Tyron était tranquillement en train de faire le guet dans une des tours nord de la base de Niagara Falls. Depuis que des éclaireurs de Skynet avaient été aperçus, plus personne, mis à part les soldats chargés de la surveillance, ne pouvaient quitter la base. Hors, on l’avait assigné à une petite tour, d’un immeuble de six étages. D’accord, ce n’était pas un des plus grands, et alors ? De toute façon, tous les grandes constructions avaient été rasées par la guerre. Par contre, celui de Tyron, il était en parfait état. Enfin, tout était à l’abandon, plein de poussière et tout, mais au moins, pas de façades ouvertes, de piliers explosés, bref, en bon état. Chargé d’observer le nord, le Snake avait prit place sur un grand fauteuil, installé confortablement dans un petit bureau. Retourné contre la fenêtre, Tyron scrutait l’horizon à l’aide de puissantes jumelles. Evidement, il n’était pas le seul soldat chargé de la surveillance : depuis l’annonce de l’approche ennemi, nombre d’équipes observaient l’horizon. Sauf que Tyron, étant sensé resté à l’intérieur de la base aujourd’hui, avait demandé la permission spéciale pour se rendre à ce poste d’observation qu’il avait, depuis les débuts, aménagé pour lui-même, personne d’autre ne s’y rendant normalement.

Le dernier étage, celui où se trouvait Tyron, disposait d’un grand salon, d’une cuisine moderne, de toilettes luxueux, d’une chambre de rêve, et d’un bureau certes petit, mais très confortable. C’était un endroit de luxe, et le Serpent se demandait bien qui avait put habiter ici : lors de ses premières intrusions, il n’avait pas trouvé une seule pièce d’identité, rien. Et puis il suffisait de monter quelques marches pour arriver sur une plate-forme complètement barricadée, aménagée spécialement pour la résistance, même si une piscine y était installée, vestiges des temps de paix ! Montant alors sur cette plate-forme, Tyron caressa la Buse de Harris ‘’apprivoisée’’ depuis quelques jours déjà. Elle était accrochée par un petit anneau de fer, relié à une corde, finalement attaché à un perchoir sommairement fabriqué avec des balais. Il entendit alors quelqu’un arriver :

- Toc, toc. La calzone c’est pour qui ?

C’était sûrement la personne que Tyron avait demandé pour réparer un système de communication : un gros poste servant à relier la base au poste de contrôle principal de la base. C’était un système fonctionnant par fils, donc aucune chance que les communications soient interceptées par Skynet. D’un air amical, Tyron répondit à voix haute, n’apercevant pas encore tout à fait son interlocutrice :

- Pour moi volontiers. Tyron Turner. A qui ai-je l’honneur ?

- Skynet a réquisitionné tous les pizzaiolos. Nous, on peut juste imaginer la pizza. Cheyenne Quilan, au service de ceux qui se bougent le cul pour sauver ce qui peut l’être.

Et bien, son entrée était des plus … amusantes. Après avoir toisé avec peu d’intérêt le Serpent, la jeune femme n’arrêta pas de fixer la Buse de Harris. Elle n’avait sûrement pas vu d’oiseaux depuis longtemps, car même si elle était jeune, elle devait sûrement avoir connu l’avant-guerre. Encore une personne qui, chaque jour, espérait voir tomber Skynet, afin de faire revenir la vie d’antan, si paisible, si simple. D’un ton cassant, Cheyenne demanda à Tyron si ce dernier avait le vertige. N’importe quoi. Depuis quand avait-il peur de l’altitude … jamais ! Il se plaisait à regarder la ville d’en haut, tout semblait si petit, si insignifiant. Et du temps où Skynet n’avait pas encore semé la terreur, voir les gens ressemblant à des fourmis était une tâche fascinante aux yeux du jeune Serpent. Bon d’accord, il était très jeune quand il l’amusait à ça, mais soudain, il se rendit compte qu’il ne serait pas contre le fait de revivre ces moments passés, innocents, lâchant parfois des ballons à eau, espérant toucher un malheureux passant. Entre-temps, la jeune femme s’était attelée à la réparation du poste électrique. Si il y avait une chose que Tyron ne maîtrisait pas, mais alors pas du tout, c’était bien la mécanique. Il savait manier les armes avec habilité et précision, jamais il n’avait réussit à réparer un seul circuit électrique. Il pouvait à peine changer une lampe, et encore, la dernière fois, elle avait éclaté dans ses mains, ne gagnant ainsi q’un petit choc, ce qui était peu comparé aux secousses reçues lorsqu’il tentait de toucher à toute autre forme de mécanique et d’électrique !

Ignorant donc la jeune femme, il se contenta d’observer le rapace. Ce dernier s’occupait à alterner entre Tyron et Cheyenne, tentant d’identifier cette créature à deux pattes qu’elle n’avait jamais vue. Elle joua à ce petit jeu pendant quelques minutes, puis s’attela à la courante tâche qui consistait à lisser ses plumes, leur enlever toute trace de saleté. Tyron fut interrompu dans sa contemplation de l’animal qu’il trouvait, au passage, vraiment magnifique, par Cheyenne, qui déclara avoir terminé son travail. Il fallait à présent vérifier que tout fonctionnait. S’approchant du poste électrique, Tyron décrocha un combiné, s’exprimant à voix haute :

- Base, ici Snake 2 répondez.

