passé fait mal, pas que pour lui, cela il le savait, mais peut-être était-il plus émotif que les autres et il s'enfermait à double tour dans des murailles invisibles à chaque fois que quelqu'un frolait le sujet. C'était plus fort que lui, c'était son seul moyen de défence contre la pitié ou l'empathie ou qu'en savait-il d'autre. Il avait un autre moyen, il pouvait aussi devenir particulièrement sournois et presque vil, mais cela n'arrivait que quand il n'appréciait vraiment pas le personnage en face de lui, or, la furie qui l'avait réveillé n'était pas si méchante que cela. Et puis elle était bien tombée, de toutes manières, il lui aurait fallu quelques secondes de plus et il se serait réveillé en sueur et en sursaut, une vision affreuse devant son regard éveillé. Alek eut un brusque sursaut incontrolable quand elle l'embrassa sur la joue. D'une part elle venait de pénétrer son espace vital d'une façon que l'on pourrait considéré comme hostile du fait du rapprochement trop rapide, mais cependant, il fallait reconnaître que cela n'avait pas été désagréable. Les yeux rond comme des saucières, il la fixa alors qu'elle s'enfuyait vivement, claquant les portes après son passage, exactement comme l'aurait fait la furie de son lit. Il resta encore quelques secondes, à se demander ce qu'il venait de se passer puis d'un seul coup d'un seul, il se leva prestement et grimaça par la même occasion de sa hanche fragile, ramassa les deux assiettes qu'ils avaient utilisés, les vira dans le bac prévu à cet effet et prenant pratiquement le pas de course il poursuivit l'ombre encore présente de la demoiselle.

- Hey, Caitlyn, attends...

Il la rattrapa dans le couloir, alors qu'elle était appuyée contre un mur, l'air tout penaud. Il se frotta à nouveau le cuir chevelu, puis la joue, ne trouvant pas vraiment les mots qu'il pouvait utiliser pour se faire pardonner à son tour.

- Je suis un vrai rustre... J'ai pas l'habitude qu'on lise en moi comme ça aussi facilement... Je te demande pardon.

Bah c'était malin maintenant, c'était le silence bien gêné qui accroissait entre les deux protagonistes. Il offrit un sourire contrit, mais bien présent. L'homme était peut-être quelqu'un avec une carrure imposante, il n'en demeurait pas moins devant Caitlyn à ce moment-là avec la tête d'un gamin qui venait tout juste d'avouer une bétise.

- Après quarante ans, on ne change plus les russes. Et puis ça fait longtemps que je n'avais pas eu de conversation civilisée avec quelqu'un...

Invité

Caitlyn ne s’attendait pas du tout à ce qu’Alek la poursuive à l’extérieur … Elle imaginait qu’il ne comprendrait absolument rien et la considèrerait comme une personne à éviter de plus. Heureusement ce ne fut pas le cas et très vite les portes s’ouvrirent pour laisser entrer dans le couloir le Russe. La demoiselle releva instinctivement la tête, elle l’observa avec une lueur de désespoir dans le regard … Elle agissait presque comme un petit chien égaré et trempé ! Caity s’en voudrait d’agir de la sorte si elle ne se sentait pas aussi troublée. Et le comble fut que ce pauvre Alek se sentit coupable, il culpabilisait par sa faute ! Il avait été tout à fait sympathique … Beaucoup de survivants se seraient mis en colère en se faisant réveiller de la sorte, lui il avait pris ça d’une façon positive et avait engagé la conversation. À présent, elle le blessait et c’était encore lui qui s’excusait. Une personne comme Alek … Caitlyn était persuadée de ne jamais en recroiser. Un petit silence s’installa mais Caity ne le sentit pas comme le Russe ! Elle en fut soulagée et ce fut presque comme une nouvelle bouffée d’air frais.

Lorsqu’elle aperçut le sourire au coin des lèvres de l’homme, elle ne résista plus à l’envie de se déraidir … C’était à elle de se faire pardonner ! Caitlyn se redressa lentement pour faire face à Alek et elle l’écouta attentivement prendre la parole. Ce qu’il lui dit enchanta la psychologue … Involontairement il venait de lui fournir son âge minimum ! Il possédait donc la quarantaine d’années. La belle brune n’osa pas prendre tout de suite la parole préférant laisser les choses se poser et se rétablir dans un certain ordre. Ensuite, Miss Stamford se sentit prête à reprendre les choses en main ! Comme elle aurait du le faire depuis le début … C’était mal en tant que psychologue de se laisser aller à de tels actes, elle devait pouvoir contrôler ses émotions. Caity inspira et se jeta à l’eau, un petit sourire au coin des lèvres.

« - Non Alek … C’est moi qui suis désolée ! J’ai été indiscrète et bien trop directe ! Je te demande de m’excuser. »

Elle marqua une pause, préférant laisser ses excuses avoir l’effet voulu et imprégner l’esprit de l’homme en face d’elle. Caitlyn savait qu’Alek lui avait déjà pardonné … Le simple geste de l’avoir suivie dans le couloir témoignait de l’absence de rancune chez le Russe. La jeune femme l’observa une minute de plus, laissant encore un doux silence s’immiscer lentement entre eux. Sincèrement, elle aimait l’atmosphère qui régnait dans ce couloir, cette nuit et à cette heure précise. Tout semblait plus doux, moins hostile et presque chaleureux. Alek n’était plus le grand homme imposant mais il était devenu quelqu’un qu’elle pouvait d’une certaine façon comprendre … Caity lui souriait encore lorsqu’elle comprit qu’il était temps de reprendre la parole.

« - Je n’avais pas l’intention de changer quoi que ce soit chez toi, Alek ! Tu es quelqu’un de bien … Peut-être légèrement ronchon quand on te réveille la nuit mais … Je comprends parfaitement. »

Caitlyn souriait encore, elle voulait chasser ce petit épisode de mauvaise humeur de leur mémoire respective ! Elle préférait largement sélectionner les informations … Prendre la bonne partie de la soirée en compte et totalement effacer les mauvais moments. La psychologue se sentait soudainement de bonne humeur, elle avait bien compris que l’homme n’appréciait pas les contacts physiques … Deux fois elle s’était trop approchée de lui et deux fois, il s’était raidis. Désormais elle ne commettrait plus l’erreur et même si l’envie de le prendre dans ses bras pour le serrer fort était grande, elle s’en empêcherait ! Miss Stamford lui fit un signe de la main, pour l’encourager à la suivre dans les couloirs sans lui prendre la main. La demoiselle passa rapidement une main dans ses cheveux et sentit un léger souffle de vent lui caresser le visage, cela faisait quelques jours qu’elle rêvait de surface et qu’elle espérait en oublier les sous terrains.

