Nadia était de garde à l’une des entrées de la base. Son camarade Ours l’avait laissé tombé pour aller folâtrer dans les buissons avec une habitante de la base. La jeune femme le laissa faire. Elle était capable de surveiller cette entrée seule et puis, il fallait savoir décompresser un peu. Les résistants étaient à bout de nerfs ces derniers temps. La frustration se faisait sentir.

La belle jeune demoiselle faisait de fréquent tour d’horizon afin de s’assurer que le périmètre était sécuritaire. Dans ses mains, une arme à longue portée suivait le mouvement circulaire de ses yeux. À sa ceinture, un petit pistolet et des recharges tombaient lourdement sur ses hanches fines. Ses yeux se posèrent sur le campement des Nomads. Elle les voyait s’activer, discuter vivement entre eux, comme s’ils se disputaient. Le climat n’était pas au beau fixe de leur côté non plus. Nadia poussa un profond soupir. Pourquoi ne pas s’entendre? Cela réglerait bien des choses.

«Faites un peu moins de bruit, vous deux, je suis là et vous me déconcentrez de mon devoir.» Adressa-t-elle à un buisson qui rigola pour finalement se taire.

Appuyée contre le mur de béton froid, Nadia se mit à siffler un air de musique populaire qui jouait chez elle, à Toronto. Ainsi, elle enterrait les ébats de son camarade et se rappelait en même temps de merveilleux souvenir. Comme la vie des résistants était monotone! Elle jeta un regard en coin à la bague rose en forme de fleur à son annulaire, petite touche de couleur dans ce monde de béton et de tristesse.

Le Green Bear sortit du buisson, échevelé, les joues en feu, déboussolé. La jeune femme n’était pas dans un meilleur état. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Nadia. Cette vision lui rappelait ces belles années au chalet de Bill, avec les jeunes résistants de son âge.

«Rentre, je vais continuer seule.» Adressa-t-elle à son compagnon en lui faisant un clin d’œil complice.

Celui-ci articula un merci silencieux avant de lui tapoter l’épaule en guise d’affection. Son regard légèrement embué faisait rire Nadia qui reconnaissait cette expression qu’elle avait vu si souvent, causé par nulle autre qu’elle-même.

La Canadienne fut dorénavant seule devant l’horizon, seule pour affronter l’inconnu. Mais elle n’avait pas peur. Elle se savait capable de terribles choses sous le coup de l’émotion. On l’avait intégré à l’équipe pour son courage et son amour pour les Hommes. Cette pensée la ramena directement à son père, ce qui la poussa dans un grand vide, comme si son cœur avait cessé de battre. Elle serra son arme contre elle, mais le métal froid ne lui était d’aucun secours. Où étaient les bras de son père pour la consoler, comme lorsqu’elle tombait de sa bicyclette? Elle se jura d’aller flirter dans les bras de Caleb pour se consoler.

Un bruit la tira de sa tristesse, effaçant la moindre trace de chagrin, laissant place à une écoute attentive. Le bruit venait de l’intérieur de la base, donc aucun danger potentiel. Cependant, on venait. Il ne fallait pas qu’on la voit dans un moment de faiblesse sur un quart de surveillance. Elle sortit son sourire enjôleur et son regard pétillant, scrutant toujours l’horizon, comme si de rien n’était. La porte s’ouvrit.

«C’est une journée idéale pour se balader, n’est-ce pas? Le soleil nous réchauffe enfin.»

*Commence à m'gonfler tout ça...*
Grosse matinée pour le Tiger. Au programme, maintenance longue et laborieuse, entretien salissant et inventaire des pneus, tonneaux et autres composants du bordel incommensurable qu'est le garage actuellement. Et il ruminait le mécano, il ruminait ! Jusque sous la douche, alors qu'il essayait de faire partir les traces de graisses et autres produits salissant qui recouvraient son corps. Une fois propre, il se dirigea vers le réfectoire, avec dans l'idée de déjeuner sans trop de dérangement. Un espoir vain, quand on voit à quel point la pièce était pleine et animée. Agacé par cette journée qui n'allait vraiment pas dans son sens, le jeune homme s'en alla avec un sandwich et une pomme à la main. Il grignotta dans les couloirs, ne réfléchissant qu'à la meilleure façon de mastiquer le pain sec et la maigre tranche de jambon qui lui servaient de repas.

