Thimothy Lewiss venu au monde un 13 octobre. L’année 2005 fut une année parmi tant d’autres. La famille Lewiss, eux, venait de voir la naissance de leur premier fils. La relation entre Donald Lewiss et Florence McDougal avait déjà donné naissance à deux filles, Joly et Catherine Lewiss, âgée respectivement de 5 et 8 ans à la naissance de leur frère. Ceux qui sont passés par Los Angeles ont sûrement vu le restaurant qui fit la renommé de la famille, le Old Glory. Restaurant chic de la ville, il fut transmit à Donald par son père. Il aurait probablement été légué de la même manière à Thimothy si ce n’avait été de la guerre. Chacun des enfants de la famille y travailla un jour ou l’autre. L’aînée des sœurs y travailla pendant quelques années comme serveuse, tandis que les deux autres enfants se virent donner des petites tâches ménagères. La famille tournait autour de ce restaurant, c’était la belle époque.

Une enfance normale, un enfant un peu gâté peut-être, mais ça lui faisait si plaisir. Tim vécu à LA durant tout son enfance. Étudiant dans les écoles privées que son père jugeait être les meilleures, moins de délinquance, de drogue, moyenne plus haute, … Le cadet ne s’en plaignit pas. C’est à l’école qu’il démontra son talent pour les chiffres. Bien sûr, à la petite école, un enfant qui réussit à diviser et multiplier ne surprend pas beaucoup de monde, mais il aimait énormément ça. Ses notes dans les matières qui découlaient des math tournaient autour des 100%. « Un futur grand scientifique, disaient ses parents. Il fera un excellent comptable pour le restaurant familial. » C’était peut-être vrai et, à force de bourrer la tête de son enfant de cette manière, c’était ce qu’il voulait devenir.

La famille Lewiss vivait aisément. Le restaurant qui tournait depuis des décennies avait marqué son nom dans la restauration de l’État. Les célébrités venaient souvent manger dans ce restaurant cinq étoiles. La spécialité de la maison se résumait à ceci : le menu. Tous ceux qui avaient fait des critiques sur les plats disaient avoir goûter le meilleur de la ville, peu importe la commande. La porte à l’entrée du Old Glory ne semblait jamais se claquer comment les clients venaient et sortaient. Donald était le propriétaire du restaurant ainsi qu’un excellent cuisinier. C’était le chef, bien sûr, et il menait ses employés d’une main de fer recouverte d’un gant de velours. Florence, la mère des trois enfants, s’occupait de la réception des clients. La tâche des enfants variait, car ils n’avaient pas de boulot à proprement dit. Kate, surnom de Catherine, lorsqu’elle eu 16 ans, fut engagée comme serveuse. Certain parlait de traitement de faveur puisque son père était propriétaire, mais elle avait toujours vécu dans le domaine de la restauration. C’était la meilleure, et ça, on ne pouvait le nier.

Timothy était jeune à cette époque. La guerre débuta lorsqu’il eut quatorze ans. Sa vie ne se résumait à rien auparavant. C’était un enfant comme les autres. Presque. Il n’avait pas énormément d’amis, sortait que très rarement. Ce genre de comportement peut être très normal pour un enfant, surtout les plus intellectuels. C’était quelqu’un de timide après tout, mais ceci peut aussi être des signes d’une trouble mental. La solitude, le manque d’initiative, peu d’activité extérieure et le manque de leadership sont par contre quatre des premiers signes d’un trouble psychique…

À la fin du mois où Timothy vit son quatorzième anniversaire, la guerre éclata. Le gamin était encore jeune à cette époque, il n’avait pas conscience de ce qui se passait. Les seules guerres qu’il avait vécues c’était sur des jeux en ligne ou durant une partie de Risk, rien de très réel. Situé dans l’Ouest, Los Angeles fut moins touché que d’autres villes. Aux yeux de Tim, la seule répercussion de la guerre fut le décroissement du nombre de clients. De plus, ses parents lui disaient que ce n’était rien, que ça allait bientôt se terminer, que tout reviendrait comme avant, et autres conneries de ce genre.

Les maladies mentales ont souvent besoin d’un petit coup de pouce pour voir le jour. Durant l’enfance, il met de temps en temps le nez dehors, mais il faut un élément déclencheur qui lui permettra de sortir complètement de sa coquille. Quelques fois, ça arrive tout seul. Du jour au lendemain, on est fou. Ce n’est pas aussi drastique, mais disons que d’un mois à l’autre, ça devient omniprésent. Les sources de certaines maladies comme la schizophrénie sont difficiles à déterminer. Les scientifiques ont longtemps cherché quelque chose de précis, une unique cause. Une hormone, une malformation du cerveau, un problème de neurone, les gènes, … Tout ce temps, ils ont cherché un unique arbre dans une forêt, alors que c’est tous ces arbres ensemble qui la forme. Pourtant, si un de ces arbres disparaît ou s’il n’avait jamais été là, une forêt serait tout de même une forêt. On peut penser à l’hérédité, ou l’environnement familial. De toute façon, ce qui nous intéresse n’est pas réellement le pourquoi ou le comment. Cette chose est là, que vous le voulez ou non.