« - Et si nous en revenions à cette phobie ? »

La phobie de « quelqu’un qui n’est pas Alek » … Caitlyn se rappelait vaguement ce que l’homme lui avait dis à propos de cette peur incompréhensible. Le vertige ? La peur des éclairs ? Il ne commençait certainement pas par le commencement ! Caity aurait beaucoup de mal à lui faire entendre raison sur ces points, nouveau défi y es-tu ? La demoiselle ne voulait plus tester les limites de tolérance du Russe … Désormais tout se déroulerait à son rythme, il serait un peu le capitaine à bord. La jeune femme ne s’empêchait pas de son côté de se demander ce qui pouvait bien effrayer le grand « soldat » à côté d’elle. Les éclairs ? Pas vraiment ! La peur de l’altitude ? Possible, pourquoi pas !? Caitlyn n’était pas particulièrement fanatique des sauts à l’élastique ou des sauts en parachute mais elle n’avait pas complètement la phobie de l’altitude.

« - Si tu veux toujours une réponse à ta question je crois que je peux t’en procurer une … Ce n’est malheureusement pas une formule magique et tu ne guériras pas de cette phobie en une seconde ou facilement ! On ne se débarrasse pas de ces choses-là aussi simplement ! »

Quelle méthode adopter ? Aller de l’avant ? Affronter sa peur ? Un mélange des deux ? Caitlyn doutait qu’Alek n’ait pas tenté l’expérience mais il allait devoir réessayer s’il tenait à être libéré de sa peur … De toute façon, elle serait là pour l’aider cette fois et peut-être pourrait-elle lui fournir des explications supplémentaires sur le pourquoi du comment. Caity aperçut subitement une indication, ils étaient revenus dans le couloir des dortoirs ! C’était assez amusant … Là où tout avait commencé ! Ils étaient à nouveau sur la case départ en quelque sorte. Mais les évènements s’étaient bien développés et désormais, ils n’étaient plus totalement des inconnus l’un pour l’autre. Caitlyn ne pourrait pas dresser le portrait d’Alek le Russe mais elle pourrait fournir une aide minime à celui ou celle qui entreprendrait cette tâche. Apprendre à faire connaissance … C’est comme une araignée tisse sa toile, c’est parfois long ou parfois très rapide.

Invité

[Bon, pas terrible, mais j'essaie de me remettre dans le bain, pardon de l'attente]

« - Non Alek … C’est moi qui suis désolée ! J’ai été indiscrète et bien trop directe ! Je te demande de m’excuser. »

Le dénommé Alek accentua son sourire un tant soit peu avant de retrouver un visage neutre, dénué d'expression. Mais, oui, elle avait raison, il était vide, il s'était vidé, il y a bien longtemps, quand il avait tout perdu de sa vie d'avant. Il n'avait pourtant pas eu grand chose de bien dans son humble vie, mais la fortune voulut que la vie lui reprene tout ce à quoi il tenait le plus. Pensivement, il se frotta légèrement la hanche gauche, la douleur des souvenirs refaisaient surgir une souffrance bien plus physique, mais le geste avait été si naturel et automatique qu'il n'y pensa même pas. Il farfouilla dans son sac pour y trouver deux pommes, il en proposa une à Caitlyn et mordit dans l'autre. Les pommes, rien de mieux quand on veut bien finir un repas.

« - Je n’avais pas l’intention de changer quoi que ce soit chez toi, Alek ! Tu es quelqu’un de bien … Peut-être légèrement ronchon quand on te réveille la nuit mais … Je comprends parfaitement. »

Oui, un peu ronchon. Bah allez vous faire réveiller par le froid, une Walkyrie et une belle bosse, ça ne va pas vous faire plaisir, bah pour Alek, c'était la même chose et encore, il avait connu des réveils plus douloureux encore, donc là, il savait comment gérer et puis il avait eu besoin de se réveiller juste à temps, donc pour le moment c'était une belle journée qui commençait, ou nuit, ou soirée, il ne savait toujours pas l'heure dans ces souterrains. Mais ça c'était une autre histoire. Il ne reconnaissait pas encore les couloirs qui menaient il ne savait où. Il ne savait pas pourquoi d'ailleurs, car à la mine, tous les tunnels se ressemblaient et il pouvait s'y diriger, encore aujourd'hui, les doigts dans le nez et les yeux bandés, mais ici... C'était bizarre, c'était comme si son cerveau ne voulait pas se rappeler.

« - Et si nous en revenions à cette phobie ? »

Bah, il ne savait pas trop comment aborder le sujet. Dire tout de but en blanc ou bien utiliser quelqu'un d'autre. Malheureusement, elle était psychologue et donc connaissait tout les trucs et astuces de ses patients pour éviter de dire quelque chose qu'ils ne voulaient pas dire. Le russe hésitait. Parce qu'il n'était pas un de ses patients justement, parce qu'il ne voulait tout bonnement pas lui dire, parce qu'il connaissait la réponse, parce qu'il ne savait pas où commencer, parce que cela lui faisait drole de tout débaler comme cela, parce que voilà quoi. Alors il garda encore un petit peu le visage fermé, les mots venant jusqu'à la barrière des lèvres, mais n'ayant pas de force pour parvenir au domaine de l'audible.

« - Si tu veux toujours une réponse à ta question je crois que je peux t’en procurer une … Ce n’est malheureusement pas une formule magique et tu ne guériras pas de cette phobie en une seconde ou facilement ! On ne se débarrasse pas de ces choses-là aussi simplement ! »

- Alors oublie-ça. C'était bête de demander.

Non ce n'était pas bête de demander, mais il n'allait pas raconter toute sa vie à cette jeune femme que d'une il ne connaissait pas, et deux qui avait l'âge d'être sa fille. Même si elle était psy, il n'avait aucune envie de tout lui bazarder comme cela et de lui polluer sa si courte vie. De toutes façons, elle le lui avait bien dit, des cures, il n'y en avait pas, le temps, la volonté et l'essai, il n'y avait que cela, alors soit, il garderait ça pour lui et il vivrait avec. Après tout, il n'était ni une poule mouillée qui se plaignait à tout-va et il n'était pas le seul a avoir des problèmes psychologiques, donc, oui, voilà, il était comme tout le monde, il garderait ses problèmes à lui tout seul. C'était décidé, il n'ouvrirait plus la bouche pour raconter des aneries que personne ne voulait en plus entendre.

- C'est pas contre toi... C'est juste que ça fait remonter des souvenirs qui me laisseraient ronchon le reste de la journée, ou nuit... enfin pour quelques heures.

Il termina sa pomme, ne laissant rien que la queue, il avait appris à ne pas gaspiller, le trognon, c'était bon aussi, un point c'est tout. Non, c'était vrai qu'il n'avait pas envie de parler de son passé comme ça, dans un couloir comme on demande la pluie ou le beau temps. Et puis, c'était son jardin secret, la seule possession aui était encore bien à ui et à personne d'autre. Mais bon, tout cela ne l'aida pas à trouver un autre sujet de conversation. Bon, bouffe était égale à tabou, la peur c'était une conversation interdite, qu'est-ce qu'il pouvait bien rester? Pas question de parler du passé? Bah, alors le présent ou bien le futur... Oui, aller, tant pis si elle n'aimait pas les changements brutaux de sujets.

- Quand il n'y aura plus de machine, tu feras quoi?