Il leva les yeux à la fin de son sandwich, lorsqu'il croisa un couple. Les deux jeunes gens se taquinaient l'un l'autre, souriant comme deux enfants. Ethan fut amusé par cette vision, qui lui remontait légèrement le moral. Il continua sa marche jusqu'à une entrée. Un peu d'air ne lui ferait pas de mal, et il avait son après-midi pour respirer. Il poussa donc la porte en sifflotant, s'étira et croqua dans sa pomme en clignant des yeux pour s'habituer à la luminosité. Se pensant seul, il leva le nez et observa le ciel, qui était dégagé et d'un bleu magnifique.

« C’est une journée idéale pour se balader, n’est-ce pas? Le soleil nous réchauffe enfin. »

Surpris, Ethan manqua d'en lacher sa pomme. Il tourna la tête dans tous les sens, à la recherche de son interlocutrice, et fut littéralement ébloui par un flash blond. Après quelques secondes, il pu observer la blonde qui l'avait interpellé. Longues jambes, joli visage, sacrée crinière, et gros calibre... Une Green Bear dont le nom lui échappait. Il ne la connaissait que de vue, pour l'avoir croisé à quelques reprises dans la base.

« Ca oui, c'est une belle journée, ça nous change des nuages. Euhm... Je te dérange pendant le service peut-être ? »

Nadia se retourna enfin, souriant de son sourire aussi beau que l’ivoire. Elle avait laissé pendre son arme, pour ne pas être impolie. Elle était peut-être de service, mais elle avait des manières! Le jeune homme semblait avoir trouvé un certain charme chez elle, ce qui la rendit de meilleure humeur, si cela était possible. Le jeune homme était un Red Tiger, elle en était certaine pour l’avoir déjà vu en entraînement avec cette équipe. Nadia avait une bonne mémoire des visages. La demoiselle ignorait toutefois son nom.

«Oui je suis de service, mais non, tu ne me déranges pas… Je peux faire plusieurs choses en même temps.»

Elle lui fit un clin d’œil avant de l’examiner de la tête au pied, sans aucune gêne. Pas mal. La Canadienne ne pouvait s’empêcher de reluquer tous les hommes de la base. Ensuite, elle les impressionnait. C’était son jeu préféré.

«Ton visage ne m’est pas inconnu… Mais je ne connais pas ton nom… Moi, c’est Nadia.»

Elle tendit sa main avec délicatesse, presque comme une duchesse. La grâce était un atout de taille de ce monde de guerre et de destruction. Ça déboussolait la plupart des gens. Nadia restait et resterait toujours une petite bourgeoise gâtée qui aimait qu’on la regarde avec une certaine admiration. Ce jeune homme était devenu sa cible de jeu, comme un papillon coincé dans la toile d’une araignée. Mais cette araignée était loin d’avoir quatre paires d’yeux et elle ne faisait certainement pas peur avec ses longues pattes. Disons plutôt que sa paire de «pattes» lui méritait de nombreux regards gourmands.

«Pas d’entraînement pour les Tigres aujourd’hui? Il faut dire que les missions se sont faites rares depuis quelques temps… On commence à s’ennuyer.» Déclara-t-elle en faisant une petite moue.

Effectivement, on s’ennuyait. Et c’était le cas de toutes les équipes tactiques. Mais pour Nadia, l’absence de mission lui permettait de s’amuser aux dépends de tous les autres. Disons simplement qu’elle ajoutait du piquant dans le quotidien des survivants de la base, un peu comme elle l’avait fait pendant toutes ces années dans les environs de sa cachette en bois ronds.

«Parlant de s’ennuyer, mon camarade est parti faire joujou avec une autre, je me retrouve donc toute seule à surveiller…. Tu veux me tenir compagnie?»

[un peu court, je ferai mieux la prochaine fois]

«Oui je suis de service, mais non, tu ne me déranges pas… Je peux faire plusieurs choses en même temps.»

