Rencontre avec un nouveau Résistant [Isaac] [TERMINE]

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Evanna Summers - Médecin

« Laisse les autres travailler un peu, Eva. Je sais que tu es dévouée à tes patients mais pense à toi, aussi. Je te sens fatiguée depuis quelques jours et j'aimerais bien que tu te reposes correctement. »
« Mais je ne suis pas fatiguée ! Je vais très bien, tu t'inquiètes pour rien. »
« C'est pas ce que me disent les cernes sous tes yeux. Bordel, tu vas finir sur les genoux ! »
« Bon bon d'accord ! Ce soir je vais me coucher tôt et je ne me lèverais pas avant le milieu de la matinée, ça te va ? Mais dis-toi que ce sera une torture pour moi, tu me connais et tu sais que je n'ai jamais eu besoin de beaucoup de sommeil. »
« Entre beaucoup et quasiment pas, il y a une différence, ma grande. Et je te remercie, te voir enfin reposée me rassurera. »
« T'es incroyable, Nate. »

Et voilà pourquoi Evanna se trouvait toujours sur sa couchette à huit heures trente le lendemain. Elle était réveillée depuis un bon moment mais avait préféré attendre encore un peu avant de se lever. Dans le cas contraire, Nathan lui aurait remonté les bretelles et l'aurait encore obligée à faire la marmotte la nuit prochaîne. La doctoresse n'était pas du genre à se laisser faire, cependant les choses étaient différentes avec son frère de coeur. Si elle avait accepté sa proposition, ce n'était pas pour elle mais pour lui. Elle savait qu'en lui tenant tête sur ce genre de choses, il s'inquiéterait encore plus pour sa santé physique. Eva n'était pas dupe : oui, les cernes étaient bien là. Mais ce n'était pas important. Elle était médecin et savait très bien ce qu'elle faisait. Il était évident que parfois, la fatigue la prenait, mais cela ne l'empêchait pas de continuer à faire son boulot. Et contrairement à ce que Nate pensait, elle était assez grande pour savoir quand s'arrêter. Si elle avait cru une seule seconde que son corps l'aurait lâchée récemment, elle aurait elle-même pris l'initiative d'une grosse nuit de sommeil. Au moins maintenant, Nathan la verrait en pleine forme et cesserait de la harceler jusque dans son bureau à l'infirmerie.

N'y tenant plus, la jeune femme se mit enfin debout et songea à prendre son temps pour se préparer, étant donné que selon l'accord passé avec Nate, il était encore tôt. Il était un peu plus de neuf heures quand elle arriva dans la salle commune où tout le monde prenait ses repas. Son ange gardien se trouvait en compagnie d'un autre membre des Red Tigers, et se leva pour la rejoindre lorsqu'il l'aperçut. Elle éclata de rire en le voyant faire - le médecin avait un peu l'impression qu'il détaillait ses traits pour voir si tout allait bien. Nathan sembla satisfait et l'invita à prendre le petit-déjeuner avec elle et son collègue. Un peu plus tard, Evanna se retrouvait à son lieu de travail et discutait avec les infirmières de ce qui s'était passé depuis son départ - elle aimait être au courant de tout. Mis à part quelques changements au niveau des bandages, il n'y avait rien d'important à signaler. Après un petit tour parmi les patients et quelques conversations en leur compagnie, la doctoresse se rendit dans son bureau et s'installa derrière la surface de travail envahie par les dossiers en cours. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir le premier : quelqu'un frappait déjà à sa porte. Le médecin lâcha le « Entrez » qui était de coutume dans ce genre de situations, et un homme fit son apparition dans la petite pièce.

Il lui était totalement inconnu, ce qui l'étonna un peu. Ils n'accueillaient pas de nouveaux membres aussi souvent qu'elle le souhaiterait, malheureusement. Et quand c'était le cas, elle était bien souvent l'une des premières à le savoir, car les personnes ramenées à la base avaient besoin de soins. Des jours, des semaines ou des mois d'errance à essayer de fuir les machines laissait forcément des traces : combats, manque d'eau et de nourriture, marche quasi continuelle... Mais celui qui faisait face à Evanna semblait en bonne santé. Comment et quand était-il arrivé ? Chaque membre de Niagara Falls connaissait les règles, de fait il était fort probable que cet homme ait déjà rencontré Meredith, et que cette dernière lui ait demandé de passer à l'infirmerie pour construire son dossier - à défaut d'avoir besoin de ses connaissances professionnelles. Si tel était le cas, cet inconnu se présenterait de lui-même et le lui confirmerait. Son regard posé sur lui, Evanna attendit donc qu'il se manifeste.

Isaac avait bien enregistré le fait que Meredith lui avait demandé de passer par l'infirmerie rapidement, pour un check-up complet, un bilan de santé était on ne peut plus nécessaire pour le groupe soignant de la base. C'était sans compter sur le fait que le marin n'était pas très friand de ce genre de chose, comme pas mal de monde, la blouse blanche n'était jamais réellement bien vue par les gens en général. Plus que la guérison, c'était assez énonciateur de problème, en tous les cas, à ses yeux. C'est pourquoi il avait un peu traîné à s'y rendre, mais avait bien du finalement, se faire à l'idée qu'il devrait passer sous le contrôle d'un médecin. Comprenant bien qu'il faudrait qu'on créer un dossier sur sa personne, si par hasard il y avait un problème ou s'il pouvait devenir un donneur potentiel ou autre. Et puis, sa marche forcée depuis Toronto lui avait peut-être un peu bousillé la santé. Il n'était plus le jeune homme de ses 20 ans, malheureusement pour lui.

Ce que l'on pouvait dire, c'est que la blessure qu'il avait au dessus de la lèvre, ne semblait pas le déranger tant que cela, il n'avait pas fait grand chose pour la soignée non plus. Partant du principe qu'elle pouvait se refermée seule, sans aucune aide et que si par hasard il sentait que ça devenait trop douloureux, il aurait vu à appliquer quelque chose dessus. Pour l'instant, elle cicatrisait normalement, en prenant son temps. Peut-être que le doc qui allait s'occuper de son cas aurait quelque chose à redire là-dessus... non il aurait de toute façon quelque chose à dire. Il trouverait le contraire étonnant quand même. Enfin bon, c'est d'un pas pourtant un peu traînant qu'il se rendit à l'infirmerie de la base. Commençant à connaître tout les dédales de l'endroit, il ne se perdit presque pas pour s'y rendre et apprit le chemin par cœur, après tout, dans les temps qui courraient, c'était une place dont il valait mieux se souvenir impérativement.

Les infirmières qui se trouvaient dans la place le regardèrent quelque peu surprise en le voyant arriver, quoi? Il avait des morceaux d'épinards collés sur les dents quand il parlait ou quoi? Comme si elles n'avaient jamais vu de nouveau venu de leur vie... enfin bon, il ne s'en offusqua pas et demanda où il pouvait bien trouver un docteur qui pourrait s'occuper de son cas. On lui annonça que le Dr. Summers venait de prendre son quart et que son bureau n'était pas loin. Il remercia les femmes d'un sourire avant de se diriger donc, vers la porte du dit bureau. Arrivé devant, il prit une profonde inspiration avant de frapper à la porte.

Une voix féminine - décidément, il n'y avait que des femmes qui étaient à la tête des services dans cette base - cette pensée le fit d'ailleurs sourire un peu plus, amusé encore une fois de la situation, se fit entendre. Il posa une main sur la poignée et ouvrit la porte sans trop se presser. Gardant alors un sourire aimable, il entra dans le bureau, fermant la porte derrière lui. Celle qui lui faisait face semblait le dévisageait avec une certaine surprise, elle aussi. Mieux valait entrer rapidement dans le vis du sujet, car elle devait se demander ce qu'il pouvait bien faire ici.

- Dr. Summers? Isaac Zylstra, je suis nouveau à la base et l'on m'a demandé de venir vous voir pour la création de mon dossier médicale.

Mettant les mains dans le dos, tout en attendant une réponse de la doctoresse pour savoir ce qu'il faudrait qu'il fasse ensuite.

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Le nouveau venu s'empressa de donner son nom ainsi que la raison de sa présence ici. Aussitôt, Evanna relâcha l'infime tension qui s'était emparée d'elle et arbora un sourire accueillant. « On » avait demandé à Isaac de se rendre à l'infirmerie pour créer son dossier médical, et la doctoresse se doutait que cette personne n'était autre que Meredith Mayer. Pour les inconnus arrivant à Niagara Falls sans avoir besoin de soins immédiats, la première rencontre à faire était la dirigeante, et il n'y avait absolument aucun moyen de déroger à cette règle. Eva tendit une main vers l'un des deux sièges situés derrière le bureau, invitant son interlocuteur à prendre place.