Invité

Caitlyn sentait le malaise qui régnait entre eux, il refuse de continuer à parler de sa phobie … À quoi jouaient-ils ? Elle fronça les sourcils, prête à riposter et le faire parler qu’il le désire ou pas. C’était ça aussi son travail ! Aider les gens à se débarrasser de choses qu’ils n’avaient plus envie d’avoir sur le cœur ou la conscience. La belle brune n’eut malheureusement pas le temps d’en placer une, il reprit la parole, la coupant dans son élan d’enthousiasme. Sa réponse était claire … Elle n’aurait rien de mieux provenant de lui, pas aujourd’hui ! Caity respectait cela. Elle était psychologue, certes, mais pas une emmerdeuse qui le harcèlerait jusqu’à ce qu’il cède. S’il désirait prendre le temps … Ils le prendraient ! De toute façon, la demoiselle parviendrait à le faire dire ce qu’elle voulait entendre un jour ou l’autre. En attendant, s’il ne voulait pas coopérer, Alek allait devoir endosser sa phobie quelques jours de plus. La jeune femme s’apprêta à relancer la conversation mais elle stoppa son intention. Que dire ? Que faire ? Ils avaient épuisés les sujets normaux et quels autres sujets intéressants s’offraient à eux ? Caitlyn marchait dans le couloir sans se préoccuper du lieu vers lequel il se dirigeait, l’homme ne semblait pas pressé de l’abandonner et sa nuit s’achevait là. Ils avaient encore l’opportunité de prolonger la conversation autant en profiter !

Alek termina sa pomme, terminer est le mot exact ! Il la dévora jusqu’à ce qu’il n’en reste que la partie « immangeable ». Les survivants vivaient difficilement, ce n’était pas tous les jours très simple de se nourrir, s’entretenir, … Mais tout de même ! Jamais elle n’avait croisé quelqu’un qui avalait une pomme dans son entièreté. Les yeux de la demoiselle restèrent fixés quelques instants sur la toute petite partie qu’il restait du fruit, celle-ci était encore entre les doigts du nouvel arrivant. L’homme ne remarqua sans doute pas sa stupéfaction car il repartit sur un tout autre sujet de discussion … Caitlyn ne se priva pas un éclat de rire, le pauvre Alek ne comprendrait certainement pas son hilarité soudaine mais pour la miss tout était clair et si absurde … Les mots de son interlocuteur la faisait se tordre de rire. Il était sérieux ! Il avait sincèrement posé cette question en espérant une réponse logique de la part de la jeune femme. Caity se redressa et le dévisagea un long moment.

« - Je ne voudrais pas me faire de faux espoirs … Je sais que les machines ne disparaîtront pas si facilement ! Je préfère ne pas m’aventurer dans un futur incertain. »

Sa réponse était vague mais c’est tout ce qu’elle pouvait lui donner ! Caitlyn était une optimiste, elle aurait aimé se convaincre parfaitement que les machines seraient exterminées par les humains. Mais au stade où ils en étaient … La survie était extrêmement difficile, ils n’étaient jamais en sécurité et les robots pouvaient leur tomber dessus à tout moment. Les quelques humains encore en vie s’enterraient dans des tunnels souterrains pour survivre et pour qu’il y ait des générations futures, il faudrait que des enfants naissent, parviennent à l’âge adulte. La psychologue voulait voir la vie en rose mais c’était tellement compliqué ! Le stress des gens était palpable … Ils jouaient sans cesse avec le feu et ils risquaient tous de se brûler. Caity ne voulait pas imaginer un monde sans machines, le retour à la réalité n’en serait que trop dur ! Hors de question de nourrir de faux espoirs qui lui briserait sa motivation.

« - Je suis optimiste mais pas idiote ou ignorante … Je sais que le combat qui nous attend va être le plus éprouvant que nous n’avons jamais connu. J’ai peur de me projeter dans un monde irréel, je me contente de vivre le moment présent et d’aller de l’avant ! Ce n’est pas la meilleure technique je te l’accorde mais … C’est celle que j’ai choisi. »

C’était dis … Apparemment Alek ne voyait pas les évènements de cette façon, Caitlyn ne le jugerait pas ! S’il voulait entretenir l’espoir de voir un jour tous les robots réduits à néant, elle accepterait. De toute façon elle n’avait aucune emprise sur lui, pas de conseils ou d’ordres à lui donner. Cependant la jeune femme ne le laisserait pas s’enfoncer dans l’imaginaire, ils vaincraient certainement leurs bourreaux mais pour ça …. Il leur faudrait du temps ! Peut-être plus qu’ils n’en possédaient et se seraient peut-être leurs enfants ou leurs petits-enfants qui finiraient le travail qu’ils avaient commencés. Après tout qui sait quand cette guerre abjecte prendrait fin ? La demoiselle fit un petit sourire à Alek, elle s’imaginait mal l’homme reprendre une vie normale. Un simple regard sur ses vêtements, son attitude, son visage, sa démarche, … Tout ! Caity ne pensait pas qu’il puisse un jour tirer un trait sur tous les évènements qui s’étaient passés. Qui le pourrait ?

« - Parlons d’un sujet qui m’intéresse beaucoup ... Combien de temps vas-tu tenir enfermé ici ? »

Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de la demoiselle, c’était une situation très compliquée ! Vivre en toute liberté, n’avoir personne à écouter, pouvoir faire tout ce que l’on veut où l’on veut. À la base, se serait différent ! Alek aurait des règles à suivre, des ordres à respecter et des horaires à endosser. Caitlyn avait fais des efforts surhumains pour ne pas perdre le contrôle, elle avait été si longtemps seule et livrée à ses désirs ! Et subitement … Des inconnus lui avaient dis quoi faire et comment le faire, ils l’avaient recueillie et nourrie mais elle devait vivre comme eux et s’adapter à leurs codes, leurs fonctionnement. Ce n’était pas si simple de vivre en si grande communauté, beaucoup de gens le supportaient mal. Ils étaient nombreux … Assez nombreux pour que des règles strictes soient établies, heureusement les survivants possédaient encore une certaine liberté ! Ils pouvaient se balader dans la base et en temps normal au dehors lorsqu’ils le désiraient, ils pouvaient se rendre à la cafétéria de jour comme de nuit et tant qu’ils respectaient les autres individus … Rien ne leur était interdis.

« - C’est insupportable au début … Mais avec le temps on s’y fait ! Je te rassure, tu ne seras pas le seul à ne pas supporter ! Si tu as besoin d’aide, je suis là n’oublie pas … »

Elle lui donna un amicalement un petit coup dans le bras, tout en laissant s’échapper un petit rire. Alek allait apprendre ce que c’était le calvaire des souterrains !

[ Encore désolée pour le retard ... ]

Invité

Elle se mit à rire incontrolablement. Qu'avait-il dit de risible? Parce qu'il posait juste la question de quoi faire après la guerre? Quoi? Elle n'y croyait pas? Il était pourtant sérieux. Très sérieux même. Lui, il savait ce qu'il ferait après. Il retournerait en Russie, il reprendrait le travail à la mine. Après tout, il ne savait faire que cela. Et puis, c'était une énergie, peut-être vieille, mais bien plus facile à utiliser que ne l'était les hydrocarbures. Donc il y aurait de l'embauche, il aurait du boulot et il pourrait gagner un peu mieux sa vie. Il était sûr et certain qu'il verrait l'autre bout de la guerre. Il resterait marqué, c'était certain, mais il repartirait sur un pied nouveau. Elle parlait d'optimisme, mais aux vues de ses paroles, elle ne l'était pas vraiment. Bien sur que cela serait difficile, qu'il y aurait des morts, mais...