Un clin d'oeil plus tard, Ethan ne savait plus où se mettre. La Green Bear le passait littéralement au rayon X, le scannant de la tête aux pieds. Les yeux rieurs de la jeune femme allait de ses orteilles à ses oreilles en passant par un peu partout. Elle se présenta ensuite, et Ethan pu enfin mettre un nom sur ce joli visage. Nadia, Springs d'après les souvenirs du jeune Tiger. Il l'avait déjà croisé à quelques occasions, mais les deux soldats n'avaient jamais participé à une mission ensemble. La jeune femme lui tendit sa main avec délicatesse, il se présenta à son tour et, lorsqu'il la saisit, fut étonné de la finesse de ses doigts. Mal à l'aise avec ses grosses mains noircies par les moteurs qu'il tripottait sans cesse, il la lacha vivement, et se frotta nerveusement les mains sur son jean. L'espace d'une seconde, il avait l'air d'un gamin maladroit. Comparé à Ethan, Nadia était une ballerine.

«Pas d’entraînement pour les Tigres aujourd’hui? Il faut dire que les missions se sont faites rares depuis quelques temps… On commence à s’ennuyer.
- Certains s'entraînent, d'autres non. Pour moi aujourd'hui c'était corvées au garage... »

Rien de pire, il faut le dire. Ethan avait besoin de se dépenser un peu, et il fallait qu'il tombe sur l'inventaire et l'entretien ! "Les Red Tigers, le poing de la Résistance" qu'ils disent tous. Des chats en cage pour la plupart, les missions se faisaient rares ces derniers jours et l'inactivité pesait beaucoup sur la base. Ethan lui-même en avait les nerfs en pelotte. Il tournait en rond au fond de son garage, à bricoler des trucs irréparables, à en répertoriant d'autres inutiles, à en nettoyer des déjà propres... Hier, il avait dû compter les munitions gros calibre des véhicules lourds, une par une ! Et, évidemment, il avait été obligé de s'y reprendre à deux fois après dérangement, d'abord d'un gosse, puis d'un Green Bear à la recherche d'un marteau.

«Parlant de s’ennuyer, mon camarade est parti faire joujou avec une autre, je me retrouve donc toute seule à surveiller…. Tu veux me tenir compagnie?
- Haha, je les ai croisé en venant. J'ai mon après-midi, je vais rester un peu. »

[Un peu court aussi, désolé, il est tot. ^^']

Nadia avait envie de rire devant le malaise du Tigre. Elle se savait belle, mais pas impressionnante! La jeune femme détourna la tête pour étouffer son rire, faisant mine de replacer une mèche de son épaisse crinière blonde. Il semblait si nerveux, on aurait dit qu’il n’avait jamais vu une femme le regarder comme cela. Peut-être était-ce le cas, mais Nadia en aurait été surprise, il n’était vraiment pas moche!

Le beau jeune homme se présenta tout en serrant sa main. L’Ourse put remarquer la main noircie par le travail mécanique avant qu’il ne retire celle-ci vivement. Loin de se laisser surprendre, Nadia se rapprocha du résistant et s’empara de ladite main que prit dans la sienne caressant doucement la peau. De sa voix roucoulante, elle répéta le nom qu’il venait de lui dire:

«Ethan… Je parie que tu travailles dans la mécanique, j’me trompe? Tu as de jolies mains de travailleur, c’est très… séduisant.»

Et Nadia sortit son sourire ravageur, regardant sa proie comme on convoite un objet précieux. Comme pour confirmer sa supposition, Ethan parla d’une corvée au garage, mais elle n’en écouta pas plus. Cela n’était pas important. La seule chose qui important à ce moment-là était de savoir si elle lui plaisait ou pas, car si elle ne lui faisait rien, elle se trouverait une nouvelle victime. C’était pas amusant de jouer que dans un sens!

La blondinette restait tout près de l’homme, mais avait lâché sa main, elle aperçut la pomme qui était dans l’autre et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Elle prit la main dans la sienne et approcha le fruit de sa bouche et en croqua un morceau. Lorsqu’elle eut finit de mâcher et d’avaler le succulent fruit, elle réafficha son sourire.