« Bonjour, Mr Zylstra ; assyez-vous je vous en prie. Je suis le Dr Evanna Summers, et on va construire votre dossier ensemble. Je vais tout d'abord vous poser quelques questions, puis on s'occupera de votre check-up complet. »

Tout en parlant, la blondinette avait pris une nouvelle pochette sur laquelle elle avait inscrit le nom et prénom de son patient, avant de s'emparer d'une feuille qui comporterait les informations générales et indispensables. Relevant les yeux sur Isaac, elle posa son regard sur sa blessure à la lèvre et fronça les sourcils. Sans rien ajouter, le médecin posa ses deux mains sur la surface de travail pour faire appui et se releva légèrement de son vieux fauteuil. Se rapprocher lui permettait ainsi de voir où en était la guérison. Satisfaite, elle s'assit à nouveau et gribouilla quelques mots sur son morceau de papier.

« Apparemment, ça semble bien se soigner. Si ça continue sur cette voie, autant laisser la plaie se refermer d'elle-même. J'espère que vous avez tout de même eu l'occasion de la désinfecter, dans le cas contraire je m'en chargerais. C'est important, croyez-moi j'ai vu de minuscules coupures causer de graves problèmes parce que le patient n'y avait pas appliqué le minimum. »

Certes, une simple griffure n'avait jamais fini par causer la perte du bras ou de la jambe en question, toutefois elle n'exagérait que légèrement. Suite à cette Guerre, les conditions d'hygiène n'étaient plus les mêmes. Le personnel soignant devait être présent vingt-quatre heures sur vingt-quatre et extrêmement vigilant. Si quelqu'un venait à l'infirmerie avec une blessure qui semblait totalement bénigne, il fallait immédiatement passer du désinfectant. Par la suite, des pansements ou bandages n'étaient pas obligatoires, mais ce produit si. Dans le cas contraire, on pouvait arriver à des extrêmes, surtout de nos jours. Evanna savait de quoi elle parlait et n'hésitait pas à se bagarrer nuit et jour pour que rien de tel n'arrive. En fait, elle avait plusieurs fois ramené sa petite bouteille magique avec un morceau de coton au réfectoire, parce qu'elle avait remarqué un Résistant légèrement blessé qui n'avait pas daigné ramener son popotin dans son infirmerie. La plupart en étaient ennuyés, certains en riaient... Mais leurs réactions ne comptaient pas, seule leur santé était importante. Qu'ils en soient conscients ou non.

Eva jeta un oeil rapide sur les différentes questions que contenait la fiche type - un geste totalement inutile étant donné qu'elle les connaissait par coeur, et pas seulement parce qu'elle les avait lues des dizaines de fois, mais surtout parce qu'elle les avait créées. A leur arrivée à Niagara Falls, ils avaient tous du recommencer de zéro. Ainsi, le Docteur Summers et deux ou trois autres médecins ou chirurgiens qui étaient là depuis le début s'étaient mis d'accord sur un formulaire spécifique, qui devrait être rempli à chaque nouveau membre que la base accueillait.

« Alors. J'espère que vous aimez parler, parce que je ne vais faire que vous écouter. » annonça-t-elle, élargissant son sourire et le rendant quelque peu amusé. « Histoire de nous épargner le style question - réponse, question - réponse, je vais simplement vous demander de me raconter votre vie et vos habitudes, sans oublier les antécédents médicaux. Ca devrait couvrir tout ce que je dois remplir ici. » expliqua-t-elle, une main posée sur la feuille. « Mais si vous préférez la méthode plus classique, ça ne me pose aucun problème non plus. »

Certains patients rechignaient à utiliser cette première solution, n'aimant pas développer durant une heure sur leur existence. Evanna pouvait le comprendre, surtout que les dernières années n'avaient été faciles pour personne. La plupart des gens avaient vécu des choses absolument terribles et parfois, elle n'arrivait carrément pas à soutirer toutes les informations nécessaires à un nouvel arrivant. Lorsque ceci se passait, elle leur conseillait de rendre visite au psychologue de la base, Elwin Shelton. Généralement, une rencontre avec ce dernier - extrêmement compétent - s'avérait fructueuse et il pouvait ensuite compléter la fiche type - tout en gardant pour lui ce qu'il ne devait absolument pas dévoiler, secret professionnel oblige. Ce n'était pas parce qu'il n'y avait plus de lois à proprement parler qu'il fallait cesser de les suivre. Fort heureusement, l'éthique avait survécu à la destruction des sociétés, du moins chez la plupart des gens.

Isaac resta tranquillement debout à observer celle qui lui faisait face, plutôt agréable à regarder, ça permettait de mettre un peu de côté le fait qu'elle était docteur avant tout. L'avantage de se faire soigner par quelqu'un du sexe opposé, il aurait sûrement été un peu plus mal à l'aise si ça avait été un mec, quoi que... tout dépendrait ensuite du check-up complet... tant que ça ne ressemblerait pas à un recrutement de l'armée, il ne dirait rien. Elle l'invita alors à venir s'asseoir d'un signe de la main, il ne se fit pas prier et alla s'installer sur le fauteuil présenté.

- Merci.

La jeune femme lui expliqua la marche à suivre, il avait bien pensé que ça irait dans ce sens, après tout, c'était toujours un peu la même chose ces passages à l'infirmerie, on ne changeait pas les bonnes habitudes. Et tandis qu'il se perdait sans ses réflexions, il remarqua bien vite qu'elle tilta sur quelque chose qui le concernait assurément, vu le regard qu'elle lui lança. L'homme arqua légèrement un sourcil, ne comprenant pas tout de suite de quoi il pouvait bien sagir, avant que l'explication ne vienne d'elle-même. Il haussa alors les sourcils, un léger sourire en coin s'accrochant à ses lèvres, c'est qu'il l'aurait presque oublié celle-ci! Depuis le temps qu'il la traînait, il c'était même habitué à cette légère douleur qui le prenait quand il étirait un peu trop les lèvres, notamment en souriant.

- Oh ça! Oui, il me semble qu'elle va plutôt bien, mais s'il faut la désinfectée, je vous laisserais faire votre travail, je n'ai pas réellement eu l'occasion de m'en occuper. Mais depuis le temps, j'imagine que je l'aurais senti, si cela devait me causer un problème... non?

Et Zylstra estimait qu'il pouvait faire confiance aux dires de son interlocutrice, après tout, elle connaissait son job, enfin il l'espérait! Sinon, il serait bien mal barré, tiens. Donc si elle lui disait qu'il fallait désinfecter la plaie, ce qui était chose normale, il se la ferait désinfecter sans rechigner, c'était bien loin d'être son genre. Bon, pour la suite ça risquait quand même d'être un peu plus compliqué, il redoutait déjà ce check-up.

Il dévisagea légèrement intrigué la doctoresse alors que celle-ci lui expliquait comment ils allaient procédés. Et bien, c'était bien la première fois qu'il devrait raconter sa vie pour que l'on note ses problèmes de santé. Drôle de méthode quand même, lui qui était habitué aux questions-réponses... bon ça pouvait être intéressant, mais il doutait sincèrement que tout raconter serait réellement nécessaire à la jeune femme.

- Je sais être bavard quand il le faut, surtout s'il faut tenir une conversation. Par contre, mes talents de conteur sont assez médiocres, alors j'espère que ça ne vous dérangera pas si je vais directement aux points essentiels et à ce qui vous sera utile, au pire... vous compléterez avec vos questions? Ca lui paraissait être un bon deal. A moins que vous soyez en plus de votre fonction de docteur, psy? Avec un brin d'humour. J'ai passé la quasi-totalité de ma vie sur un bateau, étant marin c'est un peu normal, j'ai donc beaucoup voyagé, vu énormément de pays, contracter assurément pas mal de maladie ou en tous les cas, été en contact avec certains virus plus ou moins violent. Mais bon, à l'époque, tous mes vaccins étaient à jour et je n'ai jamais eu aucun problème. Quelques rhumes parfois, comme tout le monde. Les maladies c*nnes normales quoi... p'têtre la varicelle et la rougeole étant gamin, je crois. Valait mieux pour lui d'un côté, parce que les attraper à son âge, ça pouvait mal se passer. Mais depuis 10 ans, je me terre comme tout le monde sous terre, à l'abri d'un peu tout, je tente quand même de passer le plus de temps possible à l'air libre, rien que pour aller faire quelques brasses dans la rivière pas loin - beau coin au passage -. Je fume parfois aussi... sinon à part ça... il fit une légère moue, j'ai survécu au naufrage de mon bateau, non sans mal, je crois qu'on a du me réparer un bras, recoudre l'arcade, quelques côtes fracturées et surtout je n'entends presque plus, pour ne pas dire plus rien, de ce côté. Pointant alors avec son doigt l'oreille gauche. Et... je crois que c'est tout ce qu'il y a d'important à savoir.