- Il n'y a pas de vie sans espoir...

Il marchait à ses côtés, n'ayant aucune idée d'où il allait, les mains dans les poches, la faible lumière du couloir était assez suffisante pour les guider sans qu'il n'ait à sortir de quoi s'éclairer d'avantage. Il était encore perdu dans ses pensées. Il n'y avait pas de vie sans espoir, c'était vrai. Il se rattachait à un espoir, fou, certes, mais un espoir quand même, sinon qu'est-ce qui pouvait bien le retenir dans ce monde détruit, anéanti par des machines qui ne peuvent connaître ce qu'est un rêve ou un espoir. Non, le monde n'était pas fait pour elles, le monde était celui des humains et un jour ou l'autre, qu'importe le prix, il le redeviendrait. Il avait tout perdu, alors la seule chose qui lui restait, ce semblant d'espoir, qu'on ne lui reprenne pas. Il se battrait corps et âme.

« - Parlons d’un sujet qui m’intéresse beaucoup ... Combien de temps vas-tu tenir enfermé ici ? »

Il se stoppa net, redressa le regard et le planta droit devant lui, à travers de la noirceur, tout au bout du couloir. Combien de temps? Si cela ne tenait qu'à lui, il serait déjà loin, loin, loin, très loin d'ici. Ici, ce n'était pas la sécurité. Trop de monde, trop de personnes, trop de possibilités de destruction, trop d'erreurs possibles. Il n'y avait rien pour lui ici. Mais il avait eu besoin de faire un break, calmer son esprit, recouvrer un semblant de santé, car il était sur les nerfs, insomniaque comme il était. Il avait besoin de repos, néanmoins, cela ne semblait pas vouloir venir à lui. Il attendrait un peu, c'était sur, mais pas trop. Ce ne fut qu'au bout de quelques longues, très longues secondes qu'il parvint à arracher ce même regard pour le reposer à terre, pas loin de ses pieds.

« - C’est insupportable au début … Mais avec le temps on s’y fait ! Je te rassure, tu ne seras pas le seul à ne pas supporter ! Si tu as besoin d’aide, je suis là n’oublie pas … »[/b]

[i]Elle en rajouta une couche et sur le moment, Alek s'enferma une nouvelle fois, son visage inexpressif semblait figé dans du pur marbre. Froid il était. Non, il ne le supporterait pas longtemps. Mais oui, il savait qu'elle serait là pour lui, si besoin était. Alors il se redressa un petit peu. Au même moment, elle le poussa doucement, mais il n'y répondit pas vraiment et se laissa aller pour revenir se positioner sur ses pieds. Il finit par dire tout de même.

- Je ne tiendrai pas longtemps. Je n'aime pas la terre. Elle est froide, noire, dangereuse, traitresse. Elle s'écroule sur votre tête alors que l'on croit que les étais tiennent. Elle vous noie quand on la croit sèche, mais que l'on a pas vu la rivière souterraine. Elle vous asphyxie quand on croit que l'air est pur. Non, la terre n'est pas belle. Je n'aime pas vivre sous la terre, on ne sent pas le vent, on ne voit pas le jour. Il n'y a rien pour nous, sous la terre, si ce n'est souffrance, cauchemars et peine.

Il connaissait la terre que trop bien. Toute sa vie sous la terre il avait passé. Son boulot à la mine, depuis tout jeune. Sa servitude parmi les robots à Detroit. Il s'approcha d'un mur en béton que les resistants avaient surement construit pour renforcer la voute de terre et son tunnel. Il caressa la surface rugueuse et leva le nez vers le plafond. Il était plat. Hmm, pas bon. Cela pouvait s'écraser facilement, une bombe et ça pouvait piéger qui que ce soit à l'intérieur. Mieux valait des arcades, c'était plus costaud, c'était plus résistant, mais il était vrai que c'était particulièrement chiant à construire.

- Vous avez de la chance pour le moment, car la terre vous protège, mais ne vous attendez pas à ce qu'elle le fasse indéfiniment. Un jour... les tunnels s'effondreront et les couloirs résonneront des cris des morts, des blessés... à jamais.

Combien d'hommes avait-il vu mourir par des grisou, par des étais mal positionner. Une simple secousse et ils mourraient, dans la souffrance, les poumons gorgés de charbon, sans lumière, dans la chaleur et la sueur. Et après, les hommes qui retravaillaient entendaient les cris des prisonnier de la terre. D'autres mauvais souvenirs qu'il avait jusqu'à lors oublié refirent surface. Rah, il chassa les images de son passé alors qu'il retirait sa main du mur et se tourna vers la jeune femme.

- Je sais que c'est le seul moyen, sûr, de nous cacher des machines. Ici on peut vivre plus ou moins libre, certains nous protègent, d'autres dictent les ordres, les derniers obéissent. C'est un bon système en quelque sorte. Mais ce n'est pas le bon moyen pour vivre. Après, si tu veux croire que je suis idéaliste, libre à toi, mais je sais que la terre ne sera pas toujours de votre côté.

Il soupira avant d'effacer les paroles d'un coup de main et d'offrir un petit sourire.

- Quand je t'ai dit que je deviendrais ronchon... J'avais pas menti...

Il sortit de sa besace une minuscule boussole et vérifia la direction qu'il prenait. Il haussa les sourcils, étonné de la réponse qu'il découvrit. Ah ouai? Sud ouest, c'était bien la preuve qu'il n'arrivait pas à se repérer ici. Surement un blocage qu'il se faisait... Enfin qu'importe...

Invité

La réplique d’Alek fit sourire la demoiselle, elle avait de l’espoir ! Mais elle ne voulait pas risquer de perdre ce qu’il lui restait d’enthousiasme. Elle tâchait de ne pas trop penser à l’avenir, il semblait si lointain ! Elle voulait vivre pour le présent, vivre sa vie tant bien que mal … Le Russe ne voyait pas les choses sous cet angle, elle respectait son point de vue. Chacun sa technique pour s’accrocher, Caitlyn persistait à croire qu’ils avaient tous une « bonne étoile » qui veillait sur eux ! Comment seraient-ils encore en vie si ce n’était pas le cas ? La demoiselle avait eu énormément de chance au cours de son voyage jusqu’à la base, elle avait toujours échappé de peu aux camps de travaux forcés. Elle en était véritablement heureuse, des amis lui avaient expliqués quels genres de traitements, ils leur infligeaient là-bas. C’était horrible … Caity ferma les yeux encore plongée dans de mauvais souvenirs et de mauvaises révélations de ses patients.

