L’hydroélectricité. Merveilleuse invention de l’Homme. Les chutes Niagara produisait d’ailleurs beaucoup d’énergie avec son courant déchaîné. Celles-ci assuraient également la protection de la base en couvrant le bruit et en rendant l’accès difficile aux machines. Elles fournissait de l’eau douce et en plus, offrait un paysage à couper le souffle, chose que les résistants ne voyaient généralement plus avec les misères de le guerre.

Un groupe de femme se lavaient au bas des chutes et en profitaient pour faire leu lessive également. Les hommes étaient plus loin, évitant des inconforts liés à la pudeur humaine. Abigail montait la garde, comme toujours. C’était sa raison de vivre, mis à part les combats, protéger les civils ayant survécus. À chaque fois, elle pensait à son père, à son petit ami. Elle n’avait pas pu les protéger, le moment venu. Mais maintenant, elle était en mesure de protéger cette demie-douzaine de femmes. C’était sa manière de réparer ses erreurs.

Elle était armée d’un fusil à pompes, mais elle gardait ses mains libres. Sa spécialité à elle, c’était le combat en corps à corps, son bras artificiel étant puissant et rapide, elle parvenait à rivaliser avec la force de plusieurs machines à mains nues. La blondinette jeta un regard aux femmes qui se lavaient. Elles semblaient paisibles. L’eau qui tombait des chutes faisait un bruit infernal, se parler était un défi en soit, aussi Abi préférait-elle monter la garde seule.

Quelques temps plus tard, les femmes rentrèrent une après l’autre dans la base, laissant le cyborg seule. La jeune femme se pencha et attrapa un sac en toile noir qui était près d’elle. Elle en sortit un serviette et se dévêtit. L’avantage de monter la garde était de pouvoir se nettoyer seule après, à l’abris des regards et des discussions. Elle préférait prendre soin d’elle après que les autres aient disparues. Pudique? Oui, beaucoup.

L’eau était plutôt froide, mais elle n’en avait rien à faire. La jeune femme se lava vite fait, nettoyant également sa chevelure blonde qui tombait raide dans son dos une fois mouillée. Abi restait alerte, son fusil près de l’eau à portée de main. Un peu plus tard elle sortait de l’eau et se sécha avec une serviette sortit du sac noir et enfila ses sous-vêtements. Elle sortit un jean, troué et pâlit par le temps et l’usure, qu’elle mit immédiatement.

Ensuite, elle vida le sac de toile, étendant ses vêtements sur la berge. Elle avait récupéré le savon d’une autre femme et s’agenouilla. Abi se mit aussitôt à laver ses vêtements. Elle commença par les chandails, histoire de pouvoir se mettre quelque chose sur le dos le plus rapidement possible avant que quelqu’un arrive.

Le fusil près de sa cuisse gauche, Abi gardait les yeux sur ses vêtements mais ses oreilles étaient à l’écoute du moindre bruit suspect. Derrière elle un mouvement léger fut perceptible. On approchait.

*Ah zut, je devrai me battre en soutien-gorge…*

Mais les pas étaient plutôt léger. Une machine s’enfoncerait dans le sol sur ces terres humides d’eau. Sans se tourner, tenant son fusil dans sa main gauche, son bras de cyborg tendu au maximum, elle parla d’une voix plutôt détendue :

«On vient faire un peu de lessive?»

La main toujours tendue vers son arme, Abi écoutait attentivement. La voix était celle d’un homme, mais la phrase si courte! Un terminator aurait très bien pu dire cela. Les muscles de la jeune femme étaient tendus au maximum. Elle était prête à bondir au moindre mouvement suspect.

Cependant, elle put apercevoir un quart de seconde plus tard, dans son angle mort, une forme très humaine à la démarche appropriée. La démarche d’un terminator était beaucoup plus raide, mécanique. Elle réalisa ensuite que c’était un homme et elle une femme, ce qui engendra un mouvement très vif de recul. Elle porta ses mains à sa poitrine couverte de si peu de tissu. Misère! Elle remercia tout de même le ciel que ce ne fut ni Charlie ni Leandro, car l’un ou l’autre en aurait profité pour faire l’éloge de sa poitrine ou pire encore!

Interloquée, Abi jeta un regard vers la zone de «bain» des hommes. Personne. Peut-être que l’homme ignorait les lois non-écrites des zones. Cela arrivait parfois. Et comme ce dernier se dévêtait déjà, Abi n’osa lui faire la remarque. Elle baissa brusquement la tête.

*Oh Seigneur, il va se mettre nu ici!*

Faisant comme si de rien n’était, le Tigre se mit à frotter, avec une ardeur qui n’était pas vraiment nécessaire, le T-Shirt blanc qui flottait sur l’eau. Abi vit l’homme entrer dans l’eau et put constater qu’il était décent et avait gardé son caleçon… Au moins! D’un regard subtil, elle osa l’observer. Joli. Bien fait. Comme la plupart des résistants des équipes tactiques de la base. Les muscles n’étaient pas du luxe en ces temps difficiles. Ses yeux tombèrent sur le marquage sur son bras. Marquage qu’elle avait déjà vu. Il avait fait parti des camps de Skynet… Le pauvre! Peut-être que les cernes qui soulignait ses yeux en étaient le résultat?

La jeune femme attrapa le t-shirt encore mouillé et l’enfila, n’étant pas bien, bien plus décente, mais cela la réconfortait quand même. D’ailleurs, l’homme la regardait maintenant. Il lui adressa quelques mots et Abi eut un sourire timide.

«Ce n’est rien… Vous m’avez simplement surprise… Et puis, un peu de compagnie n’a jamais fait de mal à personne!»

Elle avait un ton aimable, car elle voyait que l’homme semblait mal à l’aise. Tisser des liens semblaient difficiles quand tous tombaient autour de soi. Abigail avait vécu cela un bon moment elle aussi et sympathisait avec cet homme qui lui semblait familier. La base n’étant pas bien peuplée, elle aurait pu le croiser dans un couloir et avoir remarqué son visage… Mais elle aurait parié que ce n’était pas cela.

«Vous… Vous êtes un Black Snake n’est-ce pas? Je suis certaine d’avoir combattu avec vous, une fois…. Vous vous prénommez B… Bill… Non ce n’est pas cela…Ben… Votre nom commence bien par B hein?» Demanda-t-elle en riant bêtement.

*Oui, bravo Abi. Te voilà championne du bafouillage… Cela t’apprendra à faire ta lessive à moitié nue!*

D’un geste distrait, Abi massa son bras de cyborg qui la faisait souffrir encore, de temps à autre. Ce bras… Elle l’aimait autant qu’elle le détestait et ce n’était pas peu dire! Abi profita de ce petit moment de silence pour attraper en vitesse une petite culotte bleue en dentelle…

*Oh c’est la honte…Il va tout voir ce qu’il ne devrait pas!*