Ne voyant pas trop ce qu'il pouvait dire de plus... si Evanna avait encore des choses à savoir, elle devrait lui poser les questions nécessaires. Le marin ayant tenté d'y aller au plus court et essentiel. Ca permettait au moins de ne pas avoir à raconter sa vie pendant des plombes, car comme il l'avait dit à Meredith lors de son arrivée, elle n'avait absolument rien de trépidante. Ok, ce qui pouvait ne pas être vrai aux vues de tout ce qu'il avait bourlingué, mais qu'importe, c'était des histoires à raconter au coin du feu, pas dans un bureau médical.

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La jeune femme tenait toujours son stylo entre ses doigts, et la feuille était posée sur son bureau, juste devant ses yeux. Lorsque le fonctionnement de cette première rencontre avec un patient fut expliqué à Issac, elle attendit de savoir quel serait son choix. Elle esquissa un sourire quand il avoua être bavard quand il le fallait. C'était un excellent début ; au moins elle n'aurait pas à lui poser des dizaines de questions, les unes après les autres. Il semblait totalement prêt à raconter tout ce qui pourrait lui être utile d'une seule traite. Ils gagneraient tous les deux du temps. Si Evanna était dévouée envers ses patients, il n'en restait pas moins que son interlocuteur semblait en bonne santé. En revanche, plusieurs Résistants se trouvaient à l'infirmerie et attendaient des soins. Il était inutile qu'elle reste des heures en compagnie de Mr Zylstra ; elle aurait bien l'occasion de faire plus ample connaissance avec lui à un moment ou un autre. Après tout ils étaient - pour ainsi dire - enfermés dans une base bien délimitée et ne pouvaient pas s'enfuir comme bon leur semblait ! Isaac et Eva étaient voués à se revoir, c'était totalement inévitable. Pour l'heure, plus vite ils termineraient, plus vite la doctoresse pourrait rejoindre ceux qui avaient vraiment besoin de ses services. Elle était loin de travailler seule et des infirmières surveillaient, toutefois elle détesterait que quelque chose se passe sans qu'elle ne soit là pour apporter son aide, quelle que soit la raison de son absence. C'était aussi l'une des raisons pour lesquelles elle ne dormait pas réellement mais grapillait quelques heures de sommeil par-ci par-là. Les blessés avant tout, car le plus important était de les remettre sur pied.

Evanna hocha la tête à la question d'Isaac. Bien sûr, s'il lui manquait quelque chose au final, elle n'hésiterait pas à le lui demander. Un rire s'échappa de sa gorge à la mention de psychologue. S'il savait ! Non, son rôle n'était pas le même que celui d'Elwin, mais parfois on pouvait en douter. Elle avait plusieurs fois soigné des blessures qui ne se voyaient pas car elle n'étaient pas physiques. Nathan avait eu besoin d'elle par exemple, lorsque l'un de ses très bons amis à la base n'était pas revenu d'une mission. Logan venait souvent se confier à elle - ou plutôt, se plaindre de sa mère, mais pour un adolescent ce n'était pas rare, ni même étonnant. Et puis il y en avait d'autres, qui n'hésitaient pas à raconter leurs malheurs à la blondinette. Pas parce qu'ils n'avaient personne, pas parce qu'ils n'avaient pas envie de voir Elwin, mais parce qu'elle inspirait confiance. On le lui disait souvent : son sourire bienveillant et sa voix chaleureuse mettaient immédiatement les gens à l'aise. Alors bien sûr, cela les poussait à solliciter son aide autrement que pour recoudre des plaies - ou plutôt, pour recoudre celles qui étaient invisibles.

Isaac commença son récit et s'avéra être un meilleur conteur qu'il ne le pensait. Il n'entra pas trop dans les détails, se contentant d'expliquer le côté professionnel de sa vie. Ayant été marin avant la troisième guerre mondiale, il avait vécu toute sa vie sur des bateaux et avait énormément voyagé. Evanna songea à lui demander s'il avait déjà contracté des maladies suite à cela, mais il la devança. Rien de bien grave, donc. Elle nota ce qu'il fallait sur le bout de papier, cocha les cases correspondant à la varicelle et la rougeole et hocha la tête, l'invitant à continuer. Ah, il fumait de temps en temps, encore un truc qu'il ne fallait pas oublier de noter. Et parce que tout le monde avait forcément vécu quelque chose de terrible, surtout suite à la destruction du monde, il raconta ensuite avoir survécu au naufrage de son bateau. En conséquence de cela, on lui avait soigné le bras, l'arcade sourcillière et remis des côtes en place. Evanna inscrivit donc toutes ces informations sur sa feuille, ainsi qu'une déficience de l'ouïe au niveau de l'oreille gauche.

« J'imagine que ça a du être un moment terrible, ce naufrage. » dit-elle doucement, l'air désolé pour tout ce qu'Isaac avait du vivre - et surtout pour les proches qu'il avait forcément du perdre à ce moment-là. Elle laissa passer quelques secondes avant de reprendre. « C'est presque tout bon au niveau de la fiche, mais il me manque tout de même quelques informations. Vous ne m'avez pas parlé de votre vie personnelle. Age, lieu de naissance, avez-vous de la famille ? Et surtout, quels sont les antécédents médicaux de vos parents ? Vous allez sûrement me dire que l'endroit où vous êtes né n'a pas d'importance, et vous aurez raison. Mais ça fait partie des choses que les médecins aiment savoir simplement pour mieux connaître leurs patients. » expliqua-t-elle, souriante. « Après ça, plus de questions, c'est promis ! »

Ah tiens... il avait réussi à la faire rire rien qu'avec une question. Rien de mieux pour se mettre un peu plus à l'aise, quand on se trouvait dans le cabinet d'un médecin. Isaac avait donc finit son récit et attendait qu'elle lui pose quelques questions, si elle en avait, tout en se disant qu'il n'avait au final pas fait mention de sa vie privée, mais bon, ça ne l'intéresserait sûrement pas de connaître son état civil ou autre. L'homme croisa les bras alors que la jeune femme revenait rapidement sur le naufrage, il fit une légère moue de dépit, oui ça avait du être quelque chose d'horrible, mais il ne s'en souvenait que très peu en fait, ce qui persistait par contre, c'était la sensation de l'eau gelée, de l'odeur du sang et des quelques survivants qui tentaient tant bien que mal d'appeler à l'aide après l'explosion mais pour le reste... tout s'était passé tellement vite qu'au final, il n'avait pas eu le temps de se rendre réellement compte, sur le coup, de ce qu'il c'était passé. Le réveil par contre, avait été difficile.

- Oui. Se contenta-t-il de répondre.

Mais elle devait bien s'en douter et lui ne voulait pas plus s'y arrêter. La doctoresse reprit alors sur le sujet qui les intéressait et Zylstra qui se croyait hors de portée des questions touchant à sa vie personnelle pu bien voir que ce n'était assurément pas le cas. Il haussa un sourcil alors qu'elle lui demandait son lieu de naissance, sans être réellement sur que cela pourrait servir à son dossier, mais elle termina ses questions en lui expliquant pourquoi elle lui demandait des choses pareilles. Pour le reste, il comprenait. Il fit un léger mouvement de la tête pour dire qu'il n'avait pas de souci à répondre encore à cela.

- Après vous passerez à la torture physique c'est ça? Un sourire en coin accompagna cette question et le ton était bien à l'humour, toujours à chercher à détendre un peu l'atmosphère, non plutôt à se détendre lui. Les piqures et tout le reste, ce n’était vraiment pas son truc. Un vrai mec pour ça. (xd!) Enfin, ça n'avait jamais été son style non plus de rouler des mécaniques et jouer aux gros bras. Non, il avait toujours apprit à être lui-même, bien qu'il avait quand même sa fierté et son ego, il n'irait pas jusqu'à avouer qu'il n'appréciait que très peu ce genre de chose. Il subirait en silence, comme un grand.

- Je suis né à Rotterdam, aux Pays-Bas, en 1981, j'ai donc 48 ans, ce qui fait que je commence gentiment à être un vieux croulant aux yeux de certains. Toujours assez souriant au final le marin. J'ai de la famille oui, une femme et un fils qui sont restés au pays, sans que je sache réellement ce qu'ils sont devenus. J'ai aussi un frère, et c'est la même histoire. Il marqua un petit temps. Pour mes parents... il sembla réfléchir encore quelques instants. Mon père est mort d'un arrêt cardiaque alors qu'il n'avait jamais eu de réels problèmes grave de sa vie... parait que ça arrive. Et ma mère, dans les dernières années de sa vie a souffert de cécité, on peut dire que je la suis bien dans cette voie, vu que je dois porter des lunettes pour lire. Mieux valait en rire qu'en pleurer, n'est-ce pas? Je crois que c'est tout... d'autres questions, docteur?