La psychologue vit que ses paroles troublaient Alek, elle fronça les sourcils … Était-ce la fatigue qui la rendait si directe et si stupide ? La belle brune secoua la tête, elle le décourageait ! Elle l’encourageait presque à partir, il fallait réparer l’erreur. Malheureusement ses mots avaient déjà percutés l’esprit de l’homme, il ne réagit pas à sa tentative de plaisanterie et n’entra pas dans le jeu lorsqu’elle le bouscula. Ce qu’il lança ensuite la fit frémir, comment pouvait-il dire ça ? Les yeux de la jeune femme s’emplirent de larmes qu’elle retint. Alek ne devait pas voir à quel point il l’horrifiait en ce moment … Ce n’était pas volontaire ! Il était franc et Caitlyn aimait la franchise. Souffrance, cauchemars et peine. Ces trois mots résonnèrent dans sa tête comme s’ils avaient été hurlés dans un grand couloir vide. Le Russe était doué pour mettre le moral des gens à zéro ! Des images atroces d’effondrements et de vie humaines arrachées vinrent s’imposer aux yeux de la demoiselle.

*Tu vas te taire !*

Elle avait envie de le hurler, de lui mettre un énorme coup de marteau ou de n’importe quoi sur l’arrière de crâne ! Non mais pour qui se prenait-il ? Caity vivait ici ! C’était sa maison, son chez elle ! Tous ses nouveaux proches étaient là … Vivaient, respiraient, mangeaient là. Et Monsieur arrivait avec ses grandes phrases bien préparées pour détruire tous les faux espoirs de la jeune femme, les larmes coulèrent involontairement. Quel genre de monstre était-il ? Comment peut-on faire autant de mal sans même s’en apercevoir ? La détresse de la brunette se faisait ressentir … Et que trouva-t-il utile de faire ? En rajouter une couche ! Les cris des morts et des blessés ? Des enfants logeaient dans ces tunnels, des personnes fragiles, des blessées graves et Alek venait lui dire ça ! Les larmes coulaient désormais comme l’eau s’enfuit le long d’une rivière. Elle le détestait pour ce qu’il disait … Elle aurait aimé le tuer sur le moment !

Le dernier monologue fut celui de trop, elle s’arrêta, incapable de faire un pas de plus. La terre allait se retourner contre eux ? Ils devraient faire quoi selon lui ? Continuer à fuir et ne jamais tenter de se battre ? Rester à découvert pour tous finir dans des camps ? Il pouvait partir tout de suite s’il le désirait ! Caitlyn attendait cet instant avec impatience. Ils étaient restés ensemble un long laps de temps et tout à coup, il était devenu monstrueux, d’une humeur exécrable. La belle brune supportait bien les gens comme Alek mais pas lorsqu’ils semaient de terribles doutes dans son esprit ! C’était sa seule maison ! Elle n’avait plus rien, plus personne à part la base et les survivants. La haine se lisait dans les yeux de la demoiselle. Elle serra les poings, enfonçant douloureusement ses ongles dans la paume de sa main.

« - Ronchon était un euphémisme ! »

Sa voix s’était brisée … Il savait désormais quel impact ses mots avaient eu sur elle, Caitlyn vint à lui telle une furie et se posta face à lui. Elle en avait assez de pleurer pour une bande d’idiots qui n’avaient rien d’autre à faire de leurs journées que de la faire souffrir ! La psychologue le fusilla du regard, elle avait mal aux mains et la rage qu’elle ressentait ne désirait pas se dissiper. Alek n’avait décidément rien à faire à Niagara Falls ! Il n’avait pas sa place ici … Cet endroit si peu sûr et si peu fiable n’était pas pour lui, l’extérieur et les camps l’étaient beaucoup plus. La jeune femme se mesura à lui de toute sa hauteur, il faisait deux fois sa taille et trois fois son poids mais il ne l’intimidait absolument pas ! Caity fronça les sourcils et se lança dans un discours qu’il n’oublierait pas si facilement !

« - Je vis ici depuis longtemps ! Tous mes proches sont ici et je n’ai plus personne dehors, si la base s’effondre … Je préfère mourir dans les décombres que de survivre ! Ici, j’ai toute ma vie et toi tu viens de me faire entrer dans le crâne tous les pires scénarios que j’avais imaginé à mon arrivée ! Rien que pour ça, Alek, je te déteste du plus profond de mon cœur. Tu ne réfléchis jamais avant de parler ? Ton égoïsme ne te permet pas de te taire parfois ? Désormais je vais certainement craindre pour ma vie et celle de mes proches et se sera de ta faute, pauvre idiot ! Je te souhaite de vite partir d’ici et de jamais revenir … Bon voyage et adieu ! »

Sur ces mots, elle lui tourna le dos et redressa le menton bien haut. Toute dignité était perdue, les larmes ruisselaient sur ses joues mais tant pis ! Caitlyn n’avait plus confiance en ces murs fragiles qui l’entouraient et tout était de la faute d’Alek … La psychologue le haïssait à un point incroyable, elle enrageait et brûlait d’hystérie intérieurement. Mieux valait pour le Russe de ne plus jamais recroiser son chemin ou il risquait de sérieux problèmes ! Rancunière et énervée comme elle l’était contre lui, leurs chemins prendraient soin de ne pas se croiser … C’était beaucoup mieux comme ça !

*C’est décidé, la prochaine fois que je réveille quelqu’un durant son sommeil, je ne lui révèlerais pas mon erreur !*

Invité

Il avait parlé avec son coeur. Cela pouvait pourtant paraître bien froid, comme un homme dénué de sentiment. Peut-être l'était-il devenu, en fin de compte, il avait du se protéger par rapport à ce qu'il avait vu, entendu. Combien de mineurs avaient péris dans les éboulis des mines? Combien de femmes les avaient regardé, d'un air de dire "et pourquoi pas vous"? Il avait souffert sous la terre, il avait saigné, il avait tant perdu. Toute sa vie avait été faite pour piocher tout au fond des longs couloirs de charbon.

« - Je vis ici depuis longtemps ! Tous mes proches sont ici et je n’ai plus personne dehors, si la base s’effondre … Je préfère mourir dans les décombres que de survivre ! Ici, j’ai toute ma vie et toi tu viens de me faire entrer dans le crâne tous les pires scénarios que j’avais imaginé à mon arrivée ! Rien que pour ça, Alek, je te déteste du plus profond de mon cœur. Tu ne réfléchis jamais avant de parler ? Ton égoïsme ne te permet pas de te taire parfois ? Désormais je vais certainement craindre pour ma vie et celle de mes proches et se sera de ta faute, pauvre idiot ! Je te souhaite de vite partir d’ici et de jamais revenir … Bon voyage et adieu ! »

Il savait parfaitement qu'elle n'était pas du tout au courant qu'il n'avait jamais dit à qui que ce soit ce qu'avait été son enfance et adolescence, même sa vie adulte et ce, il ne lui en voudrait pas quoi qu'elle dise. Mais n'était-ce pas juger les gens quand on envoie tout balader ainsi, comme elle le faisait? Qu'elle le déteste oui. Si cela pouvait la rassurer d'une certaine manière. Son regard ne la lacha pas.