«Merci, je n’avais pas mangé.»

Puis elle lui tourna un peu le dos, rigolant de son propre comportement. Le pauvre ne devait rien comprendre à cette mascarade, lui qui ne faisait que sortir prendre l’air, il se retrouvait avec l’incarnation féminine de Casanova.

Lorsqu’Ethan assura qu’il avait vu son compagnon, Nadia ne put s’empêcher de rire. Elle voyait toujours le regard embué de son camarade Ours. Puis, elle se dit qu’Ethan pourrait avoir ce même regard d’ici quelques minutes si elle réussissait son coup.

«Oh chouette, un peu de compagnie va me faire le plus grand bien!»

Gamine dans l’âme, la jeune femme frappa dans ses mains joyeusement. Ses yeux pétillaient de plaisir, comme une enfant à Noël. Elle attrapa Ethan par le bras et l’éloigna un peu de la porte, afin de ne pas bloquer le passage aux autres habitants de la base. Elle en profita également pour faire un tour d’horizon, afin de vérifier qu’il n’y avait pas de danger. Elle aimait bien jouer, mais elle avait également un boulot à faire et il n’était pas question de décevoir Papa Ours.

«Tu fais autre chose dans ton équipe à part la mécanique ou tu te concentres là-dessus? J’adore les mécano, ça a quelque chose de craquant; les muscles et l’uniforme!» Dit Nadia en rigolant gentiment.

Encore une qui jouait un drôle de jeu. Ces derniers temps, Ethan était victime d'un débordement affectif de la part de la gente féminine. Victime ? C'était un bien grand mot, car il ne s'en plaignait pas, bien qu'il n'en comprennait pas la raison. Alors qu'il repensait encore aux rumeurs qui courraient sur son dos et celui d'Ana-Maria, une "collègue", Nadia lui rattrapa la main qu'il tentait de lui dissimuler, la jugeant peu présentable.

«Ethan… Je parie que tu travailles dans la mécanique, j’me trompe? Tu as de jolies mains de travailleur, c’est très… séduisant.»

Séduisant ? Ethan avait toujours eu du mal à mettre ses mains ailleurs que dans ses poches lorsqu'il se trouvait avec une demoiselle. Amusé, il sourit à sa remarque. Il ressentit tout de même un léger soulagement lorsqu'elle lacha sa main, et il s'empressa de la fourrer dans sa poche. A peine la première était à l'abri des regards que la deuxième, qui tenait toujours la pomme entamée, atterit entre celles de la Green Bear. Sourire jusqu'aux oreilles, l'Ours mordit dans sa pomme en riant.

«Merci, je n’avais pas mangé.»

Visiblement très enthousiaste à l'idée d'avoir de la compagnie, la jolie blonde ne tenait plus en place. Ses yeux brillaient à la fois de joie et de prudence, fixant d'abord le mécano, puis courant sur le sommet des arbres alentours à la recherche d'une quelconque menace. Elle savait qu'elle devait tenir son poste, et était sans doute plus responsable que son camarade de ronde, qui n'était plus présent. Une sacrée petite femme ! Mais lorsqu'Ethan croisa son regard une nouvelle fois, Nadia s'avéra être encore bien jeune. Elle dépassait à peine la vingtaine et avait encore probablement un soupçon d'insouciance que la misère de leur situation avait épargné.

«Tu fais autre chose dans ton équipe à part la mécanique ou tu te concentres là-dessus? J’adore les mécano, ça a quelque chose de craquant; les muscles et l’uniforme!
- Mécanique, Transport, Armes à feux. Enuméra le Tiger, avec une pointe de fierté dans la voix. [color=red][b]Et toi, c'est quoi ton truc ? Tu sais sûrement faire autre chose que couvrire tes camarades de ronde, non ? »

Il laissa son regard vagabonder sur le visage rayonnant de la Bear, mordit dans sa pomme, et croisa les bras en attendant une réponse.