Sinon ils allaient pouvoir passer à la suite des opérations, pas que ça enchantait l'hollandais plus que cela mais... quand fallait y aller, bah, fallait y aller!

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Pour un médecin, le Dr Summers avait un parcours plutôt atypique. Fille d'un Major de l'US Army, elle avait grandi sans sa maman - décédée dans un accident de voiture quelques mois après sa naissance. Evanna n'avait pas été élevée à la dure pour autant, toutefois elle avait toujours su que la carrière militaire était faite pour elle, peu importe ce que serait son rôle. Sortie de l'université avec son diplôme de médecin en poche, elle s'était alors dirigée vers la base où travaillait Nicholas, et avait rencontré le Dirigeant. Lors de l'entretien, Eva avait expliqué ne pas vouloir rester ici, mais partir sur le terrain, et se servir de ses connaissances pour sauver des vies. On lui avait alors fait passer de nombreux tests, physiques comme psychologiques, afin de déterminer si elle serait capable ou non de tenir dans des situations aussi extrêmes. Un an plus tard, Evanna était envoyée dans les endroits les plus dangereux, et dirigeait l'infirmerie des camps où elle se trouvait. La jeune femme devait accueillir des soldats blessés et les soigner le plus rapidement et le plus efficacement possible. Ces hommes revenaient du combat, souvent portés par des frères d'armes en meilleure santé qu'eux. Malgré sa réussite aux examens faits par l'armée, Eva avait vécu des moments réellement difficiles.

Travailler dans un joli cabinet de banlieue, prescrire des médicaments pour des grippes et des rhumes, avoir beaucoup de vacances parce qu'il y avait toujours un collègue pour nous remplacer... Tout cela, la blondinette ne connaissait pas. Elle n'avait aucune idée de la façon dont ces médecins bossaient. Ils possédaient une tranquillité que son job à elle ne pouvait pas lui offrir. Car eux non plus ne savaient pas ce que c'était que de se retrouver dans des contrées en guerre, et de devoir gérer trois ou quatre effusions de sang en même temps, parfois plus, dans les pires conditions d'hygiène qui pouvaient exister. Etrangement, c'était la troisième guerre mondiale qui avait permis à la doctoresse de se rendre compte de tout cela. Maintenant, elle était un peu les deux. Elle se trouvait à la fois prête à soigner de graves blessures dûes aux machines, et aussi simple gratteuse de papier qui s'occupait de choses moins sérieuses. Avant, elle n'avait jamais appelé quelqu'un dans son bureau - elle n'avait pas de bureau - pour lui demander des informations sur sa vie afin de remplir un dossier médical. En Afghanistan ou en Irak, on n'avait pas le temps de noter les choses.

Avoir un patient qui trouvait que son check-up serait une véritable torture était nouveau. De même qu'entendre dire par-ci par-là que généralement, les gens n'aimaient pas aller chez le médecin. Dans son passé à elle, ils étaient bien contents d'arriver dans l'infirmerie de fortune qu'ils avaient aidé à monter lors de leur installation dans un coin perdu quelconque. Evidemment, Eva n'en tenait pas du tout rigueur à Isaak, d'ailleurs il n'était pas le premier à lui faire cette réflexion non plus. Seulement à chaque fois qu'elle l'entendait, elle ne pouvait s'empêcher de songer à la différence entre les médecins civils et les médecins militaires. Même si dans ce monde de chaos, ça ne faisait plus aucune différence. La jeune femme se contenta de sourire de hocher la tête, finalement plus amusée qu'autre chose.

Puis, elle l'écouta lui raconter un autre morceau de son existence, cette fois plus personnel que le premier. Il venait des Pays-Bas, avait 48 ans et avait du laisser derrière lui tout une famille dont il n'avait plus entendu parler. Son père était mort d'un arrêt cardiaque soudain et sa mère avait souffert de cécité, chose dont il semblait avoir hérité. Tous ces faits furent consignés sur la feuille de papier, et cette fois la blondinette ne trouva plus rien de manquant à lui demander. Tout semblait en ordre de ce côté-là, de fait elle put répondre à la question d'Isaac, tout en posant son stylo sur la surface de travail.

« C'est tout bon ! Maintenant, on va effectivement passer à la torture physique, mais pour ça il faut qu'on se rende à l'infirmerie. Je n'ai pas réussi à caser un lit dans ce huit mètres carré déjà bien rempli, et il va falloir que je vous tâte un peu les côtes. » lâcha-t-elle, légèrement amusée, avant de reprendre son sérieux - ce n'était quand même pas son genre d'utiliser l'appréhension de ses patients pour les stresser encore plus. « Ne vous inquiétez pas, ce sera rapide et en aucun cas douloureux. Suivez-moi ! »

Eva retourna la feuille de Mr Zylstra, le verso correspondant au check-up fait lors de l'arrivée à la base. Puis, elle saisit à nouveau son stylo et se leva de son fauteuil avant de se diriger vers la sortie. Au passage dans le couloir, elle attrapa plusieurs instruments et autres choses dont elle aurait besoin, espérant que de son côté, Isaac ne soit pas en train de se demander ce qu'elle lui ferait subir avec tout ça. Arrivée devant un lit vide, elle déposa le tout sur ce qui servait de table de nuit, et tira... ce qui servait de rideau, afin de leur donner un peu plus d'intimité. Une installation plutôt simple, mais quand on vivait dans un monde post-troisième guerre mondiale, humains contre machines destructrices, on faisait avec les moyens du bord.

« Bien, vous pouvez retirer vos chaussures, votre chemise et vous installer. Je vais commencer par prendre votre tension. Avez-vous une quelconque aversion pour les piqûres ? Je dois aussi vous faire une prise de sang. »

Bon fallait pas croire, Isaac respectait totalement les médecins, il savait bien que sans eux, leur santé à tous serait réellement précaire, mais ça n'empêchait pas le marin de n'apprécier qu'à moitié d'aller en voir un. Ca n'annonçait jamais rien de bon en général et puis des check-up, il en avait vécu! Après tout, vu son métier, c'était bien plus qu'obligatoire. Ce qui n'empêchait pas le fait qu'il n'en avait pas d'excellent souvenir, enfin faut dire que c'était un peu des brutes ceux chez qui il était passé, même quand il avait eu à faire à une femme... enfin bon. Et puis, ça leur avait permis d'avoir de quoi discuter entre eux, au final et en y repensant ça faisait de bons souvenirs, d'excellents moments entre amis et collègues quoi... tout pour être un peu nostalgique au final, ce temps là lui manquait réellement.

Ah... il semblait cette fois-ci avoir répondu à toutes les questions du docteur, en tous les cas, ce qui concernait ses antécédents, parfait. Ca n'avait pas été long au moins et ils pouvaient passer aux choses sérieuses. La doctoresse ne semblait pas vouloir trop se prendre au sérieux et Zylstra appréciait de la voir faire un peu d'humour, au moins, il permettait de mettre les partis en présence un peu plus à l'aise, ou en tous les cas, celui qui était le patient. L'homme eut donc un sourire quand elle lui fit remarquer qu'elle n'avait pas pu placer un lit dans un espace si petit, oui ça... il s'en doutait quand même un peu.

- Pas de problème. J'adore quand on me tâte les côtes! Alors qu'il se levait pour suivre Evanna dans l'infirmerie donc. L'Hollandais aurait pu rajouter un truc dans sa phrase, style surtout quand c'était une jolie femme qui s'en occupait, mais... elle aurait encore pu le prendre pour l'un de ces vieux dragueurs foireux et... voilà. Il l'observa attraper des objets divers et variés, dont il connaissait l'utilisation, rien qui n'était pas agréable, mis à part les seringues, mais il ne les avait pas encore eu dans son champ de vision, bien qu'il ne doutait pas que ça arriverait plus vite qu'à son tour.

On voyait bien que cette infirmerie était une infirmerie de fortune, mais comme celle dans laquelle il s'était réveillé 10 ans plutôt après le naufrage de son navire. Il fallait faire avec les moyens du bord et Isaac ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qu'il avait vécu par la suite, quand il avait aidé les soignants justement, ça n'avait pas été de tout repos, ça n'avait pas été agréable pour un sous même, il n'était pas fait pour ce genre de truc, le sang et les tripes, ça le rendait malade et ça n'avait fait qu'augmenter un peu plus son respect pour ceux qui avaient les mains là-dedans jour et nuit, qui donnaient leur vie pour ça. Ils arrivèrent donc devant un lit vide et la doc' ferma le rideau pour qu'ils aient un peu plus d'intimité, enfin, Isaac n'en aurait pas été plus dérangé que cela s'il n'y en avait pas eu, ce n'était pas un problème pour lui d'enlever sa chemise devant tout le monde, tant que ce n'était que la chemise!