*Tu vis ici ou tu survis ici? C'est une vie que tu voudrais avoir, pendant des années? Tu n'as pas idée de ce que j'ai vécu sous la terre. Je déteste la terre pour ce que j'ai vécu, mais je hais encore plus le ciel pour ce qu'il m'a pris. Tu crois que vivre en surface me plait plus? Déteste-moi si tu veux... Tu es une amie et je ne voudrai pas aller à l'encontre de tes paroles. Alors, oui, déteste-moi. Croyais-tu qu'ici tu serais en sécurité, en totale sécurité? Apprends à traverser la rue à un enfant, il y aura toujours une voiture pour le renverser quoi qu'il fasse. Pauvre idiot? Pauvre peut-être, idiot surement. J'ai ma vie et tu as la tienne, si c'est ainsi que tu me dis adieu alors j'en fais de même...*

Mais cela ne voulait pas sortir. Il n'avait pas tout lui rebalancer dans la figure ainsi, cela ne ferait qu'envenimer la situation. Elle l'avait blessé et il venait de le faire. Il en était vraiment désolé. Il n'avait pas voulu lui dire tout cela, mais c'était elle qui avait posé la question en fin de compte. Le russe baissa le regard, par ses adieux, elle terminait la conversation. Elle lui tournait désormais le dos. Il y avait tant de chose qu'elle ne savait pas, qu'elle ne pouvait pas même deviner. La torture pouvait être physique certes, mais elle l'est bien pire sur un plan moral et psychologique. Elle devait bien le savoir si elle était ce qu'elle prétendait être. En fin de compte, il se rendit compte qu'elle était certainement la plus fragile de tous, ici. Cela devait être un poids considérable à porter toutes les peines, les souffrances des autres. Pour cela, il ne voulait rien lui dire, tout garder, il n'allait pas l'accabler encore plus, bien qu'il était trop tard désormais. Il s'en voulait maintenant. Il n'avait jamais voulu que cela se termine ainsi. Tant pis, ce qui était fait était fait, il ne pouvait pas revenir en arrière. Il hésita un instant avant de se lancer aussi, ne voulant la blesser d'avantage, il garda ses paroles courtes, sa voix frolant le seuil de l'inaudible.

- прощайте, прощание. (*pardon, adieu*)

Il garda sur elle un regard triste avant de reprendre sa route dans l'obscurité croissante du tunnel. Il ne la croiserait plus, ou bien s'arrangerait à disparaitre si jamais il la voyait arriver. C'était ce qu'elle voulait, il ne pouvait pas aller à l'encontre de ses choix. Caitlyn avait pleuré, il s'en voulait. Il allait bien trouver la sortie de ce labyrinthe. Alek n'était pas de ceux qui cherchait à s'imposer, s'il n'était pas le bienvenu ici, alors il repartirait, cela avait été une erreur de venir ici, se mêler à la foule alors qu'il avait vécu tant de temps seul. Le dos vouté, les mains dans les poches, le regard par terre, il était plus que jamais fatigué. Il ne savait pas où il allait, mais il suivait le chemin, comme la vie coule et ne se termine au détour d'un carrefour... Il sortit finalement le tube à essai de sa besace et le liquide de ce dernier émettait une faible lumière bleutée qui lui éclairait la route devant ses pas. Oui, malgré tout, il y avait de la lumière dans le noir, un espoir dans la vie...

Invité

Elle avait tourné les talons, ses mains lui faisaient mal tellement elle enfonçait ses ongles dans ses paumes, les larmes ruisselaient sur ses joues. La voix lointaine d’Alek retentit alors dans le couloir, il dit quelque chose dont elle ne comprit absolument rien ! La jeune femme ne tenta même pas de se poser des questions ou de mieux cerner le sens des mots, elle voulait l’abandonner là et lui dire adieu une bonne fois pour toute. Dix pas … Dix pas et elle brûlait de culpabilité et de honte. Caitlyn s’insulta intérieurement de toutes les injures qui lui passaient par l’esprit, c’était elle la psychologue ! Elle se comportait comme une gamine trop sensible et bien trop fragile. Le Russe n’avait pas voulu la blesser ou l’inquiéter davantage, il n’avait pas franchement réfléchi à ses paroles mais son but n’était pas de faire souffrir la demoiselle. Malheureusement elle le comprit trop tard ! Caity s’adossa à un mur et soupira longuement, elle ne pouvait pas faire une crise de colère sans la regretter amèrement quelques minutes plus tard. Alek devait être loin désormais … Trop loin pour qu’elle le rattrape, tant pis, leur début d’amitié prenait fin là où il avait commencé.

Et puis quoi ? Caitlyn inspira profondément et au risque de passer pour une indécise à moitié délirante, elle partit en courant dans la direction qu’avait pris Alek. Il fallait impérativement qu’elle le rattrape … Elle devait au moins lui dire qu’elle ne le détestait pas car c’était faux, elle l’aimait beaucoup ! Beaucoup trop pour quelqu’un qu’elle ne connaissait que depuis si peu de temps. La belle brune voyait les couloirs défiler, ils se ressemblaient tous et aucun Alek en vue. Soudain une petite lumière l’alerta. La psychologue se pencha en avant tout en plissant les yeux pour voir de quoi provenait la lueur, il s’agissait d’un tube à essai qu’un homme brandissait devant lui. Caity afficha un large sourire, le Russe était face à elle … Il devait la haïr lui aussi ! Ses mots avaient été durs, violents, dégradants ! La jeune femme baissa les yeux, les posant sur les chaussures de l’homme. Il ne méritait pas du tout le traitement qu’elle lui avait fais subir.

« - Je regrette Alek … Je regrette vraiment ce que j’ai dis ! Je ne le pensais pas du tout … Je t’aime beaucoup ! »

Elle s’avança vers lui et franchissant encore la barrière qu’il instaurait entre eux, elle se serra contre lui en l’étreignant furtivement. Elle s’en voulait et c’était les seules véritables excuses valables qu’elle pouvait lui présenter … Les mots ne suffisaient pas à exprimer la honte et le désespoir qu’elle ressentait. Alek avait le droit de lui en vouloir, elle ne protesterait pas ! Certainement pas après l’avoir malmené de la sorte. Caitlyn osa enfin relever les yeux, passant la moindre partie du corps de l’homme aux « rayons X » et son regard croisa enfin celui du Russe. Désormais elle ne pouvait plus rien faire ! S’il ne voyait pas dans ses yeux qu’elle était vraiment désolée … La psy’ pouvait faire demi-tour et retourner se coucher. La brunette soupira longuement, se déchargeant en partie d’un poids qui pesait sur ses frêles épaules. Pas besoin de tenter de se justifier, elle avait fais une erreur et elle réparait.

« - Je sais que c’est compliqué de discuter avec moi ! Et ce que je vais te demander te semblera absurde après ma réaction mais … Je t’en supplie Alek, reste toujours aussi franc avec moi ! J’ai besoin que pour une fois quelqu’un me dise la vérité sans vouloir me protéger ou m’épargner les détails les plus inquiétants ! »

C’était parfaitement vrai … Avec toutes les larmes qu’elles versaient, elle paraissait trop fragile pour supporter les mauvaises nouvelles ! Tout le monde lui disait toujours qu’ils vivaient dans le meilleur des mondes. Ils voulaient la protéger et pour cette raison, Caitlyn les adorait et ne pouvait leur vouloir. Mais trouver enfin une personne qui accepte de lui dire la vérité telle qu’elle l’était réellement lui faisait énormément de bien ! Sa toute nouvelle amitié avec le Russe était très fragile, à deux doigts de se briser en milles morceaux et Caity ne voulait pas perdre cet homme qu’elle appréciait déjà énormément ! Elle connaissait très peu de choses à son sujet … Si peu qu’elle ne pourrait même pas dresser un portrait général de lui mais ce qu’elle savait lui suffisait pour que la miss puisse lui faire confiance. Qu’il ait fais n’importe quoi dans sa vie passée, elle ne voulait pas savoir ! Alek était quelqu’un de bien … Assez bien pour supporter qu’une inconnue à moitié hystérique l’insulte comme elle l’avait fais.