(( Un peu court, je m'en excuse, mais en allant plus loin, je t'aurai volé ton rôle de prédateur. x) ))

[Ahaha, j’aime bien être un prédateur^^]

Pas bavard le tigre. Bah, c’était pas bien grave, ses yeux laissaient tout transparaître et ça amusait la blondinette qui continuait de sourire de la manière la plus séduisante possible, bien que les commissures prenaient la forme d’un sourire amusé. Il semblait déstabilisé ou surpris…. Enfin, elle ne devait pas être la seule à la base à le trouver mignon?!

Un nouveau tour d’horizon et toute son attention se reporta sur sa nouvelle victime. Ils étaient seuls à l’extérieur de ce côté de la base, Nadia n’aurait jamais manqué à sa responsabilité. La protection avant tout et puis après le plaisir!

Elle avait donc visé juste. C’était un des mécanos des Tigres. Il s’occupait également du transport et des armes à feux. Eh ben! Au moins ça le faisait parler! C’était les seuls mots qu’il lui avait dit depuis un moment déjà. De plus, il lui renvoya la question alors autant continuer là-dessus pour le faire se sentir à l’aise!

«Je suis spécialiste des armes à feux… Je vise toujours juste, dans n’importe quel moment.»

Nadia accompagna le tout d’un clin d’œil malicieux.

«Et je suis agile, une vraie panthère!» Déclara-t-elle en riant.

La jeune femme avait pratiqué pendant toute son enfance la gymnastique et elle ne s’était pas arrêté de pratiqué avec l’arrivée de la guerre. Elle était donc souple et rapide, vive et énergique. Des atouts de taille pour une combattante aussi frêle.

Ethan avait croisé les bras, mais cela fut de courte durée. Nadia le rattrapa par un bras et l’entraîna vers la limite de la plate-forme de surveillance, sans le lâcher, elle s’assit, le tirant vers le bas qu’il le veuille ou non. Les jambes dans le vide, le corps tendu vers l’avant, Nadia poussa un soupir en regardant le paysage. Comme la nature pouvait être belle quand il n’y avait pas de machines à l’horizon. Les arbres étaient toujours aussi verts, le ciel n’avait jamais été aussi bleu. Même le campement des nomades ressemblait à un petit terrain de camping touristique, avec le bruit perpétuel et tonitruant des chutes du Niagara.

«J’aimerais tant revenir à une vie normale… La nature semble rire de nous… J’espère tant pouvoir trouver l’amour un jour et vivre heureuse…»

Malicieuse comme toujours, la Canadienne laissa sa tête s’appuyer sur Ethan dans une rêverie feinte à cent pour cent. Si Caleb voyait ça, il aurait bondit sur Ethan prétendant qu’il était le seul joujou de Nadia! La séductrice réprima un rire, puis posa son regard d’un bleu profond dans celui d’Ethan, cherchant une réponse, seulement pour le rendre un peu mal à l’aise.

«Je suis spécialiste des armes à feux… Je vise toujours juste, dans n’importe quel moment.»

Ethan sourit. Le jouet qu'elle avait entre les mains n'étaient pas donné à n'importe qui, même lorsque la taille de nos armes influait de manière importante sur notre durée de vie. Il était évident que l'Ours s'y connaissait. Puis elle ajouta en riant :

« Et je suis agile, une vraie panthère! »

Un autre sourire. Si leurs connaissances en matière d'armes à feux leur faisait un point commun, ce n'était pas le cas de l'agilité de la jeune femme. Ethan était un combattant tout en muscle et en puissance, il était loin d'être souple et discret, comme la plupart des Red Tigers. Leur truc à eux avait toujours été la démolition, et on ne faisait pas appel à eux pour débrancher une machine ou deux, mais bien pour les recycler en boîtes de conserves. Ethan croisa les bras :

« Eh bien c'est loin d'être mon cas, je suis plus proche de l'éléphant que de la panthère ! »