Isaac s'attela donc à faire ce qu'elle lui avait demandé, enlevant d'abord ses bottes, son Keffieh, puis déboutonnant la chemise, afin de la faire glisser de ses épaules et de la poser sur le bout du lit, avec le tissu qui lui servait d'écharpe. Se faisant, il dévoila la confirmation de son récit, vu que les cicatrices qu'il portait sur le bras et sur diverses parties de son corps. Son Keffieh, lui cachait juste une entaille à la base du cou, que des souvenirs de cette magnifique période. Certaines semblaient pourtant plus ancienne, mais ça avait toujours été un casse-cou dans sa jeunesse et les différentes courses qu'il avait faite à moto, lui avait valu une fois ou deux aussi de belles chutes. On pouvait aussi remarquer que comme beaucoup de marin et de gens de sa génération, il avait craqué pour quelques tatouages.

Un se trouvait sur son torse, à hauteur du coeur, une simple maxime "Loyauté me Lie", qu'il tentait de suivre le plus souvent possible, une devise qu'il avait piqué à un roi anglais dont un ami lui avait parlé un jour et qui l'avait marqué. Sur l'épaule droite, un trident autour duquel était entouré un serpent et sur l'omoplate gauche, un trois mât naviguant sur des eaux tumultueuses. Bref, tout avait un rapport certain avec la mer, son premier amour, quoi qu'on en dise. Sinon pour le reste, le marin semblait encore bien pour son âge.

Il s'assit ensuite sur le lit, posant ses deux mains sur le bord du lit, tout en regardant la jeune femme qui s'inquiétait de savoir son appréhension envers tout ce qui piquait.

- Ce n'est pas de l'aversion, disons que je n'aime pas réellement ça, comme un peu tout le monde? Mais je survivrais, vous en faites pas pour moi, j'en ai vu d'autre. Ne me dites juste pas un truc du style : « Attention je vais vous piquer » et tout ira bien. Avec un petit sourire amusé pour finir sa phrase, non il ne fallait pas que cela pose problème, ça irait vite, si elle faisait cela bien et si elle détournait son attention de la piqure, tout devrait se passer au mieux.

Invité

Nullement impressionnée par tout ce qui recouvrait la partie supérieure du corps d'Isaac, Evanna prit tout de même le temps d'observer les cicatrices. Pour une raison tout à fait médicale, bien évidemment. Ce n'était pas le premier homme qu'elle devait ausculter et qui se trouvait avec autant d'anciennes blessures que de tatouages... bien au contraire. A la base, la plupart des membres des équipes en possédaient, pour des raisons diverses et variées. Avec nostalgie, Eva repensa à son paternel qui s'en était fait faire un gros sur l'omoplate gauche durant ses début à l'armée. Un dessin aussi original qu'indéfinissable puisqu'il ne représentait rien en particulier. Pourtant, l'ensemble rendait bien et on lui disait souvent que c'était superbe. Qu'est-ce qu'il pouvait en être fier ! Même plus tard, après avoir pris quelques années, il n'avait jamais regretté son envie soudaine de se faire un tatouage ; là où d'autres auraient pu qualifier un tel acte d'erreur de jeunesse. Quoi qu'il en soit, Isaac en possédait un sacré nombre aussi, toutefois les marques plus naturelles qu'il possédait un peu partout intéressaient plus notre doctoresse.

La première chose qui lui vint à l'esprit fut que cet homme avait du en voir. Cela le rendait encore plus admirable. Ce qu'il avait pu lui raconter quelques minutes plus tôt, ainsi que son bon nombre de cicatrices, montraient que son existence n'avait pas été des plus faciles. Pourtant, il était toujours plein d'humour et semblait empreint d'une grande gentillesse - du moins était-ce la première impression de la jeune femme. Eva ne le connaissait que depuis peu, et pourtant elle l'appréciait déjà beaucoup. Il ne s'était pas plaint des questions posées, et ne râlait pas à cause du check-up qui allait arriver. Au contraire, il blaguait là-dessus, comme amusé par ce qui l'attendait. La majorité des patients n'étaient pas aussi souriants dans une telle situation... Le médecin se souvint même d'une fois où il avait fallu deux infirmières pour en tenir un qui ne voulait pas sa prise de sang. Ca faisait donc plutôt plaisir de constater que cet examen ne serait pas une corvée avec ce nouveau venu. Au moins, il ne lui poserait aucune résistance et la laisserait simplement faire son boulot. Si seulement ils pouvaient tous être comme lui, la vie d'Evanna en serait grandement améliorée !

« Promis, j'essaierai de détourner au mieux votre attention. Pour le moment, je vais m'occuper des choses les plus simples et qui ne font peur à personne, » dit-elle avec un sourire en coin.

Elle mit son stéthoscope aux oreilles et appliqua l'autre extrémité sur le torse d'Isaac, tout en lui demandant de respirer fort par la bouche. Elle fit de même dans son dos, afin d'écouter ce que ses poumons avaient à lui dire. Comme il n'y avait rien d'anormal de ce côté-là, Eva indiqua à son patient de s'allonger sur lit pendant qu'elle notait quelques petits trucs sur son éternel bout de papier. Dix secondes plus tard, elle avait une nouvelle machine en main et prenait sa tension. On voyait que l'équipement avait beaucoup souffert, mais c'était tout ce qui leur restait. Maintenant, il n'était plus possible de prendre le téléphone et de commander du matériel médical neuf quand celui que l'on possédait tombait en rade. Il fallait faire avec les moyens de la base : si un truc était en panne, on l'emmenait chez les mécanos, croisant les doigts pour que ce soit réparable, parce qu'on ne pourrait pas en avoir un autre. Chaque médecin et chaque infirmière était donc tenu de prendre grand soin de tout ce qui se trouvait à l'infirmerie.

« Bien, votre tension est un peu haute mais ce n'est vraiment pas grand-chose. Il faudra quand même vérifier que ce ne soit pas permanent, auquel cas il s'agirait d'hypertension. Quelque chose de particulier vous tracasse et vous stresse en ce moment ? »

Evidemment, vu le monde dans lequel ils se trouvaient tous, ils avaient de quoi stresser à chaque seconde. Mais le début de la Guerre datait d'une dizaines d'années déjà, et ne justifiait donc pas - ou plus - un tel dysfonctionnement. D'un autre côté, Evanna ne s'en faisait pas pour Isaac : il venait d'arriver à la base et cela pourrait bien être un motif suffisant. Il devait s'habituer à un autre train de vie, maintenant. Qui n'en serait pas légèrement nerveux ? Malgré tout la blondinette était un médecin compétent qui ne laissait rien au hasard. Elle avait donc bien l'intention de surveiller cette fameuse tension artérielle chez son nouveau patient, de façon à être certaine que rien ne cloche même si elle en doutait.

Tout en écoutant la réponse d'Isaac, Eva posa le tensiomètre sur la table de nuit et prit un coton-tige qu'elle imbiba de désinfectant. Puis elle se pencha au-dessus de son visage et appliqua doucement ce qu'elle tenait en main sur la lèvre blessée de son patient. Bon, ce n'était ni bien joli ni alarmant. Pour l'heure cette plaie semblait avoir envie de se refermer d'elle-même, et Eva n'allait certainement pas l'en empêcher. Maintenant qu'Isaac était protégé contre tout risque d'infection à ce niveau-là, ce serait un peu stupide de lui coller un pansement qui - de plus - le gênerait plus qu'autre chose et risquait de ne pas tenir.

« Comme je l'ai dit tout à l'heure, je laisse comme ça pour le moment. Mais si jamais vous ressentez une douleur ou que vous remarquez que ça ne se soigne pas, revenez absolument me voir, d'accord ? »

Isaac était peut-être même un peu trop gentil parfois, surtout avec le personnel soignant, mais il avait pour idée que plus vite ça serait fait, plus vite il pourrait passer à autre chose. Après tout, à grogner et ne pas se laisser faire rallongeait le temps couché sur le lit et ça pouvait devenir encore plus désagréable que ça ne l'était déjà à la base. Enfin, pour ce qui était de la prise de sang en tous les cas, pourtant, il comprenait aussi parfaitement que certains ne supportaient juste pas cette idée, il avait même vu quelques uns de ces "durs à cuirs" tourner de l'oeil à la vision d'une seringue... à une époque, il avait trouvé cela totalement hilarant. Tellement pitoyable qu'au final, s'en était drôle. Oui, il savait s'amuser d'un rien parfois.