Dès qu’il eu terminé, un grésillement se fit entendre en provenance du petit haut-parleur. Ce petit son, des plus irritants pour Tyron, dura trois secondes, avant qu’une voix masculine que Tyron connaissait vaguement, lui répondit. C’était Charlie, un responsables radio :

- Snake 2, ici la base. Merde, ça fonctionne. Terminé.

A cette annonce, Tyron ne put s’empêcher de rire, même si Cheyenne devait le prendre pour un malade mental. Il reprit rapidement le combiné, terminant la conversation sur :

- Je t’avais dis Charlie ! Tu me dois deux bières, terminé.

Charlie avait en effet parié que personne ne réussirait à réparer le système électrique de ce poste d’observation. Tyron répliquant que ça serait rapidement fait, un pari s’était instauré entre les deux hommes. Et là, le Serpent venait d’apprendre sa victoire, ce qui le laissant heureux, même si le gain n’étaient que deux vulgaires bières. Après tout, il fallait bien se divertir un peu ! Se rendant compte que la jeune femme devait vraiment se poser des questions sur son compte, il se dépécha d’expliquer la situation, tout en se grattant la tête d’un air béat :

- Ha oui … heu .. .merci ! Grâce à toi j’ai gagné deux bières. Je te les offre - puis il se rappela du visible intérêt pour la jeune femme pour le rapace, et il ajouta, en montrant l’animal de la main : – Tu sembles bien t’y connaître en oiseaux. Celui-là me suit depuis un bout de temps, et quand je siffle, il vient se poser. C’est une Buse de Harris je crois. Je l’aime bien, mais je sais pas trop comment lui apprendre d’autres trucs …

Cheyenne ne semblait pas spécialement motivée par l'offerte de Tyron. En fait, elle semblait se ficher royalement du jeune homme. Ce dernier trouva ça étrange, mais n'allait pas se casser la tête à cause d'elle, si ? La mécano' annonça bien aimer les animaux, et le regard qu'elle portait à la Buse de Harris était passionné, intéressé. Elle continua, affirmant déjà avoir vu des rapaces de la même espèce dans le Grand Canyon, apprivoisés et dressés par un demi-indien. Le Grand Canyon ? Le Serpent n'y était jamais allé, et autant dire qu'une voix la guerre terminée, il ferait un saut par là-bas. Beaucoup de résistants y étaient déjà allés, et leurs paroles avaient donné envie au Serpent de s'y rendre. Rien que sur les photos, le spectacle état magnifique, alors en vrai ...

Si cette buse reste à proximité sans s’effrayer, c’est déjà un bon début, sachant qu’il faut généralement les élever très jeunes.

Donc, cela voulait dire qu'elle avait déjà été apprivoisée ? Sûrement, car un rapace adulte n'aurait jamais accepté de côtoyer d'aussi près un être humain, qui, en plus, pouvait le nourrir. D'un regard interrogateur, Cheyenne demanda à Tyron ce que ce dernier désirait lui apprendre. Le jeune homme entreprit alors de tout lui expliquer :

- En fait, je sais pas trop. Quand je siffle, il, ou elle j'en sais rien, vient se poser près de moi. Si j'ai le bras protégé, je tape dessus et l'oiseau se pose dessus. Il me laisse le toucher, le nourrir et l'attacher. Après, j'aimerais lui apprendre à se rendre quelque part, et qu'il se laisse toucher par d'autres. Ca pourrait être utile pour amener des messages.

Il espérait s'être fait comprendre. Le problème, c'était que des peu de livres dans la bibliothèque de la base traitaient de la fauconnerie. Et sans l'aide de quelqu'un s'y connaissant vraiment, il serait très difficile, voire impossible, d'entraîner correctement cette Buse de Harris. Après avoir passé ses mains de manière caline sur la tête du rapace, qui, depuis qu'il l'avait, Tyron appréciait fortement, il regarda de nouveau Cheyenne, et lui demanda poliment, avec respect pour ce qu'elle semblait savoir sur les rapaces :

- Je me disais ... tu sembles t'y connaître. Tu voudrais bien m'aider ? J'y arriverais pas tout seul. J'ai beau aimer les animaux et être plein d'envie, je n'y connais psa grand chose en fauconnerie ...

En effet, depuis son plus jeune âge, Tyron s'intéressait grandement aux animaux, surtout les sauvages, son intérêt portant grandement sur les félins, animaux qu'il jugeait les plus majestueux de la nature. Il y était presque incolable. Quand il était plus jeune il rêvait d'aller faire des safaris en Afrique, de devenir vétérinaire dans une réserve, bref, être en contact régulier avec les fauves. Malheureusement, le destin est souvent bien différent de ce que l'on désire. Il attendit donc la réponse de la jeune femme en regardant avec admiration le rapace.