« - On se connait depuis si peu de temps et j’ai pourtant l’impression que si tu m’abandonnais maintenant, je passerais vraiment à côté d’une grande partie de ma vie ! »

Chaque individu comptait à la base, les morts se succédaient et Caitlyn enduraient le fait de voir ses proches mourir peu à peu … Elle se faisait de nouveaux amis et parfois, elle les perdait ! Mais Alek était quelqu’un de solide ! Il avait survécu jusqu’ici et il survivrait encore longtemps … Qui sait, survivrait-il peut-être jusqu’à l’extermination totale et définitive de ces maudites machines ? Caitlyn détourna le regard, elle ne pouvait continuer à le fixer droit dans les yeux. La psychologue ne savait plus quoi dire, à présent elle était complètement à cours d’arguments valables ! Miss Stamford lui fit un petit sourire qui se voulait encourageant … Ce ne fut pas totalement ce à quoi elle s’attendait mais ses lèvres affichèrent presque un sourire. Caity passa une main maladroite dans ses cheveux, le sommeil revenait par grands coups, elle sentait ses paupières s’alourdir mais elle n’irait pas se coucher avant d’avoir eu la confirmation et l’absolue certitude qu’Alek ne ressentait plus aucune animosité à son encontre. Elle pouvait se contraindre à rester éveillée jusqu’au lendemain s’il le fallait ! Le Russe était sa nouvelle priorité …

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Foutus couloirs qui se ressemblaient tous. Combien de fois il dut sortir la petite boussole pour qu'il sache dans quelle direction aller? Mais de toutes manières, il avait l'impression de tourner en rond. Néanmoins, le noir se refermait sur lui et bizarrement, il préférait cela que de voir les murs de sa prison souterraine. C'était étrange tout de même, il avait beau être légèrement claustrophobe, être tout seul dans le noir complet ne le gênait pas plus que cela. Bah, il ne l'était peut-être pas, après tout. Roh, il secoua la tête pour chasser les pensées idiotes et inutiles et continua sa marche, sans chercher à regarder encore la boussole. Il irait au pif. Le tube à essai phosphorescent devant lui pour voir où il allait, pour être sur de pas marcher sur un caillou, une caisse ou dans un trou, il arpenta les longs couloirs. Il y eu sur son chemin plusieurs portes, c'est ainsi qu'il découvrit une vieille centrale électrique inusitée, ainsi qu'une pièce qui avait du servir d'entrepot il y avait bien longtemps, et encore une autre où des tas de papiers poussièreux et en vrac sur le sol tronaient. Bah, cela devait surement être des pièces inutiles, du moins pour le moment, pour les membres de la base...

Au final, il se rendit vite compte et sans instrument s'il vous plait, qu'il rebroussait plus ou moins le chemin qu'il venait tout juste de faire. Valait mieux ne pas trop s'aventurer, les résistants avaient peut-être posé des pièges pour tout intrus non voulu dans ce coin de la base. Le silence l'entourait et au final, ce n'était pas plus mal, au moins, il ne risquerait pas de dire une connerie. Il semblait revenir vers la civilisation quand un bruit de pas se fit percevoir. Baissant légèrement le tube à essai pour ne pas être ébloui et ne pas éblouir la personne en face de lui, il continua sa marche, ralentissant pour finir par s'arrêter carrément quand il devina, plus qu'il ne vit, que la personne se présentait juste devant lui. Ce ne fut qu'au dernier moment qu'il ne remarqua la fine silhouette de Caitlyn et il fut tellement surpris de la trouver en face de lui qu'il sursauta à moitié. Il ne put s'empècher de se remémorer tout ce qu'elle venait, il y a quelques longues minutes, les viles paroles. Il resta un instant figé, ne sachant pas vraiment quoi répondre, ni comment. Dans sa tête, c'était pourtant bien clair, mais quoi qu'il eut pu dire, il l'avait blessé, il ne voulait pas recommencer.

Finalement, ce fut elle qui prit la parole, ajoutant de surcroit qu'elle l'aimait beaucoup. Il fut plus surpris qu'il ne pensait pouvoir l'être, sans parler qu'elle se jeta littéralement dans ses bras. Il ne put retenir un sursaut de pure surprise et fut paralysé un instant. Gêné, il finit par tapoter, d'un geste bien maladroit dans le dos de la jeune femme pour lui rendre, si l'on peut dire, un semblant d'embrassade amicale. Il n'avait jamais été proche de quelqu'un, d'un point de vue spatial, que lorsqu'il l'avait été avec Chewie. Pourquoi il se mit à penser à sa plus proche amie, il ne le savait pas vraiment, peut-être qu'en fin de compte, il ne l'avait jamais oublié et qu'elle avait toujours été présente en son esprit. C'était étrange tout de même, il n'aimait pas être aussi proche de quelqu'un, il avait besoin de son espace vital, encore une fois, son cerveau refusait tout contact trop... proche, pour ne pas dire intime. Enfin, quand la jeune psychologue se sépara, il respira à nouveau. Non pas qu'elle le dérangeait, mais parce qu'il se sentait particulièrement gêné, n'ayant que trop l'habitude de sa solitude éternelle. Elle reprit ses explications et cela le surprit tant et si bien qu'il ne put cette fois cacher son étonnement.

- Si... si tu veux.

La seule chose qui semblait assez cohérente avec tout ce qu'elle lui faisait subir. Si tu veux quoi? Qu'il parle franchement? Surement. Mais il était toujours franc. Du moins pour les choses qu'il voulait bien raconter. Le mensonge n'était pas son ami. Il disait ou il taisait, c'était là une règle qu'il voulait absolue. S'il ne racontait pas grand chose sur lui, il n'allait pas en inventer, il préférait tout simplement ne rien dire du tout. Chacun avait son jardin secret. Mais si elle voulait la franchise, il lui en donnerait à coeur joie. Cela lui rappela encore une fois Cheyenne. Combien de temps qu'il ne l'avait pas vu? Espérait-il seulement qu'elle soit encore en vie? L'espoir était certainement encore plus maigre que son idée de voir la fin de la guerre. Mais oui, tiens, il y croirait. Chewie était vivante, il s'en persuaderait jusqu'à preuve du contraire. C'était décidé. Il inspira une grande bouffée d'air qui symboliserait son nouvel espoir et chassa ses pensées pour revenir à la réalité et à Caitlyn. Il se pencha légèrement vers la jeune femme et posa les mains d'un mouvement hésitant sur les épaules de la jeune femme. Un grand sourire sur les lèvres, il ajouta:

- C'est à moi de m'excuser aussi... Je parle, je parle et j'oublie les autres. Mais si tu veux que je sois franc avec toi, je le serai, c'est une promesse, tant que tu me laisses ne pas dire ce que je ne veux pas dire.