Un grand sourire, plutôt reconnaissant traversa son visage alors qu'elle le faisait revenir à la réalité, en lui promettant de s'occuper de son attention quand viendrait le moment de la prise de sang. Parfait, il n'en demandait pas plus et ça faisait plaisir de tomber sur des gens comme elles, ils se faisaient assez rare, ou alors c'était bien qu'il était trop habitué à l'ancienne base où le personnel soignant était des plus... brusques, on dira.

- Je vous remercie, doc'.

L'homme laissa donc son médecin traitant faire son job, patiemment, frissonnant légèrement au contact du métal froid sur sa peau, il fit ce qu'on lui demandait sans rechigner, prenant son temps pour respirer par de longues inspirations et expirations, comme on le lui avait toujours demandé et quand il dut se coucher sur le lit, il s'installa sans plus attendre, docilement, ses mains croisées sur son ventre, bien que ce n'était peut-être pas ce qui était le plus indiqué, il tapotait légèrement ses doigts les uns contre les autres, alors qu'Evanna prenait sa tension. La question qui suivit alors ne l'étonna guère, une tension haute c'était fort possible, vu tout ce qu'il vivait et qu'il continuait à vivre, il répondit alors sans réfléchir tout en tournant la tête pour observer son interlocutrice.

- Peut-être que le simple fait de me retrouver avec vous dans cette infirmerie pourrait me stresser un minimum, même si ce n'est pas votre présence qui m'est désagréable, soyons clair! Pas que cette femme ne croit une seule seconde le contraire, il en était à l'apprécier pour le peu qu'il la connaissait, elle lui était on ne peut plus sympathique. Non c'était juste l'endroit qui pouvait mettre mal à l'aise, il espérait qu'elle ne s'en offusquerait pas. Tout en lui lançant un sourire complice, avant de se permettre de réfléchir sérieusement à la question. J'ai changé d'environnement, c'est peut-être ça qui me tracasse, de ne pas savoir ce que sont devenus ceux de l'autre base... de devoir m'adapter à nouveau. Il marqua un petit temps, lâchant un très léger soupire. Ca ira mieux d'ici quelques jours. Le temps que l'adaptation et l'intégration soit faite. C'est vrai qu'il ne lui avait pas dit non plus qu'il débarquait d'une base alliée qui c'était faite ramassée par ces saletés de machines et qu'il avait pu à nouveau s'en tirer in extremis. Une légère ombre passa sur son visage, mais le marin préféra mettre de côté ses pensées sombres qui le prenaient à l'instant, il n'avait pas très envie d'y songer, pour le moment.

Sûrement sans qu'elle ne le fasse consciemment ou exprès, la jeune femme l'aida à dissiper ses mauvais souvenirs en se rapprochant de lui avec un coton tige imbibé de désinfectant et lui faisant se rappeler à son bon souvenir, la blessure qu'il avait à la lèvre. Une légère grimace de douleur passa alors, pas à dire, ça piquait et c'était loin d'être agréable, il c'était presque fait avoir par surprise en plus, lâchant un léger "aie" plus pour la forme qu'autre chose! (xd!) Enfin, au moins, ça voulait dire que le produit fonctionnait et que la plaie réagissait normalement à l'aide que venait de lui apporter la doctoresse pour se refermer du mieux possible et sans problème pour l'homme. Et mine de rien, même si elle ne le touchait que très peu, c'était loin d'être un contact qui le dérangeait, elle au moins, savait y faire pour être douce, d'autres devraient prendre exemple tiens!

- Je crois que je n'ai pas vraiment le choix de toute façon, en fait, il me semble qu'on ne me laisse pas beaucoup le choix pour pas mal de chose dans le coin! Sur un ton un peu plus léger qu'avant, l'humour, toujours l'humour.

Invité

Evanna esquissa un sourire à la fois gratifiant et amusé face au compliment d'Isaac. Tout en reposant le tensiomètre sur la table de chevet, elle songea que cet homme était le genre de patient qu'elle aimerait avoir vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans son infirmerie. Il se laissait faire sans broncher et réussissait encore à faire de l'humour alors qu'il était conscient que bientôt, une aiguille lui transpercerait le bras. Si seulement les autres se montraient moitié aussi peu difficiles que lui, la blondinette aurait des journées beaucoup moins fatiguantes. En fait, elle passait plus de temps à se battre pour qu'on la laisse faire son boulot correctement qu'à véritablement soigner des blessures. Etonnant quand on savait que presque tous ceux qui passaient entre ses mains étaient des guerriers accomplis qui ne reculaient devant rien. Une machine de six mètres ne leur faisait pas peur, mais ils hurlaient à la vue d'une minuscule seringue. Il y avait de quoi en rire - et Eva ne se privait pas, toujours de façon gentille toutefois, car elle n'avait rien d'une personne moqueuse.

Isaac reprit son sérieux, se doutant qu'il lui fallait réellement répondre à la question de son nouveau médecin, et expliqua que le changement d'environnement devait y être pour quelque chose dans sa hausse de tension. Evidemment, la doctoresse le lui avait demandé pour la forme - ou plutôt parce qu'on ne savait jamais, il avait pu oublier un détail important lors du questionnaire que ce symptôme lui aurait rappelé - mais elle se doutait de ce qui se passait chez cet homme. Apparemment, il venait d'une autre base de Résistants qui aurait été détruite et dont il était un survivant. Probablement le seul, puisque que personne ne l'avait accompagné à son arrivée. Ou bien les autres avaient pris un chemin différent et étaient peut-être - espérons-le - tombés sur une autre base capable de les accueillir. Pour sa part, il était exceptionnel qu'Evanna fasse un bilan à des nouveaux qui provenaient d'autres rassemblements de Résistants. Rares étaient les gens qui s'en sortaient quand le métal les attaquaient. Cette pensée fit naître une profonde tristesse en elle, mais son visage resta impassible. Puis, elle les mit de côté. Ce n'était pas le moment d'avoir l'esprit ailleurs.

« Bien sûr, donnez-vous un petit peu de temps et tout s'arrangera. » affirma-t-elle en souriant, appuyant les propres paroles de son patient.

Elle s'occupa ensuite de sa blessure à la lèvre, et un petit sourire en coin se dessina sur les siennes quand elle remarqua sa grimace. Comme quoi, Isaac avait beau être courageux, il n'avait rien d'infaillible non plus. Cela la rassura un minimum ; c'était tellement rare de voir des gens aussi enthousiastes - ou du moins qui le paraissaient - à l'idée d'un check-up médical ! Un petit peu de réticence ne faisait pas de mal, après tout c'était ce à quoi la blondinette avait l'habitude, jour après jour. Isaac semblait avoir trouvé le juste milieu en fin de compte. Evanna lui indiqua qu'il devrait venir la voir dans le cas où la plaie ne se refermerait pas. Désormais, il n'y avait plus aucun risque d'infection, mais ce ne serait pas normal qu'elle ne montre aucune amélioration. La doctoresse comptait sur son patient, toutefois elle avait bien l'intention de le surveiller aussi - après tout, ils étaient dans une base fermée, et donc voués à se croiser rapidement dans un lieu quelconque. A la remarque pleine d'humour d'Isaac, Eva se mit à rire.

« Et oui, vous êtes tombé sur de véritables tortionnaires ! » rétorqua-t-elle sur un ton tout aussi léger, exhibant avec une fierté feinte la seringue qu'elle venait de saisir. « Et en voici l'ultime preuve... » ajouta-t-elle avec une pointe de mystère dans la voix.

L'objet était composé d'une aiguille et d'un piston, ainsi que d'un tube en verre qui servait à récupérer le sang. Un matériel qui se faisait tellement rare ces temps-ci que les médecins n'en avaient plus que deux à disposition. Ce fut donc avec une extrême prudence que la doctoresse le manipula. De son autre main, elle remonta la manche d'Isaac, imbiba un coton de désinfectant et le passa sur la zone du bras qui l'intéressait. Ce ne serait pas difficile, puisqu'elle voyait très bien la veine en question. Enfin, elle posa la pointe de l'aiguille contre la peau d'Isaac et lui lança un sourire encourageant.

« A trois. Un... Deux. »

Et hop, en une fraction de seconde la petite tige de métal était en place, et du sang commençait à remplir le tube de verre. Il n'y avait rien de tel que de prendre une personne par surprise dans ce genre de situations. En général, on avait mal simplement parce qu'on anticipait le geste. Pour ce cas précis, on sentait un simple pincement et tout était déjà terminé. Si cette technique fonctionnait surtout sur les enfants, Evanna savait que les adultes en avaient aussi souvent besoin, et l'utilisait donc à outrance. Lorsque le tube fut rempli, elle retira l'aiguille et mit tout de suite un morceau de coton sur le trou presque invisible qu'elle avait laissé. Après avoir posé la seringue sur la petite table, elle sortit un pansement et l'appliqua sur le bras d'Isaac.