A peine eut-il le temps de finir sa phrase que la petite blondinette l'entraînait vers le bord de la plate forme pour l'obliger à s'y asseoir. Ils contemplèrent un instant la nature qui les entourait et les protégeait. Ethan attarda son regard sur le camp des Nomades, qui ressemblait à un cirque avec ses tentes multicolores. L'activité n'était pas très importante, comme de ce côté de la base, où Ethan et Nadia était visiblement les seuls en poste.
Nadia commença à parler vaguement de la nature se riant de nous, d'une vie normal, d'amour... D'amour ? Pour beaucoup, ce mot n'était plus grand chose au jour d'aujourd'hui. La plupart des femmes de la base répugnaient à accepter ce genre de sentiment par peur de voir partir l'homme qu'elles avaient choisi sans le voir revenir. Involontairement, comme bien souvent, les pensées d'Ethan se tournèrent vers Grace... Mal à l'aise, il finit par dire :

« L'Amour est une chose compliquée et dangereuse, surtout de nos jours. Et une vie normale serait peut-être un peu ennuyeuse, tu n'crois pas ? » Plaisanta le Tiger pour tenter de dévier la conversation.

( J'ai honte de te répondre si tard, pardon. )

Ethan ne cessait de sourire. Parfait. Nadia se sentait toujours victorieuse lorsqu’elle faisait sourire les hommes. C’était un pas dans la bonne direction. La jeune femme imitait son interlocuteur, souriant en retour. Elle était réellement ravie d’avoir un peu de compagnie, la surveillance de la base en solitaire était toujours pénible pour elle. Elle aimait mieux avoir un camarade pour lui tenir compagnie… Sauf quand c’était Caleb parce que la surveillance était plutôt négligée lorsqu’ils étaient ensemble, il fallait le dire…

«Un éléphant? Eh bien, tu n’as pas le poil si rude!» Dit-elle en caressant son avant-bras avant d’éclater de rire.

La belle se laissait dorer par le soleil, les cheveux aux vents, s’imaginant que c’était ça, des vacances paisibles d’étudiante normale. Le soleil, le beau temps, le bronzage et les garçons. Elle aurait tellement aimé pouvoir être dans son appartement à Toronto avec son père. Son père…

Nadia bloqua ses pensées en se disant qu’au moins il y avait des garçons à la base. Impossible de penser à son père lorsqu’elle était de service. Elle gardait cela pour le soir, avant de s’endormir. Là, elle se permettait d’y penser et de le pleurer. Elle devenait trop vulnérable lorsqu’elle pensait à Bill.

Nadia posa une question à Ethan qui semblait vouloir détourner le sujet. Bon, d’accord. Au moins elle avait essayé…

«Je ne crois pas que la vie normale était ennuyeuse… Mais ce qui est sûr c’est que maintenant c’est impossible d’aller faire du shopping entre copines ou d’aller faire une ballade pour aller visiter sa grand-mère à la campagne… Pourtant je refuse de perdre espoir.»

Puis le sourire de Nadia redevint malicieux.

«Et en ce qui a trait à l’amour, c’est peut-être dangereux, mais on s’amuse drôlement quand on en profite un peu. Et on est jamais obligé de faire ça compliqué, crois-moi!»

La belle s’y connaissait en matière d’«amour». Bien sûr, elle aimerait avoir un prince charmant, c’était typique de toutes les filles. Mais, pour l’instant, l’amour pour elle n’était qu’un jeu de plus. Les hommes qui se laissaient séduire par la jeune femme savaient à quoi s’en tenir avec elle. Ils n’étaient pas sans savoir qu’ils étaient plusieurs à se partager les beaux yeux de Nadia.

«Et puis l’amour c’est une forme de détente de nos jours, ça rend les journées moins dures.»

La belle jouait avec le tissu du pantalon d’Ethan au niveau de son genoux, distraitement. C’était plus fort qu’elle, la blondinette ne pouvait pas s’empêcher de jouer avec les hommes.

«Je suis sûre que, au fond de toi, il y a une petite voix qui est d’accord avec moi. Il y a tant de jolies filles à la base! Tu ne craques pas pour l’une d’elles? C’est impossible de ne pas en trouver une de son goût… À moins que tu aimes les princesses sans défense, parce que ce type de femmes est pratiquement disparu…»

(N'aies pas honte, je susi contente de te retrouver fidèle au poste )