Un mois plus tard, la guerre fut terminée. Les vainqueurs : Personne. Les perdants : Personne non plus. En fait, si, il y avait un perdant : l’humanité. Les vainqueurs furent les machines.

Vivre de façon nomade, manger que lorsque vous trouvez de la nourriture, ce n’était pas réellement le mode de vie dans lequel Timothy avait vécu. La famille Lewiss fit ses valises, ne prenant que le strict nécessaire et rejoignit un groupe d’amis et d’inconnus au centre de la Californie pour s’y réfugier. Une ancienne usine qui tenait encore debout. Une centaine de personne vivait dans ce refuge improvisé. Ils y vécurent durant trois mois. Ce qui mit fin à cette société de survivant fut les machines.

Probablement une Puce qui les avait trouvés, la nouvelle armée américaine vint avec comme seul but d’éliminer cette menace. La règle pour y survivre était : Chacun pour soi. Durant la nuit, des coups de feu retentirent et ce fut la panique générale. Une centaine de personne fuyait dans tous les sens, piétinant ceux qui avaient le malheur de tomber. Les armes dans ce refuge étaient rares, il n’y eut presque pas de résistance. Skynet apprend vite : il vise ceux qui tirent en premier. L’attaque dura une heure, le temps que les androïdes fouillent tous les recoins, capturant ceux qui croyaient avoir eu la bonne idée de se cacher pour survivre. Les Lewiss furent plus ou moins chanceux : Cachés dans une trappe elle-même cachée sous un escalier, ils attendirent que l’ennemi s’en aille. Le compte n’était pas bon par contre, on devait empêcher Kate de faire du bruit. Ses larmes auraient pu avertir les machines qui ont les sens aiguisés. Tim, lui, demeura plus ou moins silencieux et sans émotion devant la mort de sa mère et de sa sœur Joly.

Deux jours plus tard, affamés, ils sortirent de leur cachette. Le restant de la famille fouilla l’usine à la recherche de vivres. Ils en replissèrent une ou deux valises et quittèrent les lieux trois jours plus tard. La famille Lewiss erra dans les ruines d’un État qui était autrefois Américain.

Deux ans passèrent. Les trois survivants passaient d’un refuge à l’autre, dormant toujours à moitié, une oreille toujours alerte aux moindres bruits métalliques. La famille rejoignit quelques groupes de survivants, certain décimé par la famine ou la déshydratation, d’autre par les machines eux-mêmes. Ils furent chanceux dans leur malheur, survivre à un total de quatre attaques était rare. Ces dans ces groupes qu’ils entendirent qu’il y avait une base au Nord, à Niagara Falls, qui pouvait les protéger. Il n’en fallait pas plus pour que la prochaine destination sur leur horaire fut cette base secrète qu’ils devaient trouver.

Durant un mois de juillet 2023, lorsque Timothy était âgé de 17 ans, une bête fit son apparition. Depuis quelques mois, le jeune homme commençait à parler bizarrement, parfois même seul. Il agissait de façon étrange. Son père vit son fils commencer à plonger dans la folie. Lorsque vous êtes dans un environnement apocalyptique, que les vivres manques, que vous êtes vous ne savez où, que deux membres de votre famille sont morts, lorsque votre fils commence à parler seul et à agir sous les ordres de voix que lui seul entend, l’instinct de survit prend le dessus sur les sentiments : Il faut se débarrasser de Timothy avant qu’il ne se tache les mains du sang de sa famille. Une nuit, alors qu’il dormait dans le sous-sol d’une maison abandonnée, son père et sa sœur aînée quittèrent durant la nuit. Laissant derrière eux que quelques vivres et une lettre, Donald Lewiss dut laisser son fils derrière lui en prenant bien soin de ne pas réveiller sa fille de 25 ans. Comme un loup, il quitta sous la noirceur de la nuit en tentant de se convaincre que c’était le meilleur choix qu’il pouvait faire.

Le lendemain, le jeune fou se leva, seul. Alors qu’il lisait une lettre écrite de la main de son père qui lui disait l’aimer, lui expliquait sa décision, les voix se furent plus insistantes, plus fortes.