« Voilà ! C'est fini ! » s'exclama-t-elle, enjouée, tout en s'occupant de coller une étiquette du nom de Zylstra sur la paroi de verre. Une infirmière fut appelée et elle lui ordonna de ranger le sang, qu'elle étudierait plus tard, espérant bien sûr ne rien trouver de sérieux. « Vous pouvez vous relever et vous rhabiller. Alors... » Elle se saisit à nouveau de son papier et nota deux-trois choses. « Bilan de ce check-up : plaie à la lèvre et tension à surveiller, sinon tout est parfait. Je vous tiendrais au courant pour le résultat de la prise de sang bien sûr, mais il ne devrait pas y avoir de souci. Et de votre côté alors, ça a été ? Pas trop désagréable ? » demanda-t-elle, son sourire bienveillant toujours visible sur son visage.

Au final, l'atmosphère était plutôt détendue entre le patient et sa doctoresse, c'était quand même beaucoup plus agréable ainsi! Et l'homme ne doutait pas un seul instant que son interlocutrice devait penser pareil. Même s'il avait pu sombrer quelques instants dans des pensées un peu plus noires, ça n'avait duré pas plus d'une minute. Il savait mettre de côté ce genre de chose et puis Summers lui confirma que tout s'arrangerait. Oh... il n'y mettrait pas sa main à couper, mais en tous les cas, il y croyait.

Isaac avait encore une fois fait mouche avec son trait d'humour, puisque son interlocutrice ne manqua pas de rire à la blague, c'était agréable de rencontrer des gens qui avaient encore leur sens de l'humour. Ca devenait tellement rare de nos jours, les gens étaient bien trop blasés par tout ce qu'ils vivaient, traumatisés aussi, qu'ils ne voyaient plus réellement autre chose que leur propre malheur. Alors que le marin se disait que combattre la morosité et la dépression par l'humour était sûrement l'un des meilleurs moyens. La jeune femme entra même dans son jeu tout en lui faisant remarquer que c'était parfaitement le cas, qu'ils avaient rencontrés des tortionnaires en puissance, tout en lui montrant la seringue qui allait se planter dans sa peau quelques minutes plus tard.

Zylstra haussa les sourcils, feignant l'indignation que le doc' trouve encore amusant de lui planter ce truc dans le bras. Il fit une moue boudeuse, tout en la regardant manier l'objet avec la plus grande délicatesse. Il ne devait plus y en avoir des masses de ce matériel médical, voilà pourquoi les médecins et les infirmières mettaient encore plus de soin à l'utiliser.

- Et en plus vous y prenez plaisir! Un vrai bourreau!

Tandis qu'elle lui désinfectait la zone du bras qu'elle allait piquer, sans pour autant lui remonter la manche de sa chemise, puisqu'il l'avait enlevée depuis qu'il c'était installé sur le lit de fortune. (XD!) Il ne put s'empêcher un frisson le parcourir, mais pas un frisson de plaisir loin de là, non c'était plus le genre de frisson qui pourrait presque vous faire froid dans le dos, puisqu'il venait d'anticiper la suite de l'affaire. Rah, non sérieusement il n'aimait pas ça, heureusement que ça devait se faire une fois tous les ans... voir plus, tant qu'ils auraient ses analyses après, ils devraient normalement lui foutre la paix à ce niveau. A moins que la loi de Murphy ne s'écrase sur lui et qu'on lui apprenne qu'il avait une grave maladie qui demanderait d'autres prises de sang. Bon bien sûre, à ce moment, il serait beaucoup plus inquiet de la maladie qu'il aurait pu attraper plutôt que de ces petites piqures.

Evanna approcha lentement l'aiguille près de son bras et il ne put s'empêcher de faire une autre moue, par tellement rassurer, elle attira alors son attention pour faire le décompte, ce qui lui fit hausser les sourcils. Il allait lui faire une remarque comme quoi il avait demandé que justement, elle ne le prévienne pas, mais le temps qu'il ouvre la bouche, la seringue était déjà plantée dans la peau et faisait son travail. Au final, il n'avait quasiment rien senti.

- ...

La suite fût des plus rapide et Isaac tint à deux doigts le coton qu'elle venait de mettre sur sa plaie, avant qu'elle ne le remplace par un pansement en lui annonçant tout sourire que c'était fini.

- Pas trop tôt! Avec un petit air bourru, mais... ce n'était que du jeu. D'ailleurs, le sourire de remerciement qui se plaqua sur ses lèvres le faisait bien comprendre. Il bougea ensuite lentement pour se retrouver assis sur le lit. Il regarda alors le pansement sur son bras, avant de revenir sur la jeune femme. Vous avez des doigts de fée, vous devez avoir une sacrée habitude des patients récalcitrants. Il c'était remis debout tandis qu'elle lui faisait le bilan du check-up, rien de bien grave, au final, tout en enfilant d'abord ses bottes, puis sa chemise. Elle lui demanda alors comment lui l'avait trouvé. L'hollandais se tourna vers son docteur tout en commençant à ferme les boutons de sa chemise. J'ai connu pire, mais je serais presque dessus que vous ne m'ayez pas tâté les côtes. Tout sourire, il déconnait, tout en espérant qu'elle ne le prenne pas trop au mot ou il serait quitte pour retourner se coucher un moment sur le lit. Comment ça se passe pour les résultats? Vous avez encore des moyens de faire des recherches approfondies? Hop, détournement savamment calculé de la conversation et puis... ça l'intéressait de savoir comment ils arrivaient à se débrouiller sans presque plus rien de potable à utiliser.

Invité

Comme tous les enfants, Evanna avait eu un héros. Néanmoins, il ne possédait aucun pouvoir surnaturel et ne s'habillait pas de collants ou de capes. Il n'avait pas besoin de s'inventer une seconde identité afin de se cacher aux yeux de la population, et son ennemi n'était pas un monstre horrible qui faisait hurler les petits. Non. Son héros à elle était un simple être humain qui, en plus de cela, lui faisait des pancakes le matin et l'embrassait avant qu'elle ne quitte la maison pour se rendre à l'école. Son nom ? Nicholas Summers, Major dans l'US Army. Et oui, son héros n'était autre que son propre père. Eva l'admirait littéralement, surtout depuis qu'elle avait atteint l'âge de comprendre les mots comme « soldats » ou « guerre ». Nick mettait sa vie en danger pour protéger son pays ainsi que celles des autres. Il avait été plusieurs fois décoré pour cela, d'ailleurs. Lors des cérémonies, sa fille se souvenait de ses larmes de joie, de ses yeux brillants d'amour et de fierté.

Ce fut ce qui la décida. Jeune, elle savait déjà de quoi serait fait son avenir - ou presque. Elle travaillerait également dans l'armée et ferait de son mieux pour aider les Etats-Unis, protéger ses citoyens. Toutefois, le rôle que la blondinette jouerait était encore indéfini. Certes son père voyait en elle quelqu'un de fort psychologiquement - et elle l'était vraiment - mais d'autres traits de sa personnalité ne convenaient pas pour un soldat. Eva était beaucoup trop douce pour être capable de tuer des gens, même si les ennemis l'entouraient et pointaient leurs armes sur elle. Ainsi, ce fut encore une fois son père qui, lors d'une conversation autour du dîner, lui ouvrit les yeux. « Tu n'es pas faîte pour détruire, ma belle. Tu as l'âme d'une personne qui crée, ou qui répare et reconstruit. ». L'image d'un médecin lui vint tout de suite à l'esprit. Et voilà que, seize années plus tard, elle s'apprêtait à planter une aiguille dans le bras d'Isaac.

Ainsi, son patient n'imaginait pas à quel point il pouvait avoir raison. Il avait prononcé cette phrase sur le ton de l'humour, mais il était vrai que le médecin prenait un immense plaisir à l'idée de faire cette prise de sang. Non pas parce que sa personnalité était dotée du trait « sadique finie », loin de là ! Evanna détestait faire souffrir ceux qu'elle soignait, ou simplement les mettre mal à l'aise - mais quand cela arrivait, elle se disait simplement qu'il s'agissait d'un mal pour un bien. Non, Eva adorait cela parce que pour elle, son travail n'avait justement rien d'un travail. Elle le voyait plutôt comme une véritable passion, et ne sait pas ce qu'elle ferait si elle ne l'avait pas. Son job de médecin l'avait sortie de nombreuses situations. Par exemple, si elle ne s'était pas plongée corps et âme dans ce boulot après la mort de son père, elle était persuadée qu'elle ne s'en serait jamais remise. Evanna Summers avait besoin d'utiliser des aiguilles, des tensiomètres et des bandages pour se sentir bien. En fait, son but ultime était de réparer les gens, et de son point de vue il n'y avait pas meilleure ambition.