Il n'était pas vraiment sur que cette phrase là était bien anglaise, mais tant pis, il espérait avoir utilisé les bons mots tout de même. Bon, il ne voulait pas non plus le quiproquo, alors il préféra rajouter, après les propres paroles de la jeune femme.

- Pour comprendre pourquoi j'aime pas la terre, en fait, je... je suis mineur, à l'origine. J'ai travaillé sous la terre, beaucoup de temps.

Puis après un large sourire, il termina par

- Je sais pas si je suis une grande partie de ta vie, mais je serais là, si toi, tu as besoin de quelqu'un pour passer tes nerfs ou si t'as un problème. Tu me promets ça?

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Caitlyn pouvait parfaitement comprendre la réaction d’Alek ! Après toutes les horribles paroles qu’elle venait de lui crache à la figure, elle arrivait comme une fleur et lui demandait de l’excuser. C’était une attitude contradictoire et n’importe qui aurait trouvé ça stupide mais la culpabilité est un sentiment on ne peut plus désagréable ! Miss Stamford constata avec soulagement qu’il n’y avait aucune colère sur le visage du Russe. Il était troublé mais apparemment pas énervé, la psychologue aurait détesté le voir se fâcher et lui dire qu’il ne voulait plus d’elle et de son humeur changeante sur son chemin. Sa demande fut encore plus étrange et elle s’amusa de la réponse hésitante d’Alek … Il acceptait de préserver la franchise ce qui était déjà un bon début ! Caitlyn s’était emportée et elle regrettait sincèrement ses mots malheureusement elle ne pouvait retourner dans le passé et sa seule solution était de réparer son erreur dans le présent. Un léger silence s’installa comme ces moments de calme complet où l’on a envie de ne rien entendre … Il faisait sombre et quelque peu froid mais Caity se sentait bien !

Alek rompit ce court silence en posant ses grandes mains sur les épaules de la demoiselle, ce qui la fit sourire. C’était la première fois qu’il s’autorisait un contact physique avec elle, peut-être était-ce un pas vers l’avant ? Caitlyn ne voulait pas précipiter les choses et elle écouta attentivement ce qu’il avait à lui dire. Ses excuses confuses furent dix fois plus touchantes que si elles avaient été prononcées plus clairement ! La jeune femme avait totalement compris le message et ça la soulagea d’entendre la promesse qu’il lui fit. Le Russe lui expliqua ensuite la raison pour laquelle il avait une si mauvaise estime de la terre … Caitlyn se sentit mourir de honte, elle avait envie de se faire toute petite pour qu’il ne la voit même plus. La psychologue n’aurait pas pu deviner qu’il avait exercé ce genre de travail dans le passé ! Elle voulut enchaîner par de nouveaux mots d’excuses mais il continua. Caity sentit une boule de joie mélangée à de la tristesse dans son ventre, après tout ce qu’elle lui avait dis comme méchanceté, il prenait soin d’elle !

« - Merci beaucoup Alek ! Mais si tu quittes la base je ne pourrais pas t’en parler … »

Elle esquissa un petit sourire, Caitlyn était profondément touchée par la demande du Russe, c’était si gentil de sa part de s’occuper d’elle. La jeune femme eut soudain une idée, ils devraient sans doute recommencer leur balade là où ils l’avaient laissée ! Elle avait encore tellement de choses à lui apprendre sur le fonctionnement de ces lieux, Caity le scruta un instant sans lancer le moindre mot. Elle tentait d’évaluer les chances qu’elle avait de se faire rejeter mais après tout, Alek avait peut-être envie de continuer leur petit tour ? La demoiselle haussa intérieurement les épaules et décida de lui poser la question :

« - Tu as envie qu’on reprenne la balade ? Je te promets de ne plus t’attaquer comme je l’ai fais … »

S’il tendait l’oreille, il pourrait percevoir la pointe de honte qui résonnait dans la voix de la jeune femme. Caitlyn n’oublierait pas ce passage si rapidement ! Le pauvre Alek allait avoir encore cette image d’elle dans une colère noire durant quelques temps … Elle tenterait de lui faire oublier cet aspect de sa personnalité en lui prouvant qu’elle pouvait tout aussi bien être une personne adorable et sympathique. Caity l’invita d’un regard à la suivre, de toute façon quoi qu’il ait envie de faire, elle pouvait l’accompagner là où il le désirait ! Elle hésitait à lui poser des questions sur son ancien métier, le passé devait rester derrière eux pour le moment et peut-être serait-il plus intelligent de ne pas en reparler tout de suite ? Miss Stamford ne savait plus vraiment sur quel pied danser et elle décida de changer complètement de sujet et de dévier sur quelque d’inédit !

« - Je ne sais pas si tu as eu le temps d’observer la cascade mais … Si tu veux un jour on pourrait s’y rendre ensemble ! J’adore cet endroit et je le trouve magnifique ! J’aimerais que tu viennes avec moi, ça te donnerait l’occasion de quitter les souterrains ! »

Caitlyn partait vers cet endroit dès qu’elle en avait la possibilité, c’était tellement agréable de nager tranquillement et de ne plus penser à rien d’autre … Oublier temporairement ses problèmes et sa nouvelle vie au sein de la base. Prendre un grand bol d’air frais ne pouvait tuer personne ! Après quelques temps sous terre, Alek aussi aurait impérativement besoin de respirer et de voir la nature d’en-haut. C’est exactement à ce moment-là que la psychologue se porterait volontaire pour l’emmener aux chutes de Niagara ! C’était tellement beau et si impressionnant que personne ne pouvait y résister. Caity lui fit un grand sourire, son invitation avait été proposée dans les règles de la politesse et en toute sympathie … Il n’avait pas le droit de refuser !

« - Tu m’as dis que tu n’avais pas l’intention de rester ici indéfiniment mais … Si tu pars … Tu me préviendras ? »

L’un des gros problèmes de Miss Stamford était sa facilité hors du commun à s’attacher à autrui, elle accordait trop vite son amitié aux gens ! En ces temps difficiles, il n’était pas tout à fait recommandé de s’attacher à tout le monde … Les gens pouvaient partir, être capturés ou tués à n’importe quel moment et c’était bien ça le plus dur ! Caitlyn détestait apprendre de si mauvaises informations mais si Alek désirait partir, elle aimerait en être informée par lui et pas par les rumeurs de la base. La psychologue traversa un couloir sombre dans lequel on entendait que le bruit de leur pas ainsi que celui de leur respiration. Il ne lui fallut que quelques secondes pour qu’elle se repère, le prochain couloir serait important pour leur future destination. Caity avança sans se retourner, elle craignait de faire volte-face et de s’apercevoir qu’elle était seule … Le Russe était libre de ses mouvements, il pouvait à tout instant se retourner et la laisser délirer seule dans les couloirs obscurs. Elle s’arrêta lentement et inspira.

« - Alors par où veux-tu commencer ? »

Un couloir à droite et un autre à gauche, lequel choisir ?

[ Je suis vraiment désolée du retard ... Je me rattraperais au prochain en postant vite ! ]