La jeune femme était donc légèrement désappointée lorsque le check-up toucha à sa fin. Isaac s'était montré d'une sympathie et d'un calme rares, en somme c'était le genre de patient que l'on considérait comme une perle et qu'on aimerait avoir constamment dans son infirmerie. Mr Zylstra indiqua que ce n'était pas trop tôt, mais Eva comprit grâce à son sourire gratifiant qu'il plaisantait, et le lui rendit d'ailleurs. A nouveau, il lui fit un compliment qui lui alla droit au coeur, et elle se sentit piquer un léger fard - ce genre de choses lui faisaient toujours cet effet. Acquiesçant à ses mots, elle ajouta :

« Oh oui ! Vous ne pouvez même pas savoir à quel point. Pour la petite confidence, les trois quarts des gros bras que vous croisez à la base sont de vrais gamins capricieux quand il s'agit de se faire soigner. » rit-elle. « En tout cas, merci beaucoup. Plus sérieusement c'est vrai que j'ai eu l'occasion de m'exercer : je suis médecin depuis de nombreuses années et auparavant, je travaillais dans l'US Army. Autant dire que là aussi, on rencontre pas mal de patients récalcitrants. »

Elargissant son sourire, un brin complice comme si elle venait de lui révéler un gros secret, Eva se concentra ensuite sur le bilan de ce check-up et lui en fit un petit topo. Il devait donc revenir la voir si sa lèvre ne se soignait pas, et elle referait bientôt une prise de tension pour s'assurer qu'il ne s'agissait que d'un peu de stress dû à sa récente arrivée. Quant à son sang, elle lui transmettrait les résultats quand elle les aurait. Alors qu'Isaac refermait sa chemise, il lui fit à nouveau part de son excellent humour en se montrant déçu qu'elle ne lui ait pas tâté les côtes. Non, elle ne l'avait pas oublié mais avait préféré ne pas trop lui en faire subir pour aujourd'hui : en apprenant qu'il devrait - de toute façon - revenir pour sa tension, elle avait pensé judicieux de faire cela en même temps. Histoire qu'il puisse se reprendre entre deux séances de tortures. Ceci dit, s'il le réclamait...

Eva n'eut même pas le temps de faire un signe vers le lit et de lui indiquer de se coucher à nouveau : il avait déjà changé de sujet. Un petit rictus amusé se dessina sur ses lèvres. Comme quoi, il n'avait pas si envie que ça de refaire un tour là-dessus. Mais il n'y échapperait pas pour autant, ça non ! La doctoresse se garda bien de le lui préciser ou il serait capable de se rendre totalement invisible - en gros, de l'éviter soigneusement - pour ne pas avoir à remettre les pieds à l'infirmerie. Bien sûr, personne ne pouvait faire cela indéfiniment puisque la base était tout à fait close, mais bien assez pour que cela puisse être dangereux si - et elle ne l'ésperait pas - il avait quelque chose de sérieux.
Isaac demanda donc à la blondinette comment les médecins s'y prenaient pour avoir des résultats au niveau de la prise de sang. Avec un soupir - pas ennuyé, mais dépité parce que sa réponse serait négative - elle lui expliqua :

« Malheureusement non. Aujourd'hui, on ne peut plus mettre le tube dans une machine et simplement attendre que les résultats s'impriment. Nous avions réussi à en récupérer une mais elle est tombée en panne il y a trois ans et personne n'a réussi à la réparer - ce qu'il fallait changer était tout simplement introuvable. Donc, on se contente de faire ça à l'ancienne : un microscope, des lamelles et des solutions chimiques qui font apparaître telle ou telle chose. Certaines d'entres elles s'épuisent et ne seront pas remplaçables, alors on fait vraiment attention. Pour d'autres, on peut encore les composer ici. » Elle fit une pause d'une seconde puis reprit. « Mais ne vous inquiétez pas, même si on met du temps, nos moyens sont encore assez bons pour repérer les choses les plus importantes. Il ne faudra simplement pas espérer vos résultats dans la seconde. Je vous tiendrai au courant, quoi qu'il en soit. »

Et voilà, le moment était venu de dire au revoir à Mr Zylstra et le laisser vaquer à ses occupations. Elle-même avait d'autres patients à voir, des médicaments à donner, des blessures à vérifier et des pansements à changer. Le tout, entrecoupé de « pauses » où elle irait mettre les nouvelles informations sur les feuilles constituant le dossier de chacun. En somme, beaucoup de travail l'attendait encore, même si elle aurait bien aimé que cette conversation ne touche pas déjà à sa fin. Evanna tendit une main à son interlocuteur, un sourire tout à fait chaleureux éclairant son visage.

« Isaac, ravie de vous avoir rencontré - et d'être votre médecin. Si tous les patients étaient comme vous, croyez-moi que le boulot serait mille fois plus facile ! » dit-elle en riant. « Au plaisir de vous recroiser très vite, et n'oubliez pas que si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là. »

Cette proposition valait autant pour le côté médical que pour le reste. Isaac était nouveau ici et il n'était pas encore familier avec le fonctionnement de la base. Eva était sûre que Meredith lui avait expliqué le plus important, toutefois il pouvait encore avoir des questions. Mais au vu de sa sympathie et de son grand sens de l'humour, nul doute qu'il s'intégrerait avec une grande facilité.

[HRP: J'en aurais mis du temps à le clore ce sujet... sorry. xd!]

Isaac n'avait pu manquer le rougissement de la doctoresse à son compliment, il se garda pourtant d'en faire une quelconque remarque, non juste un petit sourire amical aux lèvres, tandis qu'elle lui vantait le courage de tout ces militaires qui parcouraient la base et qui semblaient adorer venir dans ce coin. A croire que ça ne changerait jamais, la pire des brutes épaisses pouvait toujours devenir le gamin apeuré devant une seringue, c'était impressionnant en y réfléchissant, le pouvoir qu'avait ce genre de chose sur les gens. Un bon moyen de pression en tous les cas, excellente torture en soit. Mais non, il n'avait pas de pensées noires, c'était juste des raisonnements qui lui passait par l'esprit parfois.

- Hum... je prends note, ça sera toujours un bon moyen de chantage s'ils me cherchent un peu trop. Son sourire devint alors un peu plus mystérieux, bien que l'on puisse voir dans ses yeux que c'était tout simplement de l'amusement. Evanna continua alors pour lui expliquer qu'elle avait été médecin militaire, entre autre. Je comprends mieux, des gros bras, vous en croisez depuis vos débuts quoi.

Autant dire qu'il voyait parfaitement d'où pouvait venir cette habitude. Le marin terminait de boutonner sa chemise, tandis qu'elle lui expliquait comment ils s'y prenaient maintenant pour les différents tests qui permettaient de contrôler son sang. Ca aurait été trop beau qu'ils aient encore une machine digne de ce nom qui fonctionnait encore. Il ne fallait pas rêver, une légère moue compatissante traversa son visage alors qu'elle lui expliquait un peu plus en détail le mode de fonctionnement. Ca n'était pas de tout repos, enfin d'un côté, c'était aussi leur job. Ils devaient donc aimer ça, au moins un peu quand même! Bon, plus chiant déjà les solutions chimiques qui s'épuisaient... ça n’aidaient pas vraiment à pouvoir tout voir... autant espérer que personne n'amènerait une épidémie que personne ne pourrait voir et contrôler. Ca serait une belle hécatombe si cela se passait, m'enfin mieux valait ne pas y penser et se dire que ça n'arrivera pas.

- Je vous fais confiance, doc'. Et je suis quelqu'un de patient, parait-il. Donc pas d'inquiétude, je ne serais pas sur vos talons pour connaître mes résultats. Il serait plutôt du style à en savoir le moins possible en fait. Zylstra prit sans aucun problème la main qu'elle lui tendait, la poignée fût franche, comme un peu toujours d'ailleurs, des femmes de caractères dans cette base, c'était agréable. De même, docteur, je tenterais d'en glisser un mot aux autres, pour qu'ils vous mènent la vie plus facile, mais je crains que ce ne soit déjà peine perdue. Fit-il avec un certain humour. Reprenant alors un peu son sérieux, il fit un petit hochement de la tête. Merci, je n'oublierais pas.

Puis il la salua et s'éloigna, la laissant à ses occupations, pas fâché de quitter l'infirmerie... bien qu'il ne serait pas contre revoir cette Summers (peut-être aussi dans un autre contexte que celui-ci), après tout, elle lui était très sympathique et comme médecin, il avait vu bien pire! A croire qu'il serait moins retissant à sa prochaine venue dans le coin, puisqu'il devrait obligatoirement revenir un de ces jours...